𝗖𝗛𝗔𝗣𝗜𝗧𝗥𝗘 𝟮 - Animal

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Je suis tétanisée, incapable de bouger la moindre parcelle de mon corps.

Quelques centimètres séparent nos visages, mon cœur me tabasse la poitrine. Son aura toute entière m'intimide, tellement qu'on penserait que je suis une collégienne secrètement en crush sur lui.

Ma respiration se coupe lorsqu'il me pousse violemment sur le côté pour se relever.

— Je... Je suis désolée... , susurré-je d'une voix à peine audible.

— T'sais pas ouvrir tes yeux, ou quoi ? Tire-toi.

— Ex... Excuse-moi ?

— Quelle partie de ma phrase t'as pas comprise quand je te demande de dégager ?

Je ne sais pas si je suis choquée par les mots qu'il emploie ou bien par le dégoût que j'ai apporté à son visage.

Non mais pour qui tu te prends, bouffon ?

— Je pourrais savoir pourquoi tu me parles de façon si agressive ? Pour qui tu te prends au juste ?

J'ai à peine le temps de ramasser mes affaires sur le sol qu'il me répond.

— Tu fais pitié.

Il donne un coup de pied à mon sac encore sur le sol, le faisant bouger à travers le couloir. Il s'éloigne progressivement de moi avec un ami à lui, qui se tenait à ses côtés.

Je regarde autour de moi, je me rends compte que tout le monde nous observait.

C'est vraiment pire que ce que j'imaginais.

Au loin, Olivia qui court, affolée, dans ma direction. Elle s'agenouille pour m'aider à me relever et ramasse le reste de mes affaires encore éparpillées au sol.

Liv passe son bras sous le mien. La tête à moitié baissée, nous nous en allons vers notre auditoire.

Le cours a commencé depuis maintenant plus d'une heure, et je suis incapable de me concentrer sur ce que raconte Monsieur Fitzgerald, mon professeur de littérature.

Je suis encore sous le choc de l'altercation que j'ai eue avec Jace, ce matin.

Pourtant, malgré le fait qu'il soit aussi grossier, je n'ai pu m'empêcher de repenser à ses yeux lorsque je me suis retrouvée sur lui.

Ses yeux d'une teinte verte étaient tristes, les pupilles complètement dilatées. Son regard avait l'air si vide de sens, comme si on lui avait retiré une partie de lui-même.

Je me suis reconnue en les regardant. Je me suis revue avec ces mêmes yeux aux obsèques de mon père.

Les larmes me montent. Je demande l'autorisation pour aller aux toilettes.


Passant la porte de la cabine, je craque en m'asseyant sur la cuvette des toilettes.

Je passe en revue tous les événements de l'an dernier, pendant au moins une demi-heure. La façon dont ma mère me regardait lorsque je lui parlais. Je sais très bien qu'elle me déteste.

Depuis l'enterrement de mon père, nous n'avons plus rien fait toutes les deux. Elle ne m'a jamais demandé comment je me sentais ni même si j'avais le besoin d'en parler.

J'ai l'impression d'être l'ombre de mon père. Qu'en restant près d'elle, je ne fais qu'aggraver la situation et l'empêche de faire son deuil.

Je lâche un long soupir et décide de me reprendre. Je sors de la cabine et me regarde dans le miroir. J'ai les yeux gorgés de sang. On voit que j'ai pleuré, aucun doute.

Not Who You Think I AmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant