arcade

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CHAPITRE 18

arcade // duncan laurence


        Mercy croyait rêver. Malfoy venait d'utiliser le réseau de cheminées pour venir chez Harry et Ginny. Elle le dévisagea un instant. Il semblait presque aussi surpris qu'elle. Ginny, qui se tenait à côté de Mercy, se leva de sa chaise.

- Malfoy, qu'est-ce que tu fais là ?!

Il tenta de bafouiller quelque chose mais Mercy décida que sa réponse ne l'intéressait finalement pas. Elle se sentait bien trop en colère pour ça. Ron lui avait dit que plusieurs jours s'étaient passés depuis l'inspection du bâtiment, mais elle n'en était pas sûre. Elle n'avait pas ressenti la faim ou la fatigue. Il n'y avait que cette rage, qui la poussait à agir. Le bourdonnement n'avait jamais vraiment quitté ses oreilles. Pendant un instant, quand Malfoy, dans son bureau, lui avait demandé de lire ses émotions, elle avait réussi à calmer la colère en elle. Elle avait senti l'inquiétude et le soulagement du jeune homme, et ça avait été rafraîchissant. Mais dès qu'elle avait entendu les Aurors dans le couloir, le brasier en elle s'était de nouveau enflammée, subitement.

-  Rentre chez toi, repose-toi.

Quel boulet, qu'est-ce qu'il faisait là ? Certes, elle s'était sentie soulagée lorsqu'elle l'avait vu, en forme, dans le bureau. Mais il y avait plus urgent pour l'instant. Mercy reporta son attention sur Ginny.

- Ginny, ils ont trouvé où est l'impulsion, il faut qu'on la trouve avant eux.

- Mais comment tu veux faire ça ?!

- C'est un concentré d'émotion, je peux le sentir, je pourrais le localiser avant eux quand on sera assez proche.

Ginny soupira, inquiète.

- Tu es sûre de vouloir faire ça ?

Mercy en était persuadée.

- Ginny, il est possible que dans cette impulsion, il y ait une personne coincée. Et si on ne la libère pas, personne ne le fera. Le ministère va le garder pour l'étudier.

Ginny semblait compatissante.

Mercy continua :

- Si un jour, je devais devenir une impulsion, Ginny, je préférerais 100 fois mourir, plutôt que de devoir passer l'éternité à ressentir une seule émotion qui n'est pas tout à fait la mienne.

Ginny la dévisageait. Elle se sentait mal à cette idée, et en vérité, Mercy aussi. Errer indéfiniment sur terre en ne ressentant qu'une seule émotion dont elle ne se séparerait jamais, c'était un châtiment qu'elle ne souhaitait à personne. Ginny finit par acquiescer.

- D'accord.

- Moi aussi, je viens.

Mercy se retourna vers Malfoy. Il ne comprenait pas tout ce qui se passait, c'était évident. Il ne pouvait pas vraiment, de toute manière, il n'avait pas toutes les clés.

- Je ne pense pas que tu dois venir, Malfoy.

- Je me fous pas mal de ce que tu penses.

Était-ce de la culpabilité que Mercy sondait chez Malfoy ? Il se sentait coupable de ne pas avoir pu agir pendant le gala ?

- Tu sais produire un Patronus, Malfoy ?

Silence. Non, il ne pouvait pas. Ça semblait assez évident. Comment quelqu'un comme Malfoy pourrait produire un sortilège qui nécessite un souvenir heureux fort ? S'il n'avait pas été malheureux lorsqu'il était jeune, il avait probablement passé son enfance à courir après l'affection d'un père qui ne cessait d'être insatisfait de lui. C'était triste à dire, mais Malfoy n'avait jamais été heureux ou malheureux. Il était resté coincé toute sa vie dans l'indifférence de son père, et lorsque celui-ci s'était enfin tourné vers lui, c'était pour l'envoyer se casser les dents à sa place, pour un être aussi insatisfait que lui. Et c'était quelque chose qu'il avait reproduit avec son entourage, et n'avait probablement jamais été satisfait de personne. Elle fixait le blond des yeux. Il n'avait toujours pas répondu, et Mercy commençait à croire qu'il ne le ferait pas.

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