CHAP 43: La dernière fois, la dernière feuille

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Plus d'un mois que le procès dure. Plus d'un mois à passer dans cette salle d'audience, à espérer, à attendre un miracle mais c'est pour quand ?


Jamais. Pourtant les victimes sont présentes et témoignent de tout leur cœur, de tout leur tripes.


Tom y met tout son cœur, à chaque séance même si Jane ne témoigne plus, il soutient les autres victimes, il joue les rebelles, il tient tête comme une vraie teigne qui n'a peur de rien. Il faut bien quelqu'un pour se révolter, comment ce serait faite la Révolution française sinon ?


Des heures à ne pas dormir, à revivre en boucle les mêmes scènes pour trouver les erreurs notamment de ce soir de Noël. Mais refaire le passé ne sert à rien mais ça permet de se conforter, de ne pas se projeter dans l'inconnu. Tom revoit en boucle l'affaire, du début à la fin, depuis les premiers meurtres de Lavoiseau à maintenant.


Quant à Jane, elle se réveille la nuit en criant, en pleurant, à cause de visions horrifiques et terrifiantes. Comment ne pas lâcher ? Comment tenir ? Même si tout le monde est derrière, ça ne suffit pas, le mental est dur à préserver dans ce genre de contexte délicat.


Marc Lavoiseau s'explique devant la Cour, depuis le début, les mêmes arguments, il ne sait rien, il n'a rien fait. Mais les preuves parlent pour lui.


Patrick Dubois est aussi venu témoigner. Il n'est impliqué que récemment dans le cadre des Catacombes.


Des victimes viennent témoigner comme Andy qui a tenu à s'exprimer à visage découvert sur un moment de sa jeunesse très douloureux dont elle a toujours honte mais qui peut s'avérer utile dans le procès. Des femmes se succèdent à la barre, ça n'en finit plus, quand est-ce que ça s'arrête ? Mystère.


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Un mois et demi-pile que le procès a commencé.


Le flou total. Bien que le soleil brille dans le ciel de Paris, l'été est là. Les Parisiens flânent dans des parcs, jouent avec des jets d'eau pour se rafraichir pendant que d'autres attendent désespérément une décision concrète de la justice. Quelque chose qui va tout faire basculer. Mais on n'ose même plus espérer au Palais de Justice, c'est mort, foutu.


« -Nous allons délibérer pour savoir si Marc Lavoiseau est coupable des faits qui lui sont reprochés. »


Rebondissement. Ce serait la fin du procès ? Sérieusement ? Il ne faut pas trop s'emballer. Et pourtant. Le juge et les jurés s'éclipsent bel et bien. La brigade Criminelle se réunit dans un coin.


« -Vous pensez que c'est bon ? demande Nicolas.


-Logiquement. J'espère. Ras le cul d'attendre... dit Alain.


-Ne criez pas victoire trop vite... je reste méfiant, on va être surpris... dit Tom.


-Sûrement Tom. Sûrement qu'il n'aura pas la peine que l'on souhaite. Mais au moins il sera en taule... répond Alain.


-Tu parles, pour qu'il fasse un stage de 3 mois, ce n'est pas la peine... quelle belle justice... »


On discute, on débat, on partage ses inquiétudes, on se serre les coudes. Ce qui est positif, c'est que cette affaire a soudé l'équipe, encore plus que d'habitude et ce sont tous devenu de très bons amis à présent, une vraie famille qui est là dans les bons moments comme dans les mauvais. Pas besoin d'être du même sang pour ça.


Le premier à rentrer de nouveau dans la salle d'audience pour entendre le verdict, c'est Tom. Les mains dans les poches, le visage tendu, parce qu'il a très peur d'entendre quelque chose qui ne lui convient pas, une peine trop légère, il en est sûr. Il s'assoit à sa place tandis que ses collègues le rejoignent peu à peu, aussi tendus. Le juge et les jurés s'installent de nouveau.


BOUM BOUM BOUM dans les cages thoraciques.


« -Nous avons donc délibéré sur le cas de Marc Lavoiseau à l'issu de ces 90 jours de procès... »


La tension monte. Tom serre la main de Jane et de sa fille très fort, en même temps. Il veut que la justice aboutisse une bonne fois pour toute. Et comme tout le monde dans cette pièce.


Nicolas prend dans ses bras Andy et la câline, redoutant la décision, redoutant la suite.


Et Alain n'est pas mieux, il est raide comme un piquet, fixant le juge, fixant ses lèvres qui commencent à bouger.


« -Dans le cadre de l'affaire des Catacombes avec les activités de son bar et des nombreux meurtres commis, la Cour reconnait donc coupable Marc Lavoiseau dans cette affaire et le condamne à 15 ans de prison ferme avec sursis. »


Des cris de joies. Des pleurs. Des visages fermés.


Coupable. Il est reconnu coupable. La Cour le reconnait coupable. Enfin. 15 ans en taule. Putain... Ce n'est pas le maximum mais c'est une belle victoire, après des heures à chercher, à traquer, les réponses sont enfin là, après tant de nuits blanches et de brouillard, tout est là...


Tom s'attendait à pire mais à mieux aussi. Il est mitigé. Tandis qu'Alain lui tapote l'épaule et le félicite pour cette enquête, encore menée avec brio. Andy et Nicolas se sautent dans les bras en même temps, en larmes. Ils vont pouvoir se retrouver et être heureux, se construire, avancer, oublier toute cette merde, enfin...Les médias s'affolent devant le Palais de Justice à Paris.


Surtout quand Marc Lavoiseau en sort, menotté, après la décision. Son avocat apparaît scandalisé, encore révolté alors que son client monte dans une voiture de police, prêt à rejoindre la prison la plus proche.


Tom sort dehors peu de temps après. Son regard croise celui de Marc Lavoiseau qui le regarde depuis la voiture de police. Bataille de regard. La dernière bataille. Et le combat est largement gagné pour Tom. Il a rattrapé tous ses coups de poing dans la gueule, ses égratignures profondes.


Il met ses lunettes de soleil ensuite et rejoint sa femme et sa fille, étant à présent un homme de nouveau heureux et serein, croquant la vie à pleine dents en essayant de mettre de côté les traumatismes anciens.

Un village trop tranquilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant