Neuf ans d'Elias
Eden ouvrit les yeux dans une chambre d'enfant plongée dans le noir. Un instant désorientées, ses prunelles papillonnèrent pour se défaire des brumes de la fatigue. Il s'était assoupi, comprit-il. Et une vague de satisfaction gonfla sa poitrine. L'insomniaque que le pays des rêves fuyait depuis un siècle avait enfin retrouvé la contrée désirée. Il contempla le plafond blanc de la pièce. De petites étoiles fluorescentes le constellaient, discrets faisceaux lumineux combattant la peur enfantine de l'obscurité.
Il se redressa, le gosse ! et quitta son fauteuil. Le cruel rappel de sa mission étouffa tout bâillement. Il s'avança vers le lit, un rapide coup d'œil confirma ses craintes. Envolé, le protégé. Disparu, volatilisé. Pouf, plus d'Elias bien sagement endormi sur son petit matelas. Seules restaient des peluches par dizaines. Mais du blondinet aux yeux verts, pas la moindre trace.
« Elias ? »
Eden entendit sa voix trembler. Son cœur, sans qu'il pût le contrôler, s'affolait. Il sortit dans le couloir toujours baigné du silence de la nuit, ouvrit la porte de la salle de bain, vide. Ses pas le guidèrent au rez-de-chaussée, il regarda l'horloge, deux heures quarante-sept. Miséricorde ! Il ouvrit les placards, fouilla derrière les meubles, dans la machine à laver, sous le canapé, risqua un œil dans les autres chambres... Toujours rien. Il retourna à côté de son fauteuil.
Lorsque la morsure du froid caressa sa nuque, il comprit. La fenêtre ouverte leva le mystère de la disparition, le gamin avait pris la poudre d'escampette.
Ne reste plus qu'à espérer qu'une voiture ne l'ait pas fauché.
Il enjamba le cadre de bois, s'arrêta. Son cœur accéléra encore en découvrant les trois mètres sous ses pieds. L'humain était-il vraiment parvenu à descendre sans se rompre le cou ? Eden hésita à déployer ses ailes, il se retint ; les quatre ailes caractéristiques des nés-Archanges tels que lui s'avéraient bien trop encombrantes, il ne désirait pas dilapider son énergie en s'envolant. Il resserra encore sa main, crispée autour de la gouttière qui courait le long du mur. Il inspira, expira, puis se laissa tomber sur l'herbe en contre-bas, leva la tête vers les volets bleu foncé, reporta son attention sur la rue.
Où était donc passé Elias ?
Il ferma les paupières, réfléchis, Eden. Mais bon sang, réfléchir, il ne savait pas faire ! Il ajouterait cet affront à la liste des méfaits dont il devrait se venger, « Fuite nocturne obligeant un Ange gardien surexploité à penser. »
Il massa ses tempes, ses battements de cœur résonnèrent au bout de ses doigts et il tenta de percevoir l'écho de ceux de son protégé. Il guettait les quatre-vingt-douze battements par minutes, réguliers, familiers. Le rythme frénétique de l'organe d'Elias répondit à son appel, précipité, lointain.
Eden exécuta quelques pas, tourna à gauche, à droite, quitta le lotissement, s'aventura le long de la grande route de campagne qui conduisait à la ville. Quelques voitures passaient à l'occasion. Leurs phares livraient une vive lumière qui s'estompait à mesure qu'elles s'éloignaient. Pitié, implora l'ange, qu'il n'ait pas été renversé. Il leva les yeux au ciel, appuya sa prière d'un regard vers son Dieu bien au chaud dans son lit douillet.
Il aperçut alors la silhouette bercée de lumière d'une ange à la belle chevelure blonde, détachée sous la lune immaculée.
« Ladell ? »
L'interpellée s'approcha, une expression à mi-chemin entre la gêne et la joie peinte sur le visage. Elle revêtait la tunique angélique et la même croix métallique que celle qu'Eden sous sa chemise entourait son cou.
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Eden - Le Temps ne s'arrêtera pas
Paranormal𝐸𝑑𝑒𝑛 𝑡𝑜𝑚𝑏𝑎. 𝐸𝑡 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑠𝑎 𝑐ℎ𝑢𝑡𝑒, 𝑠𝑎 𝑔𝑙𝑜𝑖𝑟𝑒 𝑖𝑙 𝑒𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎. Eden est un Archange déchu, descendant des plus prestigieux représentants du Ciel. Eden est noble, fier, beau. 𝑃𝑎𝑟𝑓𝑎𝑖𝑡. Eden, pourtant, se perd et s'enf...