• Chapitre 10 •

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Ce chapitre contient un passage qui peut être sensible à certains lecteurs. N'hésitez surtout pas à le passer, si vous en ressentez le besoin.

Faute d'un cauchemar, je me réveille subitement. Bon sang ! J'ai encore rêvé de ça... Essayant de reprendre une respiration normale, mon cœur s'emballe d'un coup en apercevant une ombre dans le coin de ma chambre. La pièce est plongée dans les ténèbres pour distinguer un quelconque visage.

Il s'avance d'une lenteur insoutenable vers mon lit. La gorge nouée, je n'arrive pas à prononcer un son. Impossible de crier comme si je faisais face à un monstre. Il monte sur la couverture approchant son visage du mien et, malgré la noirceur de la chambre, je parviens à reconnaître les traits du patient. Des yeux aussi sombres que la nuit me fixent tandis qu'un sourire narquois borde ses lèvres.

— Felix... que... que fais-tu ici ?

Il ne répond pas, se contentant de poser ses mains sur mes épaules. Il me pousse à me recoucher. Un terrible pressentiment m'assaille. Et quand sa bouche déguste la peau de mon cou, je frissonne violemment. Effrayée, je ferme les yeux. Je ne peux pas le laisser faire. Je ne suis pas son jouet !

Ne trouvant aucune autre solution, j'attrape la lampe de la table de chevet et je le lui frappe à la tête. Un grognement sourd s'échappe depuis le tréfonds de sa gorge. Je ne sens plus de corps lourds sur moi. J'ouvre les paupières pour constater qu'il n'est plus là.

Immédiatement, j'allume la lumière et vérifie le verrou de ma porte. Je ne comprends pas... Elle est toujours fermée à clé. Comment est-il entré et ressorti alors ? Je jette un œil aux baies vitrées qui sont aussi intactes. Perdue plus que jamais, je m'assois lourdement sur mon lit. Aaah ! Que vient-il de se passer ? Est-ce un rêve éveillé ou était-il vraiment là ? Mais ce n'est pas possible. Il n'y a aucun moyen pour qu'il soit dans ma chambre. Je ne comprends pas !

J'ouvre le verrou et passe la tête dans la chambranle. Le couloir est vide et obscur. Aucun bruit ne me parvient. Je referme de suite au frisson de peur qui traverse ma colonne vertébrale.

Okay... Essayons de rationaliser. J'ai rêvé ? Est-ce que mes angoisses me donnent des cauchemars maintenant ? Mais je ne dors plus là. Je suis parfaitement éveillée. Pour être sûr, je me pince le bras. Seule une grimace répond à ma question. J'ai envie de pleurer... Oh mon Dieu... Pourquoi est-ce que cela doit-il arriver à moi ?

Il est quatre heures. Dans deux bonnes heures, les domestiques seront de fonction. Il ne faut pas que je sois seule, c'est ça ? Si je ne reste pas avec Lee Felix, je dois trouver un moyen de rester avec les domestiques sans qu'ils ne se posent de questions. Je doute qu'ils me laisseront les regarder faire leurs tâches tout le long de la journée. Mais maintenant, j'ai besoin d'une bonne douche. J'ai transpiré et la sueur a trempé mon pyjama.

Au moment où le soleil s'est déversé dans ma chambre, je suis sortie de la pièce à la recherche du personnel. Aujourd'hui, Felix travaille dans son bureau. La plupart du temps, il reste à la maison pour travailler et sort seulement quand il doit rencontrer ses employés.

     — Oh ! Bonjour ! je m'écrie en voyant une femme dépoussiérer une statue.

Elle me dévisage de son regard méfiant puis me demande ce qu'elle peut faire pour moi. Alors je lui propose mon aide.

     — Pardon ?

     — Est-ce que vous avez besoin d'aide ? Je peux tout faire !

     — Vous... vous voulez m'aider... à faire le ménage ?

Son ton incrédule est un peu vexant. Mais j'aurai réagi pareil si quelqu'un venait me le suggérer alors que cette personne peut prélasser tranquillement.

     — Oui !

     — Euh... je ne suis pas sûr. Le patron...

     — Ne vous inquiétez pas. Je m'arrangerai avec lui !

Ne voyant pas d'autres alternatives, elle finit par accepter et je saute de joie intérieurement. Nous commençons rapidement par nous débarrasser de la poussière. Mais je lui avertis déjà que je ne préfère pas m'occuper des statues ou autres objets de valeur. Heureusement, la porcelaine que j'ai cassée n'était qu'une petite babiole que Felix avait achetée lors d'un voyage à l'étranger.

Bien que nous sommes deux, le travail n'en reste pas moins long. Heureusement, nous terminons le rez-de-chaussée à la fin de la matinée. Nous entamons l'étage supérieur. Il reste plus qu'une pièce qu'elle doit s'occuper et puis, nous pourrons dîner.

Mais je me rends compte que la fameuse pièce est celle du piano. Je reste figée devant la porte à me ressasser la scène. Je ressens encore sa main s'agripper à ma mâchoire et à mon bras. La dénommée Suzanne me fait signe. Elle allume les lumières mais cela ne m'aide pas pour autant.

     — Madame Collins ?

Je me ressaisis. Ce n'est qu'une pièce... J'entre de nouveau à l'intérieur et observe les lieux comme si c'était la première fois que je voyais cet endroit. Seul un piano à queue meuble le vide. Les fenêtres sont fermées par de lourds rideaux noirs. Suzanne s'affaire à dépoussiérer l'instrument musical. Le temps qu'elle termine, elle me demande d'ouvrir afin d'aérer.

     — Pourquoi les rideaux sont fermés ? je demande par curiosité.

     — Le propriétaire préfère les garder fermer.

     — Est-ce qu'il joue du piano ?

     — Non, pas vraiment. Il avait un ami qui venait souvent y jouer.

Elle parle au passé. Cela veut dire qu'il ne vient plus. Je me demande quelle était sa relation avec lui pour garder un piano dans une salle obscure.

Lorsque Suzanne a terminé, elle m'intime d'aller me laver pour aller dîner. Je me suis déjà nettoyée ce matin mais je suis son conseil sans rechigner. Manger avec de la sueur sur la peau est loin d'être agréable. Étant donné que je suis l'invité, je suis dans l'obligeance de dîner avec monsieur Lee.

Si je l'évite même à l'heure du repas, il va se poser des questions et je ne pourrai pas non plus faire mes rapports au docteur Harris. Je dois rester sérieuse dans mon travail. Il faut juste que je sois patiente le temps que mon remplaçant arrive et que je parte de ce manoir plus que glauque.

Dans la salle à manger, il est étonnement présent. Il a l'habitude de venir après que je sois arrivée. Sans poser de questions, je m'assois et commence à entamer mon repas. Mais je manque de m'étouffer avec mon pain lorsque ses mots sortent :
     — Nous devons parler.



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Je tiens à rappeler que cette histoire est assez sombre. Afin de m'assurer que cela ne heurte la sensibilité de personne, je tiens à ce que vous faites attention à mes notes.

Erika a sa manière de s'occuper. Aider une domestique. Personnellement, si je ne devais pas rester seule, je sortirais dehors et je passerais ma journée à lire dans le jardin. Bon, après, ça m'empêcherait de travailler 😅

Il semblerait que Felix ait besoin de parler à Erika. Je spoil trop facilement avec mes mots. Chaque mot peut être un indice. Donc, la suite, au prochaine épisode 🤫

J'espère que cela vous a plu et que vous continuerez à lire ! Merci de votre attention !

L'ombre de FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant