• Chapitre 34 •

65 11 22
                                    


— Felix, tu n'as pas osé quand même !? Me fermer la porte au nez comme un adolescent pré pubère ! Ouvre-moi cette porte !

Malgré toutes mes plaintes, il ne daigne pas m'adresser une seule fois la parole. C'est comme si je parlais à un mur... En réalité, je parle littéralement au bois de la porte. Énervée, je décide de retourner dans ma chambre. Je vais compléter mon rapport. Au moins, j'aurais réglé un paramètre à tous mes problèmes. Cependant, un imprévu surgit dans le hall d'entrée. Il me fait un signe de la main, souligné d'un sourire séduisant.

— Si vous cherchez Felix, il...

— Non, je suis venue pour toi.

À cet instant, déglutir est la chose la plus difficile à faire alors qu'il s'approche lentement de moi d'un pas nonchalant. Perplexe, je ne sais pas sur quelle jambe me tenir.

— Tu n'es donc pas la copine de Felix.

Mes yeux manquent de sortir de leurs orbites. Il s'arrête à exactement deux pas de ma personne. Monsieur, il s'agirait de me laisser un peu d'espace personnel...

— Tu devrais quitter le manoir.

Je comprends où il veut en venir quand la colère semble envahir ses iris sombres. Après ce qu'a dit Felix chez les Lee, je suis devenue celle qui se mêle de la vie de son ami.

— Je ne peux pas. C'est mon travail.

Ses sourcils se froncent. Toute la sympathie qui incarnait cet homme disparaît en une seconde. J'ai l'impression de m'enfoncer encore plus alors que je ne veux aucun mal envers mon patient.

— Felix n'a pas besoin d'une baby-sitter. Il a seulement besoin de ses amis.

Honnêtement, c'est blessant d'être considéré comme telle. Toutefois, je serais moi aussi en colère si j'apprenais qu'un proche ami est sous la surveillance d'une personne qui pourrait l'enfermer à tout moment dans un asile. Mais je ne suis pas ici pour nuire à Felix. Mon seul but est de veiller à sa santé mentale. Rien de plus.

— Je sais que ce que je dirai ne changera pas ta vision, mais je ne suis pas venue gérer un enfant. Son bien-être est tout ce qui compte pour moi.

Il me dévisage comme si je n'étais qu'une piètre menteuse. Ensuite, ses lèvres s'approchent de mon oreille. Je dois rassembler un effort surhumain pour ne pas tressaillir.

— Sache que si Felix a des problèmes par ta faute, je ne resterais pas les bras croisés.

Il termine par me contourner afin de monter au premier étage, là où se trouve le bureau de son ami.

— Erika, y a-t-il quelque chose qui vous inquiète ?

Suzanne me regarde avec douceur. Je réalise que cela fait cinq bonnes minutes que je suis bétonnée au marbre. Je réponds vaguement à la domestique puis je prétexte être fatiguée. Elle me conseille de retourner dans ma chambre.

Après avoir terminé mon rapport et l'avoir envoyé, je m'allonge sur le lit. Le tableau de Sam est toujours accroché au-dessus de la commode. Plus je le fixe, plus il devient encore plus magnifique. Chaque coup de pinceau recèle une poésie réfléchie qui ne cesse pas de m'intriguer à chaque fois que je le regarde.

Soudainement, mon cœur sursaute au son d'un bruit énorme retentissant dans le couloir. Mon instinct de survie me dicterait de rester dans la chambre, en sécurité, alors que le soleil s'est déjà couché. Sauf que la plupart des humains sont dotés d'une curiosité dangereuse, ce qui est mon cas.

Je passe ma tête dans l'embrasure, jetant un œil dans le hall. Il fait noir. Pourquoi à chaque fois les lumières sont toutes éteintes ? La dernière fois que j'ai osé aller contre ma peur, j'ai rencontré quelqu'un d'indésirable. Écoutant ma raison, je referme la porte. J'en ai assez de jouer avec le risque.

Pourtant, j'arrive à lâcher un cri lorsque quelqu'un toque soudainement.

— Oh, Suzanne, ce n'est que toi...

— Ma belle, le souper n'aura pas lieu ce soir. Voudriez-vous que je vous apporte quelque chose à manger ?

— Je pensais que Felix m'enverrait un plateau.

Elle semble agitée. Ses yeux sont fuyards. Elle est vague dans ses propos, supposant qu'il n'a pas eu le temps d'avertir le majordome. Au même instant, un bruit de fracas résonne au fond du couloir. Qu'est-ce qu'il se passe ? Intriguée, mes pieds avancent tout seuls jusqu'à ce que Suzanne attrape mon avant-bras.

— Madame Collins, il faudrait mieux que vous restiez dans votre chambre.

— Qu'y a-t-il, Suzanne ?

Sa bouche s'entrouvre mais aucun son n'en sort. Elle me cache quelque chose. Quand un autre bruit revient de nouveau, je ne peux pas m'empêcher de suivre les sons qui se répètent de plus en plus comme si une confrontation se déroulait. Suzanne a beau me dissuader d'y aller, mes jambes ne s'arrêtent plus jusqu'à ce que je me paralyse devant les escaliers.

Je pousse un cri. Un corps vient d'être valsé à l'autre bout du hall pour atterrir violemment contre la porte d'entrée. Oh mon Dieu... Il s'agit de Christopher. Il ne bouge plus. Il est... Il est mort ? Je n'ai pas le temps de vérifier son état qu'une main s'agrippe à mon poignet. Suzanne me tire. La panique vibre dans tout son corps. Elle me supplie de la suivre.

— Attends ! Chr-Chris...

— Il faut se cacher, madame Collins. Dépêchez-vous !

Mon regard ne se détache pas du corps inerte du jeune homme. Comment est-ce possible ? Qu'est-ce qui l'a envoyé d'une telle force ? Nous devons appeler l'ambulance ! Pourquoi devons-nous nous cacher ? Alors que je tente de me retirer de la prise de cette vieille femme qui a une poigne de fer, mes poils se hérissent.

— Chri...iss... Chris, Chris.

Mon cœur commence à perdre le rythme régulier de ses battements. C'est la voix de Felix mais ce n'est pas lui. Je reconnais ce timbre joueur et prétentieux. Mon sang ne fait qu'un tour quand j'entends ses pas si familièrement lourds s'abattre un à un sur chaque marche d'escalier.

— Quand vas-tu arrêter d'importuner Felix avec ta morale à deux balles et ton autorité de père protecteur ? Tu es... ennuyant.

Immobile, je suis à la fois impatiente de voir sa silhouette apparaître et à la fois terriblement terrifiée de comprendre qu'il est réel. Heureusement, le regard de Suzanne réveille mon instinct de survie. En silence, nous nous dirigeons vers les cuisines.

— Pensais-tu que je t'avais oublié, Erika ?

Sans tarder, la domestique me chuchote de courir dans un cri étouffé. Je ne me fais pas prier pour l'écouter et je fonce aussi vite que Suzanne peut me suivre. Nous nous embarquons dans des dizaines de couloirs avant que je ne sois poussée dans une pièce.

— Cachez-vous et attendez que je revienne avant d'ouvrir la porte !

— Mais, et vous ?

— Ne vous inquiétez pas. Plus un bruit.

Je plaque une main contre ma bouche au moment où mon prénom résonne non loin de notre cachette. Suzanne m'enferme puis je l'entends partir en courant. Quelques secondes après, je vois une ombre passer sous la porte. Je retiens mon souffle jusqu'à ce que la menace disparaisse.

J'ai parlé trop vite. La porte s'ouvre subitement. Oh mon Dieu...







#







Bonsoir !

J'espère que vous allez bien !

J'ai cru que je ne terminerais jamais ce chapitre. Réglez les derniers petits détails alors qu'une fièvre vient tout juste de me frapper en plein visage, est plutôt compliqué et épuisant. Mais j'ai enfin terminé ! (Applaudissement!) (Je rigole 😂)

Chris est très protecteur envers Felix mais il semblerait que cela a énervé une certaine personne. Qui est-ce ? Et pourquoi en veut-il à Erika ? L'histoire commence peu à peu à prendre un autre tournant. Hâte de voir où tout cela va mener 🫢

J'espère que cela vous a plu et que vous continuerez à lire ! Merci de votre attention !

L'ombre de FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant