• Chapitre 28 •

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— Je ne vous ai pas contesté, monsieur Lee, répond simplement le majordome.

Le silence s'abat dans la pièce alors que les phalanges serrées en un poing de mon patient blanchissent à vue d'œil. Ne voulant pas accentuer le malaise présent, je nettoie un semblant de poussière sur les touches noires du clavier. Elles sont absolument propres, mais mes pensées me poussent à imaginer de la saleté là où il n'y en a pas.

— Que voulez-vous ? finit par lâcher le maître des lieux.

— Vous avez un rendez-vous prévu dans une heure.

— Je vous ai dit de repousser mon planning à plus tard.

L'homme, vêtu d'un costume impeccable, racle de la gorge comme pour lui signaler qu'il a tort.

— Les invités en question sont monsieur et madame Lee, précise-t-il en insistant sur le nom de famille. Vous leur avez promis, monsieur.

Immédiatement, le jeune homme jette sa tête en arrière comme si un souvenir dont il voulait éviter à tout prix, venait de surgir dans sa mémoire.

D'un pivotement, il croise mon regard. Il n'est pas ravi du tout mais je vois de la résignation dans ses prunelles sombres. Ensuite, un soupir s'échappe de ses lèvres avant de m'annoncer d'une voix monotone :
— Tu devrais te préparer.

À peine les mots prononcés qu'il s'en va d'un pas lourd. Je lève un sourcil vers le majordome qui me conseille de porter une robe simple et élégante. Il me laisse seule par après. Nous allons donc rencontrer les parents de Felix. Je les ai déjà vu lors de la visite à la clinique mais je ne pensais pas me rendre chez eux avec leur fils.

Bien que l'idée commence à m'angoisser, mes doigts ne peuvent pas s'empêcher de me rappeler la chaleur de sa joue. C'est étrange. Je pensais qu'il serait froid au toucher mais la douceur de sa peau m'a rassurée. Un sentiment agréable m'avait envahi alors qu'il me fixait d'un regard doux. Il n'y avait aucune malice, aucune noirceur. C'était juste Felix. Pourquoi est-ce qu'il serait quelqu'un d'autre ? Avais-je si peur de croiser le chemin de cet homme dans ses yeux ?

Les réponses à mes questions tardent à se former alors que je découvre une femme dans ma chambre. Je reconnais très vite la chevelure de feu de Suzanne.

— Que faites-vous ici ?

Elle lève la tête, une main nettoyant toujours le coin d'une vitre. Son sourire me fait penser que je viens de poser une question bien idiote.

— Je nettoie votre chambre, ma belle. Comme tous les samedis, ajoute-t-elle d'un ton évident.

— Je... je n'avais pas remarqué que vous passiez ici.

Elle me fixe un instant puis retourne dans sa corvée. Mon attention se pose alors sur mon ordinateur allumé. Mon rapport est ouvert. Mince... J'avais oublié que je voulais l'envoyer ce matin.

— Vous êtes là depuis longtemps ? j'ajoute en m'approchant discrètement de mon bureau.

Elle ne daigne pas me regarder, focalisée sur sa tâche. Dieu merci ! Je parviens à refermer mon pc portable sans qu'elle s'en aperçoit. Les rapports que j'écris pour le docteur Harris sont strictement confidentiels. Je doute que Felix serait heureux de savoir qu'un de ses employés sache son état de santé.

— Une bonne demi-heure. Avez-vous besoin de quelque chose ? demande-t-elle, en attrapant mon regard de ses yeux chaleureux.

— Je dois me changer. Je suis invitée chez les Lee.

— Oh, bien sûr ! Je vais vous laisser.

Elle plonge son chiffon dans le seau, l'agrippe d'une main ferme puis m'offre un sourire avant de quitter ma chambre. Cependant, au moment où elle s'apprête à claquer la porte, elle reste plusieurs secondes à m'observer. Ses iris brillent d'une étrange émotion.

— Nous sommes tous conscients que monsieur Lee est très compliqué à suivre. C'est un homme complexe, explique-t-elle alors que je tente de comprendre où elle veut en venir.

Elle m'offre un sourire reconnaissant.

— Merci.

— Pour... pourquoi ?

— On ne dirait pas, mais depuis que vous êtes là, monsieur Lee semble plus ouvert. Je vous laisse. Vous devez choisir une belle robe.

Elle part sans perdre une seconde de son temps. Je suis confuse et à la fois fière pour quelque chose dont je ne parviens pas à saisir. Il est vrai que Felix semble plus sympathique que mes premiers jours. Pourtant, une part d'ombre subsiste autour de lui. Cet homme garde un mystère qui appelle à la curiosité et surtout, au danger. Un panneau rouge clignotant et aussi grand que le Mont Blanc s'affiche à chaque fois que je tente de percer la carapace de ce patient énigmatique.

Ce sentiment est d'autant plus fort lorsque je le vois dans le hall à m'attendre. Il se tient debout près de la porte d'entrée. Il porte une veste parfaitement repassée par-dessus sa chemise noire et son gilet gris. Ses cheveux sont relevés en arrière, découvrant son front et ses sourcils, habituellement cachés par sa frange et par ses lunettes. Il est tout simplement magnifique. Un gigantesque attention s'illumine au-dessus de lui.

Ajustant sa manche, il relève les yeux pour les ancrer dans les miens dans la seconde où mes talons quittent le long tapis du couloir pour rencontrer le marbre blanc cassé. Il me faut un effort surhumain afin d'avancer sans me liquéfier par son regard de braise. Malgré la force de mon instinct, je ne peux plus reculer en arrière. Cet homme a une effrayante attraction. Très hypnotique. Heureusement, sa voix profondément grave me réveille de mon trouble.

— Tu n'étais pas obligée de t'habiller aussi élégamment. Ce ne sont que mes parents.

Toute la tension s'échappe de mes épaules et je remercie Lee Felix d'avoir aussi peu de tact. Mon rire résonne dans le hall alors que son sourcil se redresse, ce qui a le don de me donner envie de me taper le front contre un mur. Il est beaucoup trop séduisant pour ma survie.

— Tu es très charmant, aussi.

Lorsqu'il comprend mes paroles, sa tête tourne vers notre chauffeur qui nous prévient qu'il est prêt. Cependant, je ne suis pas aveugle devant l'embarras qui remonte à ses oreilles. Il me fait signe d'avancer. Mais, quand je le distance de quelques pas, un murmure me parvient derrière moi, bien que presque inaudible.

— Tu es très belle.

Je me contente de sourire puis d'entrer dans la voiture.





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Bonne nuit ! J'espère que vous ferez de beaux rêves.

Il est quarante minutes passées, mais pour ma défense, je pensais l'avoir déjà posté 😭

Ça vous fera un petit chapitre détente au matin, pour ceux qui lisent dans le bus ou dans le train 🫠 (c'est ce que je fais tous les matins)

Enfin, voilà !

Je tiens aussi à vous avertir que je ne préciserais plus les parties sensibles du livre. Parfois, en début de chapitre. Mon livre est désigné comme mature pour cette raison. De plus, je trouve que mes paragraphes et leurs rythmes se cassent avec les avertissements au milieu du chapitre.

Merci de votre compréhension.

Ceci dit ! Je voulais vous amener directement dans l'action, mais je me disais que c'était bien trop rapide. Alors je vous laisse avec ce petit chapitre, plutôt calme... avant la tempête ! Préparez-vous ! Je n'en dis pas plus 😁

J'espère que cela vous a plu et que vous continuerez à lire ! Merci de votre attention !

L'ombre de FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant