Un village trop tranquille

CHAPITRE 1: Coup de théâtre (Sandra et ses amis)

Lundi. La reprise des cours. Autrement dit le pire jour de la semaine. Il faut recommencer à se lever tôt, à être sociable et bosser encore et encore, surtout que c'est l'année du bac donc l'enjeu est de taille.

Je suis plutôt une bonne élève, je travaille dans mon coin sans embêter personne, je me dis que peut-être en bossant correctement, j'aurais plus de chances de m'évader dici, j'aurais davantage de perspectives d'avenir, ayant conscience de cette opportunité, je suis donc sérieuse et investie dans chaque projet que j'entreprends.

Je sors de ma couette et de mon « mode hibernation » pour enfin me préparer lentement et lassement, les mêmes choses, les mêmes gestes : l'eau chaude coulant sur ma peau, ce froid glacial qui me traverse l'échine, l'odeur du café venant de la cuisine ou encore vérifier mon sac de cours pour être sûre que je n'ai rien oublié. Ma routine. Le matin, je ne prends pas énormément de temps à me préparer, je ne suis pas ce genre de fille qui passe 2 heures dans la salle de bain pour simplement s'appliquer du mascara, pathétique. Je préfère gagner en heure de sommeil et rester sous les draps, bien au chaud. Je ne mets pas non plus 2 heures à choisir mes vêtements, je suis efficace et rapide. En quelques sortes, on peut dire que je suis un peu un garçon manqué sur les bords, c'est vrai. Mais c'est moi, je suis comme ça, la mode et tout ce qui sen suit, ce n'est pas pour moi. Je passe mon chemin. Alors j'enfile un gros pull kaki à col roulé (mon favori) avec un jean bleu et enfin des bottines noires pour avoir bien chaud aux pieds parce que je sais pertinemment qu'il ne fera pas 35 degrés quoi qu'il arrive.

Je descends à la cuisine en me faisant une queue de cheval, mon père est déjà parti au travail, c'est un artisan du village qui travaille d'arrache-pied tandis que ma mère est employée à la mairie du village, elle gère la paperasse, je ne sais pas comment elle fait, ça doit être ennuyeux à mourir mais visiblement elle n'a pas le choix.

Ma mère est dans la cuisine, elle prend son petit déjeuner en regardant la télévision, c'est surtout pour éviter d'être plongée dans un silence glaçant, je la comprends, le silence est effrayant entre ces murs. Je vais embrasser sa joue et je m'installe à table en commençant à petit-déjeuner, jus d'orange, bol de céréales et une pomme pour avoir ma dose de vitamines et d'énergie parce que je pourrais en avoir besoin pour ne pas m'endormir en cours de bon matin.

« -Tu as bien dormi ma chérie ?

-Oui. Papa rentre tard aujourdhui ?

- Oui il est débordé en ce moment, les demandes des clients explosent ces derniers temps... mais il a promis dêtre disponible ce week-end si ça peut te rassurer... »

Des promesses et des promesses. Je sais bien qu'il na pas que ça à faire de s'occuper de sa propre fille mais tout de même. Je finis de déjeuner rapidement et débarrasse le tout sans perdre une seule seconde de plus, pas que je suis pressée de débarquer au bahut mais pour revoir mes potes, oui. J'enfile mon manteau tandis que Maman vient dans l'entrée.

« - Tu es sûre que tu ne vas pas avoir froid seulement avec ça ? Il fait vraiment froid...

- Maman, il fait tout le temps froid je te signale... et ça va je suis bien comme ça."

Je lève les yeux au ciel, trop protectrice à mon goût. Je sors enfin dehors après que ma mère m'a enfin libérée. Sérieux, je n'ai plus 4 ans ! Je soupire et prends la route vers le lycée, c'est à environ 15 minutes à pied. Ma mère pourrait m'emmener en voiture mais je préfère marcher. Marcher permet de me vider la tête et de mieux apprécier les alentours du village. Une bonne dose d'air avant de commencer la journée. Il fait froid mais tant pis, j'aime bien. Je passe devant de nombreuses maisons, elles se ressemblent toutes, de vraies maisons Playmobil, parfaitement alignées, trop parfaites. Je passe aussi devant quelques petits commerces, la boulangerie par exemple. Cette bonne odeur de croissant, un vrai délice. Je rencontre aussi quelques lycéens sur la route que je connais plus ou moins, sacs à dos, jeans et baskets. En plein dans le mille.