Path

gold

CHAPITRE 2

gold // echos

          Draco commençait à prendre ses marques au Ministère, après cette première semaine. Passé la désillusion qu'il serait visiblement enfermé dans ce bureau jusqu'à ce que sa tâche soit terminée, il s'était rendu compte de la quantité de travail qu'il y avait. Le rôle de Lewis était de répertorier toutes les informations de tous les dossiers touchant de près ou de loin à un mangemort, pour savoir si, en recoupant les dossiers, elle pouvait obtenir des informations sur des mangemorts restants. C'était un travail de fourmis, rébarbatif, et il comprenait pourquoi ce qu'il savait pouvait avoir de la valeur.

          En parlant de Lewis, ce n'était pas quelqu'un avec qui il aimait passer du temps, et il ne la trouvait pas particulièrement gentille. Et par-dessus tout, il détestait la manière dont il pouvait lire tout ce qui se passait sur son visage. Elle était si... lisible. Il en avait parfois envie de vomir tant ça le débectait. Mais elle avait la bienséance de ne pas trop parler. Et après trois années à entendre des cris et des hurlements de désespoir et de rage à Azkaban, le silence est ce qu'il savourait le plus. Plus que la nourriture, alors qu'il avait pourtant cru mourir de faim plusieurs fois. C'était un truc que Lewis faisait aussi, lui offrir à manger. Lorsqu'elle lui avait dit qu'elle ne prenait qu'une demi-heure le midi, elle n'avait pas menti. En une demi-heure, elle partait, mangeait, et revenait à son bureau. Draco s'efforçait de suivre le rythme, mais il arrivait systématiquement en retard, bien qu'elle ne lui ai jamais vraiment fait de réflexion. Plus surprenant même, à chaque fois, elle lui avait laissé un dessert ou un fruit sur le coin de son bureau. Il ne l'avait jamais questionné là-dessus, et elle ne l'avait jamais soulevé non plus. Simplement, quand il revenait de sa pause le midi, il savait que quelque chose l'attendait. Et ce détail l'empêchait de pouvoir dire qu'elle était quelqu'un qu'il n'appréciait pas. Elle était dans un entre-deux agaçant, comme tout ce qu'elle faisait.

Il fallait avouer que, hormis elle, et Potter qui passait de temps en temps, Draco ne voyait pas grand monde. Il allait parfois chercher un café à la machine, dans le couloir, et les regards se faisaient sentir sur lui. Mais c'était le seul endroit où Lewis ne l'accompagnait jamais, alors quand il avait besoin de prendre un peu l'air, il prétextait un café. Seulement, voilà, il avait toujours été entouré, de sa famille et de ses amis. Mais depuis qu'il avait reçu la marque de ténèbres, il avait peu à peu perdu contact avec les autres. Puis sont venu les années à Azkaban. Il avait sûrement été naïf en pensant que, lorsqu'il sortirait, la vie redeviendrait comme avant. Non. Il n'y avait personne. Il avait seulement vu sa mère, et... Elle était malade. Elle était faible, et dormait beaucoup. Elle était un peu à côté de la plaque aussi, et avoir une conversation avec elle s'était révélée plus compliqué que prévu. Indéniablement, le sentiment qui l'étouffait le plus, depuis sa sortie d'Azkaban, il fallait l'avouer, c'était la solitude, qui commençait à lui peser depuis trop longtemps. C'était sûrement pour ça qu'il se trouvait indulgent avec Lewis : il ne pouvait pas repousser franchement la seule compagnie qu'il avait.

          Ce matin-là, il n'y avait pas grand monde dans les couloirs. En fait, il n'y avait personne, mais Draco ne s'en était pas préoccupé jusque-là. Il s'arrêta devant la porte du bureau de Lewis et tenta de l'ouvrir. La porte était verrouillée. Il jeta un œil à sa montre. 8h57. Bien, trois minutes trop tôt. Cela lui était déjà arrivé lors de cette première semaine, la porte était verrouillée avant 9h, et se débloquait pile à l'heure. Lewis semblait être à l'intérieur bien avant lui, puisque lorsque la porte s'ouvrait, elle était déjà à l'intérieur. Il soupira alors et observa le couloir. Il était désert, hormis un peu de personnel de ménage, et une personne loin au bout du couloir. Il s'adossa nonchalamment contre le mur, ajustant la besace qu'il portait et ferma les yeux un instant.