• Chapitre 45 •

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Malheureusement, toute belle chose a une fin. La Tour Eiffel s'est éteinte dans les alentours de minuit moins le quart. Je suis restée quelques minutes de plus pour écouter le chanteur de rue avec les autres touristes. J'aurais pu rester des heures encore sous la nuit étoilée de Paris. Mais Felix refusait de s'en aller. Ça aurait été égoïste de ma part de l'empêcher de se reposer. Cependant, j'avais oublié que nous partagions la suite. Maintenant que nous sommes dans l'ascenseur, je compte les étages qui nous restent. Mon cœur bat la chamade. Je ne devrais pas réagir ainsi. Je ne suis même pas amoureuse de lui. Alors pourquoi est-ce que mes mains sont moites tandis que la lumière se déplace de chiffre en chiffre ?

— C'était amusant, je lâche dans l'espoir de faire tomber la pression sur mes épaules.

— Je suis content que ça t'a plu, répond-il, nonchalamment.

Je me peins un sourire de façade pour cacher l'angoisse qui me prend. La journée a été si incroyable que je n'ai pas réfléchi longuement à l'absurdité de mes mots devant le guichet. Partager la suite ne devrait pas être compliqué pour deux adultes responsables... Qu'est-ce qui m'a pris de dire que tout irait bien ? N'importe qui avec un peu de bon sens saurait que passer la nuit avec un homme aussi magnifique que lui, peut être stressant ! De toute manière, je dormirais ailleurs. Même le sol me suffirait !

— Merci pour ce voyage, j'ajoute d'un ton hésitant.

Il croise mes yeux et m'offre un simple sourire. Quelle cruche ! Je suis la seule à m'inquiéter pour cette nuit alors qu'il doit juste penser à dormir. Arrêtons de s'exciter... Lorsque nous entrons dans les lieux, je me permets d'admirer la beauté des pièces. J'ai l'impression d'être retourné dans une époque lointaine même s'il y a quelques mobiliers modernes. Un tableau me tape à l'œil. Il s'agit d'une scène mythologique : trois femmes, l'une d'elles ayant un tambour en main, dansent sous les notes d'un jeune garçon jouant de la lyre. Je ne saurais dire de quel passage cela concerne. Il y a tellement d'histoires.

Il me faut un courage immense pour oser poser mon postérieur sur un canapé en cuivre crème. Et dire que je vais dormir dans cet endroit magnifique ! Dans un moment de nostalgie, je regarde dans ma galerie de photos. J'ai pris cent, voire quatre cents clichés durant mes visites. Certaines sont prises de loin, avec moi dessus. J'ai dû demander à des passants de me prendre en photo. Ils étaient super gentils. J'avais entendu dire que les Parisiens sont très froids, grossiers et mal élevés mais j'en ai rarement rencontré qui embrassent ce profil. Les stéréotypes peuvent parfois exagérer.

— Tu m'entends ?

Mes souvenirs s'estompent alors que Felix me fait signe de la main.

— Je te demandais depuis tout à l'heure si tu voulais utiliser la salle d'eau en premier.

Il me fixe avec une telle innocence que je m'en veux de penser à autre chose. Avec les lumières tamisées du salon, mes pensées divaguent un peu trop. L'ambiance est étrangement intime.

— Euh... J'aimerais d'abord aller manger un truc dans le restaurant de l'hôtel !

Je ne lui laisse pas le temps de piper un mot. Comme un éclair, je me précipite dans le couloir, là où il ne pourra pas troubler ma raison. À vrai dire, je fuis un peu le moment où nous nous retrouverons seuls pour la nuit. Mais je ne suis pas quelqu'un qui réfléchit très vite sous la pression. Je me rends compte que j'ai oublié ma carte de crédit quand mes pieds s'arrêtent devant l'ascenseur avec un scanner fixé au mur. Bon sang... j'ai pensé à prendre le pass de l'hôtel mais pas mon portefeuille. Avec cette journée incroyable, je ne fais pas vraiment attention à mes affaires alors que je suis consciente que les pickpockets existent partout. Très intelligent, Erika ! Dans un pas lent, je rebrousse chemin.

Quand j'entre par la porte d'entrée, Felix n'est pas là. Je cherche mon sac. Je suis sûre de l'avoir laissé sur la table. J'avais hésité à le déposer là, de peur de rayer la vitre avec les breloques accrochées à la lanière. Où peut-il être ? Il y a une cuisine mais aucun sac. La seule porte qui reste, doit être la chambre. J'entre avec précaution dans la pièce vide. Il doit être sous la douche... Ah ! Il est là, ce chenapan ! Je me précipite d'aller le chercher mais mes pieds se figent dans la moquette alors que Felix enlève son t-shirt sous mes yeux. Je devrais tourner la tête. Toute personne respectueuse devrait le faire. Cependant, je reste figée sur le tatouage qui prend place dans le dos de mon patient. À l'encre noire, des lignes et des courbes s'entremêlent, formant presque des lettres dans cette symphonie violente de traits, complétés par deux points distinctifs.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Je sursaute alors qu'il vient de se retourner. Mon cœur rate un battement tandis que le tracé de ses muscles abdominaux se dessine jusqu'à son nombril. Rouge d'embarras, je rougis sous le feu de mes joues et je détourne le regard. Est-ce que je suis devenue folle ? Pourquoi est-ce que je l'ai... lorgné ? La honte...

— J'ai oublié ma carte de... crédit.

Il dévie son attention sur mon sac, posé sur la table de nuit.

— J'avais ramené tes affaires dans la chambre, explique-t-il en se dirigeant vers l'objet de mes recherches.

Il l'attrape. Je me retiens de penser en voyant le galbe de son biceps bouger. Ensuite, il s'avance vers moi dans le plus grand des calmes comme s'il n'était pas torse-nu face à moi, puis il me tend mon sac. Je me fais violence pour ne pas quitter ses yeux qui m'observent sans une once d'émotions. Suis-je aussi immature pour réagir ainsi ? Bon sang... Je ressemble à une ado pré-pubère. Je l'attrape très vite et je me précipite pour partir et fermer la porte de la chambre. Comme épuisée par cet échange, je m'adosse contre la surface en bois de cette dernière et reprends mon souffle. Plissant très fort les paupières, je m'efforce de retrouver ma raison puis je respire un bon coup. Ce n'est pas un homme comme lui qui va me rendre dingue ! Je suis une assistante bénévole en psychiatrie et lui, mon patient. Rien de plus, rien de moins.






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Bonsoir ou bonjour !

J'espère que vous allez bien. Je profite de mes vacances, malgré mes allergies. Mais c'est mieux que rien ! Je poste plus tard que d'habitude. Pour ma défense, le dessin animé m'a trop pris l'attention. (Je suis du genre à peaufiner mon travail avec la télé allumée 😅)

Il est facile d'assumer une chose, mais il est difficile de lui faire face. Erika se rend compte que partager une suite avec Felix, n'est pas aussi facile qu'elle prétendait. On croit en toi, Erika ! Ce n'est pas comme si ça changeait de dormir dans un manoir ou dans une suite. Enfin, presque... 😂

J'espère que cela vous a plu et que vous continuerez à lire ! Merci de votre attention !

L'ombre de FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant