do i wanna know

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CHAPITRE 7

do i wanna know // arctic monkey


          Ça avait été court.

Très court.

Draco ne pouvait pas dire qu'il était satisfait de sa performance. Pourtant, ça avait été intense. L'impression que le sol se dérobait sous ses pieds s'estompait peu à peu. Le monde avait arrêté de tourner autour de lui. Il restait là, appuyé sur le bureau, entre les cuisses de Lewis, à reprendre son souffle, la tête baissée. Il voulait éviter le regard de la jeune fille. Elle avait toujours une main dans ses cheveux, et il sentait son souffle dans son propre cou. Après un long moment à reprendre le contrôle de lui-même et de ce qui l'entourait, il finit par se reculer et se rhabiller en vitesse, en lui jetant un coup d'œil pour voir sa réaction. Il décrypta ce qui lui semblait de la tristesse et de la pitié. Ou peut-être était-ce de l'inquiétude. Mais elle n'avait pas de raison d'être inquiète ou de se sentir concernée. S'il avait définitivement vécu quelque chose de jouissif, il n'était pas certain que ce soit le cas de sa partenaire. Et c'était une des raisons pour laquelle il ne voulait pas lui faire face, il avait honte. L'autre raison, c'est que, certes, il avait pris son pied, mais tout ce qu'il s'était passé autour avait été très perturbant. En fait, il avait même détesté la perte de contrôle, et le sentiment que tout lui échappait autour de lui. Il était partagé entre ce sentiment et le plaisir qu'il avait ressenti, et ne pas savoir comment se positionner par rapport à ça. Il jeta un deuxième coup d'œil à Lewis, qui était descendu du bureau et qui remontait sa culotte sous sa jupe. Il saisit sa veste et son sac et se dirigea, un peu trop précipitamment peut-être, vers la porte du bureau. Au moment de la franchir, il hésita, conscient qu'il ne pouvait pas partir de cette manière.
Il ne sut comment, mais elle devina comment il se sentait, et lui facilita la tâche :
- Bonne nuit, lui dit-elle doucement, souviens-toi que demain, c'est samedi, alors ne te pointe pas au bureau.
Il avait deviné son sourire dans la deuxième partie de sa phrase.
Il marmonna en réponse :
- Bonne nuit.
Et franchit la porte.


          Il marchait vite dans les couloirs, et ses pas résonnaient. Il franchit la porte par laquelle ils étaient rentrés. C'était une porte qu'il n'avait jamais vue, et elle donnait sur une ruelle déserte. Il hésita un instant, entre transplaner et marcher, mais il devait reconnaître qu'il était trop énervé pour rentrer dormir, alors il décida de rejoindre son appartement à pied. L'air était frais, et il le savourait, passant sa main dans ses cheveux pour chasser la sensation des doigts de Lewis. Qu'est-ce qu'il avait fait ? Qu'est-ce qui s'était passé ? Draco commença à marcher en réfléchissant. Il n'avait pas de réponse autre que "Il en avait eu envie, à cet instant précis". Et c'était vrai. Il n'avait pas eu envie de Lewis en particulier, mais il avait eu envie de sexe. Il devait se résoudre à se convaincre que sa pulsion avait été plus forte que ce qu'il avait pu imaginer. Mais ça n'expliquait pas tout le reste. Il secoua la tête, chassant ces images. Il ferait avec cette soirée la même chose que ce qu'il avait fait avec tous les autres souvenirs qui le dérangeait : les mettre dans un coin de sa tête et ne plus jamais y repenser. Il devait admettre que ranger une partie de jambes en l'air à côté des images des personnes qu'il avait tué, ou torturé, n'était pas quelque chose qu'il avait imaginé. Mais c'est ainsi qu'il faisait. Il était un bon occlumens, et il savait que l'endroit où il avait rangé ce souvenir était une boîte qu'il n'ouvrait jamais. C'était le meilleur endroit.


          Le week-end était passé vite. Draco avait essayé de s'occuper l'esprit, notamment à travers le livre que lui avait donné Lewis. Ranger ce souvenir dans un coin de sa tête avait été plus compliqué que prévu. Quand il fermait les yeux, il revoyait les formes de la jeune femme. Non seulement, il avait complètement perdu le contrôle des choses ce soir-là, mais il avait l'impression que chaque seconde étaient profondément ancrées dans son être, jusqu'à parfois avoir l'impression de ressentir les doigts de Lewis contre sa peau ou dans ses cheveux. Il avait passé un long moment dans sa douche, à se frotter la peau comme si cela allait effacer cette sensation, mais sans réussite. À cause de tout cela, il redoutait définitivement de recroiser la brune au boulot.

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