• Chapitre 38 •

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— C'est hors de question.

Ma réponse ne semble pas les surprendre. Je pourrais presque dire qu'ils s'y attendaient.

— Nous comprenons que...

— Non ! je le coupe violemment. Vous ne comprenez pas. Vous ne pouvez pas me faire venir ici pour me déballer des bêtises que même un enfant ne pourrait pas croire. Je ne suis pas venue pour jouer. Je cherchais juste des réponses à mes questions.

Je ne peux pas entendre plus de leur part. Je ne suis pas aussi dérangée qu'ils peuvent le penser. Debout, prête à déguerpir d'ici, je me dirige vers la seule porte de sortie si on oublie celle cachée. Mais les mots d'une certaine femme paralysent mes jambes et ma main qui a fini par envelopper la poignée à tête de fauve. Je jette un œil par-dessus mon épaule pour la dévisager.

— Qu'est-ce que vous venez de dire ?

— Vous avez très bien compris.

Secouant de la tête, je fais face à Carol. Elle se moque de moi.

— Non, je n'ai pas compris. Rien n'a de logique dans vos paroles. Felix est un démon... Faites-moi rire.

— Comme je vous l'ai dit à l'instant, nous vous avons donné des réponses mais vous vous efforcez de mentir à vous-même. Felix cache sa véritable nature. Vous avez dû le remarquer. Ses changements d'humeur, cette part obscure qui n'est jamais loin de lui, son comportement contradictoire,...

— Il avait été diagnostiqué pour trouble de la personnalité multiple. Il est normal qu'il soit encore dur pour lui de retrouver une vie normale.

— Vous savez très bien que ce n'est qu'un rôle, qu'une excuse pour dissimuler ce qu'il est vraiment. Ne trouvez-vous pas cela étrange qu'un docteur en psychiatrie aussi douée admette la guérison d'une pathologie incurable ?

Il est vrai que les patients ne sont pas complètement soignés de ce trouble. La psychothérapie est surtout utilisée pour les aider à intégrer leurs différentes identités. Mais le docteur Harris a affirmé que Lee Felix n'avait plus aucun symptôme. Pourquoi mentirait-elle ? À moins que son patient l'ait trompé...

— J'ai besoin de réfléchir. Ça ne veut pas dire que je vais vous aider, je rétorque en voyant le regard brillant du vieux.

— Prenez au moins ce carnet.

Monsieur Mitchell tend un petit livre avec une couverture de cuir, qui est refermé par un lacet. Sa fille l'attrape pour me le remettre en mains propres, non sans me fusiller de ses yeux de glace.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Des années de recherches sur ces créatures, m'explique-t-il.

— Pourquoi me les donner...?

— Si nous ne pouvons pas vous ouvrir les yeux, ce carnet vous aidera à le faire, complète la fausse assistante.

— Une dernière chose, cette conversation n'a pas eu lieu, ajoute l'expert dans un ton très menaçant.

Je ne commente pas le fait que je trouve tout cela toujours aussi absurde. Ignorant son conseil lugubre, je le range dans mon sac puis une femme entre dans la pièce pour m'indiquer la sortie. Au bout de quelques jeux de portes et de couloirs dissimulés, je retrouve l'air froid de la nuit dans l'obscurité d'une autre ruelle. Très vite, j'appelle un taxi et me pose confortablement dans le siège rassurant de la normalité. Cette rencontre a soulevé plus de questions qu'elle ne m'a apporté de réponses. Qui aurait cru que Carol Mitchell est une cinglée d'histoires surnaturelles ? Des démons... Même un fou ne prendrait pas leurs discours au sérieux !

Pourtant, quand la voiture arrive devant les barrières de la propriété, mon cœur ne fait qu'un tour. Le chauffeur me demande si je vais bien au vu de mon hésitation à sortir de l'habitacle. Dans ce manoir, les résidents cachent la présence d'une personne dangereuse. Il a déjà réussi à entrer dans ma chambre par je-ne-sais-quel-moyen. Je devrais retourner dans mon appartement. Il est vrai que je vais perdre plus d'argent avec les allers-retours mais j'ai assez joué les aveugles pour rester ici.

— Monsieur, pourriez-vous... Excusez-moi.

Felix me sonne au téléphone. Je décroche.

J'ai oublié de te demander si tu avais besoin du chauffeur pour rentrer. As-tu besoin que je t'envoie un taxi pour plus tard ? Ou peut-être que je...

— Non, c'est bon. Je suis...

Je suis parfaitement consciente que si je retourne à l'intérieur de cette demeure, ma sécurité pourrait fléchir. Toutefois, je ne peux pas m'empêcher de me demander. Est-ce qu'il réalise le danger de vivre ici ? Quand je lui ai révélé ce qui se tramait entre les quatre murs de ce manoir, il semblait très perturbé. S'il le savait, il n'aurait pas été surpris par la présence de cet homme. Il avait l'air sincère. Même maintenant, Felix prend la peine de me contacter pour savoir si je pourrais rentrer sans encombre. Malgré l'ombre qui l'entoure, je parviens tout de même à distinguer une lueur de bonté en lui. Est-ce vraiment suffisant pour rester auprès de lui ?

Je ferais savoir à Eugene de réchauffer le repas quand tu seras rentrée. Passe une bonne soirée, Erika.

— Pas la peine. Je suis déjà devant la maison.

Oh. Je vois. Alors... Voudrais-tu souper avec moi ? J'ai demandé aux cuisiniers de préparer des hamburgers. On m'a dit que tu aimais bien... ce genre de plats.

Je ne peux pas arrêter le petit sourire qui creuse sur mes lèvres. Je ne devrais pas être contente. À cet instant, le chauffeur aurait dû manœuvrer pour faire marche arrière et s'éloigner de la propriété. Mais je ne peux me résoudre qu'à murmurer ces quelques mots, avant de raccrocher :
— Oui. J'aime les hamburgers.

Après avoir payé le taxi, je décide de me diriger vers ce sordide manoir. Il faut que je sorte mon patient de cet endroit au plus vite. N'importe quelle excuse fera l'affaire mais plus nous resterons ici, plus les choses vont se compliquer. Je sais au plus profond de moi qu'ils ont tort. Felix ne peut pas être un démon. Comment pourrait-il être une créature démoniaque sortie tout droit de l'enfer ? Est-ce que même l'enfer existe ? Tout ce en quoi je crois réduit à néant ? Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Felix et cet homme sont deux personnes distinctes. J'ignore comment je peux le prouver mais il n'est sûrement pas un monstre. Je l'espère... Vraiment.












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Bonsoir !

Je vous l'accorde. Ce chapitre est moins long que le dernier. Mais il fallait que je termine cette entrevue avec les Mitchell. Je me disais qu'il manquerait quelque chose si je l'avais laissé sur cette note de suspense sans explication.

Enfin ! Il semblerait qu'il en faut beaucoup pour influencer les croyances d'une personne que de quelques mots. Malgré tout ce qu'elle a traversé, Erika persiste à croire que Felix n'est pas un démon. Fait-elle fausse route ? Est-ce juste le déni ? Pensez-vous que Felix est innocent dans toute cette histoire ? À vous de le découvrir ! 😁

Petite parenthèse. Je m'excuse si vous recevez des notifications de ma part pour L'ombre de Felix (fin, je ne sais plus trop comment ça marche). Je corrige un peu les quelques fautes que je peux voir dans mes chapitres. Si jamais vous en voyez, n'hésitez pas à me le faire savoir. Personne n'aime lire un chapitre avec des fautes 🥲

J'ai tendance à poster rapidement et oublier quelques détails. Encore désolée !

J'espère que cela vous a plu et que vous continuerez à lire ! Merci de votre attention !

L'ombre de FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant