La tempête

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Thomas s'enfuyait sous les tonnerres et la pluie, sentant à chaque foulée l'eau remuer horriblement dans ses baskets. Il se précipita dans le jardin, arriva à la porte et sonna deux fois. Un garçon le fit aussitôt entrer, il avait en main une serviette orange, qu'il frotta dans ses cheveux après l'avoir déchaussé. Dehors le vent s'excitait contre les volets, et la pluie contre les fenêtres. Tout cela ne faisait que rendre les flammes de la cheminée plus attrayantes.

« Tu es un idiot, d'être parti courir par ce temps ! s'inquiéta Newton. Il aurait pu t'arriver quelque chose ! des arbres sont tombés dans la rue ! j'ai eu peur pour toi ! Je vais finir par croire que tu le fais exprès !

— Pour ma défense, il pleuvotait quand je suis parti ! Ce n'est pas ma faute, je ne pouvais pas le prévoir !

— Comme toujours, tu me diras...

— Excuse-moi de t'avoir causé du souci, Newty... C'était involontaire, je te le promets !

— Va te doucher, imbécile. Tu es gelé.

— Merci, mon chou ! »

Pendant que son ami se réchauffait dans la salle de bain brûlante, Newton méditait, assis sur le petit canapé. La main triturant la jante de son pull, il se répétait de ne pas succomber, de ne pas se laisser dire qu'il aimait Thomas, comme il ne pourrait jamais le faire. Il était un frère pour lui, et non un amant. Ses beaux regards étaient ceux d'un frère, ses douces caresses étaient celles d'un père. Rien de ce qu'il espérait, il devait le savoir. Il habitait avec lui pour les frais du loyer, c'était un stratagème intelligent après avoir quitter le lycée il y a deux années. Rien de ce dont il rêvait.
Thomas redescendit, vêtu d'un jogging et d'un sweat chaud. Un sourire en coin, il s'installa à la gauche de son ami. Ses mains vinrent soulever ses jambes qu'il allongea sur les siennes. Il les caressa doucement, les scruta avec un désir particulièrement avoué. Cette lueur perturba profondément Newt, redressant vers lui un regard confus, attendant une quelconque explication à ce geste que leur relation ne permettait pas. Thomas n'en fit rien. Il le sonda de ces deux billes ambrées, laissant sous-entendre qu'il ne voulait pas être celui qui prendrait la parole. Mais Newton en était incapable, il était trop troublé pour cela, il n'en dirait rien.

« Ne tire pas cette tête. Je pensais que tu étais sexy, avec tes longues jambes. Je me demandais comment tu faisais pour en être complexé. »

Newt crut entendre son cœur s'effondrer sous son plexus, et il voyait Thomas jubiler un instant de son effet.

« Tu penses que tu vas réussir à dormir, cette nuit ? Je sais bien que tu détestes les orages, tu me le répètes depuis le lycée. »

Newton voulut répondre. Il ne dit rien, paralysé par ces caresses agréables qui parcouraient ses mollets.

« On peut dormir ensemble, si tu veux. Ça m'embêterait de te laisser flipper tout seul dans ton coin. »

Il s'exalta à la proposition, car Thomas avait pour habitude de l'étreindre lorsqu'ils partageaient un lit. C'était les seules fois où il pouvait se blottir à sa poitrine, des heures durant. Pourtant il ne dit rien, observant son ami avec des yeux gonflés d'incompréhension.

« Newt... murmura Thomas.

— J, je...

— Dieu merci, je te croyais mort.

— Excuse-moi, Tommy...

— Non, non, ne t'excuse pas... Je ne te reprocherais jamais de ne pas t'intéresser à moi de cette façon. Au contraire, je m'excuse de t'avoir embarrassé, j'ai... cru un moment que c'était réciproque...

— Thomas, ça l'est...

— A... Ah ? sourit-il. Qu'en dis-tu, dans ce cas ?

— À, À propos...?

— Une nuit ensemble... aimerais-tu ?

— Je... Je ne sais pas...

— Je ne t'oblige à quoi que ce soit... Tu me manques beaucoup ces derniers temps, entre les cours, les révisions... J'avais simplement envie de te sentir près.

— Non, non, ce n'est pas ça... coupa-t-il. Je ne comprends pas ta réaction.

— Ma réaction ?

Tu es censé être hétéro... je ne le suis pas.

— Parce que j'ai eu une petite amie en première ? rit-il.

— Oui... Oui, je suppose...

— Newt, ça ne veut rien dire !

— Bien sûr que si !

— Non ! Je n'avais pas envie de le reconnaître, c'est tout. J'ai essayé et ça n'a pas fonctionné.

— Mais... pourquoi moi ?

— Tu es le plus bel esprit que j'ai jamais rencontré. Ne me pose pas de questions idiotes.

— Je te parle de ce à quoi je ressemble... Tu as le physique d'un dieu grec, tu peux avoir bien mieux que moi.

— Idiot... soupira-t-il. Tu es splendide.

— A, Ah ?

— Newt... Il n'y a pas que tes jambes qui sont sexy chez toi.

— Eh, Maxime était...

— Ton ex était un véritable connard. Ne me dis pas que tu retiens ses âneries depuis un an...

— Peut-être... murmura-t-il honteusement.

— Ce type était simplement frustré que tu le quittes. Rien de plus. Fais confiance à mes mots, plutôt qu'aux siens. Car ils t'aimaient, t'aiment, et t'aimeront. Ça ne changera jamais.

— M'aimes-tu donc ? 

— N'était-ce pas suffisamment explicite ? sourit-il encore. Et toi, angelot ?

— Je pensais que c'était très clair... »

Un tonnerre éclaira la rue, Newton sauta à son cou. Thomas avait tourné son visage vers le sien, souriant avec amusement en l'embrassant tendrement. Newt mut timidement ses lèvres, grimpant ses genoux en partageant son souffle.
Et l'orage féroce ne parvint pas à les distraire ce soir venu.

OS Newtmas & DylmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant