• Chapitre 54 •

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Mes doigts serrés sur les lanières de mon sac à main, j'observe l'homme du guichet vérifier mes coordonnées comme si ma carte d'identité n'était pas à côté de sa feuille de documents. Mes yeux ne cessent pas de faire des allers-retours entre le travailleur sénile et les passagers qui entrent ou sortent. Mon train doit arriver dans vingt minutes. Le prochain ne passera que dans trois heures et je n'ai pas envie de passer un seul instant dans cet appartement où je me sens vraiment plus en sécurité. Je tente d'engager la conversation pour demander si ce sera bientôt terminé. Subitement, il tousse à s'en cracher les poumons, noyant mes faibles propos.

Avec une patience frugale, je compte les prospectus publicitaires de la gare dédiés aux jeunes étudiants. Une petite dizaine... Ils ont droit à une réduction s'ils font leur étude à proximité de la ville. Quand j'étais petite, je prenais toute la pile pour avoir des remises sur les parcs d'attractions. Je ne les ai jamais utilisés. Malgré mes souvenirs, ça n'aide pas à distraire mes pensées. Je ressasse encore la conversation que j'ai eue avec Sam. Je n'avais pas réussi à lui expliquer pourquoi j'étais dans un tel état. Pour cette raison, il ne voulait pas me quitter ainsi.

      — Erika, je–

      — Pas aujourd'hui, Sam... s'il te plaît.

      — Ce n'était pas le sujet que je voulais aborder. Ce que je veux dire... Est-ce que tu as des problèmes ?

Je l'avais fixé sans savoir que répondre. Il est déconcertant. C'est comme s'il savait tout ce que j'avais en tête. Avec ce que j'ai vu... Il doit connaître les secrets profonds de mon âme. Enfin, qu'est-ce que je raconte ? Comment pourrait-il ? Comment serait-il possible qu'il ait vu la même chose que moi ? Puis-je lui faire confiance ? Effectivement, je lui ai passé mon adresse... J'étais paniquée. Qu'est-ce que je pouvais faire dans cette situation alors qu'un malade n'arrêtait pas de frapper à ma porte ? J'ai cru mourir intérieurement quand la poignée s'est affaissée. Avant de partir à la gare, j'ai appelé un serrurier. Il l'a changé pendant que je regardais les horaires de trains dans mon téléphone.

De toute manière, je ne voulais pas le confronter.

      — Il faut que je parte, j'ai fini par lui dire. Je répondrais à toutes tes questions quand je reviendrais. Mais là, j'ai besoin de respirer.

Il avait saisi le message. J'avais eu l'impression de le traiter comme un étranger bien qu'il ne soit pas non plus un ami à mes yeux. Il m'avait offert un tableau mais... Sommes-nous des amis ? Je l'ignore. Néanmoins, l'expression de son visage dénotait une réelle envie de m'aider. Avais-je été trop dur ? Non... J'étais en droit de paniquer après tout ce que j'avais vécu durant cette soirée.

      — Votre ticket, madame.

Je retrouve le fil du présent avec l'homme moustachu. Il me tend un petit carton que j'agrippe rapidement avant de filer à toute vitesse. Il me reste encore quinze minutes mais le temps que je trouve le quai en question, les minutes se seront écoulées. Sans perdre une seconde de plus, je fonce entre les voyageurs : ceux qui reviennent d'une escapade, de chez leur famille ou ceux qui partent rejoindre un autre bout du pays. J'aimerais avoir le simple souci de rater mon train ou même penser avoir oublié mon jean fétiche alors que le départ est imminent. Comment était ma vie il y a encore quelques mois ? Plutôt monotone, mais sans surprise difficile à ingérer.

Comme si je n'étais pas pressée, mon sac valse tout d'un coup. Toutes mes affaires se renversent à terre dont certaines glissent à quelques mètres. Je m'agenouille à terre, rouspétant que j'aurais dû faire attention. Celui qui a été victime de mon inattention m'aide à ramasser. Je le remercie et m'excuse par la suite pour avoir été aussi irrespectueuse.

      — Il semblerait que ce soit dans votre trait de caractère.

Surprise par cette voix reconnaissable, je pose mes yeux sur cet homme au sourire empreint de malice. Le pianiste de Paris ! Il nettoie l'écran de mon téléphone avec un mouchoir en tissu puis me le donne en main propre.

      — Euh... Que-que faites-vous ici ?

Il rit, me laissant le loisir de contempler sa délicate fossette. Qu'est-ce que je raconte...? Reprends-toi, Erika.

      — Ce serait à moi de vous le demander. Je vous avais offert une place à mon concert et quelle triste surprise de ne pas vous y avoir vu.

Je rougis, prise sur le fait. Le voir jouer du piano avec sa voix divine aurait été incroyable. Malheureusement, certaines circonstances ont fait que je l'ai complètement oublié des choses que je souhaitais faire durant ce voyage féerique et sensé reposant.

      — Je suis désolée. Une urgence m'a fait rentrer chez moi plus tôt que prévu...

Il me songe de ses yeux sombres. Son air taquin ressurgit très vite par un sourire espiègle. Une pensée traverse mon esprit mais je le chasse rapidement. Pas maintenant.

      — Ça ne fait rien. Je compte faire une prestation avant de partir d'ici. J'espère que vous viendrez cette fois. Au moins, pour me dire bonjour, ajoute-t-il dans un murmure en me transmettant une petite affiche publicitaire.

      — Je vous promets d'être là !

      — J'y compte bien, répond-il dans un rire. Bon, je ne vous retiens plus.

Il acquiesce de la tête en signe de salutation puis m'offre son dos. Je rougis lorsqu'il jette un œil par-dessus son épaule. Je n'ai aucune excuse d'être restée à le regarder. Ses yeux se plissent puis il envoie par delà la foule :
      — N'oubliez pas d'apporter un hibiscus. Blanc, de préférence.

Puis il quitte mon champ de vision lorsqu'une horde de touristes passe devant moi. Je suis perplexe par ses derniers mots mais mon attention rattrape le bruit de l'horloge qui vient de sonner midi. Mon train va arriver ! Je cours aussi vite que possible et je parviens à monter avant que les portes ne se referment derrière moi. En pliant l'affiche publicitaire, mon regard cherche dans la direction où est parti le pianiste. Un hibiscus blanc... Cet homme est amusant.











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Bonsoir ou bonjour !

Honnêtement, j'ai cru ne jamais terminer ce chapitre avec cette semaine dernière très chargée en travaux pratiques et en travaux de groupe. C'est pas facile 🤧 Mais me voilà !!!

Il est vrai qu'il est tard. Un détail avait remis en question le fil de mon intrigue et ma réflexion a duré plus de cinq minutes 😅

Enfin, voilà ! Est-ce que vous aimez les fleurs ? J'aime beaucoup les roses, même si elles sont éphémères 🥀 J'en ai une coincée entre les pages de mon livre depuis sept ans et elle sent toujours son parfum !

Il ne se passe pas beaucoup de choses ici. Mais chaque chose en son temps 😁

J'espère que cela vous a plu et que vous continuerez à lire ! Merci de votre attention !

L'ombre de FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant