• Chapitre 2 •

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Bouche bée, je dépose mes deux valises sur les graviers tout en observant le grand manoir impressionnant de monsieur Lee. Ayant passé les barrières de sécurité, j'imaginais déjà une maison gigantesque mais pas de cette taille. On dirait la résidence de Rihanna à la Barbade. J'ai assez lu de magazines pour comprendre qu'elle a un paquet d'argent pour s'offrir de magnifiques maisons.

Bagages en main, je monte les marches du perron jusqu'à l'immense porte de la demeure. Aucune sonnette à l'entrée, je décide de toquer contre le bois verni. Il faut cinq bonnes minutes pour venir m'ouvrir. Une jeune femme, calepin en main et téléphone à l'oreille, m'accueille brièvement et me fait signe de la suivre à l'intérieur. Ébahie par la beauté des lieux, j'admire le décor du hall d'entrée qui doit bien faire la taille d'une salle de bal comme celle qu'on voit à la télévision. Le sol de marbre semble bien trop onéreux pour marcher dessus sans avoir peur de rayer le verni avec mes talons.

Contrairement à ce que j'espérais, nous continuons notre chemin ignorant les sublimes escaliers menant aux étages du manoir. On entre dans une pièce moins grande mais tout autant incroyable. Il ne me faut que quelques secondes pour comprendre que nous sommes dans un salon. La femme m'abandonne à mon sort en continuant son appel téléphonique près d'une bibliothèque.

Je me laisse la liberté de découvrir chaque parcelle de ce lieu magnifique. Si le docteur Harris m'avait dit plus tôt que son patient vivait la belle vie, j'aurais demandé depuis longtemps de m'affecter à ce poste. C'est incroyable comme c'est beau ! Je suis en extase sur chaque objet de la maison. Même le vase posé sur une étagère m'a l'air trop interdit pour oser le toucher. Je n'imagine pas la somme de ce bien qui doit certainement coûter une fortune.

     — Mademoiselle Collins, monsieur Lee arrive ce soir, me déclare la femme au calepin. Pour le moment, veuillez me suivre.

Elle s'engage déjà dans une allée alors que je peine à prendre mes deux valises. D'une démarche assurée et rapide, elle traverse plusieurs couloirs interminables ne cherchant pas à savoir si j'arrive à la suivre. Tout en marchant, elle m'explique :

     — Je suis Carol Mitchell, l'assistante de monsieur Lee. En cas de problème, il faudra me contacter. Je vous laisserai un téléphone spécifique pour s'échanger. Monsieur Lee déteste par-dessus tout que sa vie soit exhibée en dehors de ces murs. Alors aucune information personnelle de monsieur Lee ne sortira d'ici sans son consentement. Est-ce clair ?

     — Oui. Bien entendu...

Elle ne me laisse pas terminer qu'elle aborde déjà le sujet des horaires du déjeuner et des repas. Quelle politesse adorable ! Je ne devrais pas être étonnée. Au vu de son accueil, elle semble être une femme qui ne perd pas de temps à des futilités. Heureusement, elle s'arrête dans ses explications lorsque nous sommes devant une porte.

     — Voici votre chambre. La salle de bain est adjacente à votre pièce. S'il vous faut quelque chose, appuyer sur le bouton près de l'interrupteur. Je vous laisse vous installer, mademoiselle Collins. On viendra vous chercher pour le dîner.

Sans attendre un mot de ma part, elle me tourne le dos et s'en va dans une allée. Je vous remercie pour votre patience... Oubliant cette femme fermée, j'entre dans ma nouvelle résidence de quelques mois. Comme dans le hall, mes yeux pétillent face à la beauté des lieux. La taille de la pièce est comparable à mon appartement en ville. Le mobilier est splendide et raffiné. La chambre est ouverte sur une terrasse privative par des baies vitrées longeant deux murs côte à côte.

La première chose que je fais est de sauter sur le grand lit placé contre une façade en pierre. Qu'est-ce que c'est confortable ! J'ai juste envie de dormir directement tant la literie est douillette. Bon sang ! Que c'est trop bien ! Un sourire aux lèvres, je me tourne dans tous les sens profitant de la douceur des tissus.

Bon. Je ne dois pas abuser du luxe présent. Un travail m'attend et il vaut mieux que je range au plus vite mes affaires dans les armoires. Ce soir, je dîne avec mon patient et une tenue s'impose. Cela doit être chaleureux mais tout autant sérieux. Je ne veux pas recevoir de remarque négative de la part du docteur Harris après mes heures terminées. Être plus amicale avec le patient m'aidera à m'intégrer à sa vie que de me comporter comme une thérapeute froide et intrusive.

Quand tout semble parfait, je décide de relire une dernière fois son dossier médical. Trouble de la personnalité multiple. Ah. C'est complexe. Selon mes connaissances, je ne pourrai pas traiter un tel patient. Mais de ce que j'ai vécu durant ces mois à la clinique, ce n'est pas très compliqué de comprendre lorsqu'une personne semble avoir différentes personnalités distinctes. Il faut juste savoir comment les distinguer.

Mais si j'en crois les dires du docteur Harris, il semble ne plus avoir de symptômes concernant son trouble. C'est assez surprenant car de ce que je sais, c'est incurable. Alors soit un miracle a eu lieu ou soit il cache bien son jeu. Enfin, bref. Je range le classeur dans un tiroir.

Attendant ce mystérieux monsieur Lee, je sors sur la terrasse profitant du soleil qui va bientôt se coucher dans quelques heures. Deux fauteuils confortables sont tournés vers la petite forêt qui entoure la résidence. Je m'installe aisément ramenant mes jambes sous moi. La chaleur de l'étoile jaune irradie mon corps. Les yeux fermés, je me sens telle une célébrité qui profite de ses belles soirées chaleureuses.

     — Mademoiselle Collins ? Mademoiselle Collins ?

Le corps tendu, j'ouvre mes paupières sur un vieil homme m'observant tout droit. Je fronce des sourcils et remarque que la nuit est tombée. J'ai dû m'assoupir. Il me prévient que le dîner est prêt. Je le remercie le laissant s'en aller le temps que je puisse me vêtir. Optant pour un simple jean et une blouse, j'arrange quelques mèches rebelles les poussant derrière mes oreilles. Bon, et si on allait rencontrer ce fameux Lee.

L'ombre de FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant