Not Who You Think I Am

𝗖𝗛𝗔𝗣𝗜𝗧𝗥𝗘 𝟭𝟳 - The Beautiful & Damned

Je roule des yeux et m'allonge mollement sur mon lit. Cela fait bien deux heures que j'étais assise sur la banquette de mon clavier, essayant de composer une mélodie, mais impossible de me concentrer.

Pourtant, le piano est clairement le seul instrument dans lequel j'excelle sans effort. Mais depuis que je suis rentrée à la maison après avoir quitté Liv, la seule chose qui obsède mes pensées, c'est Jace.

Cette obsession qu'il a sur mon esprit me rend complètement folle. L'idée même de me remémorer la sensation de ses lèvres charnues sur le haut de mes seins fait vibrer chaque cellule de ma peau.

D'une certaine manière, j'adore ça. J'ai besoin de ressentir cette sensation pour calmer mon cœur, pour faire taire mes fantasmes, pour me rappeler à quel point je le méprise, à quel point il est juste un connard prétentieux qui ne pense qu'à lui. Mais je me mens à moi-même. Je sais très bien qu'il n'est pas aussi mauvais que je veux bien le croire.

Je me penche pour prendre mon téléphone sur ma table de nuit. Une fois déverrouillé, je tapote frénétiquement l'icône messageries pour accéder à notre conversation. Je reste immobile face à l'écran tout en mordant l'intérieur de mes joues.

"𝙹'𝙴𝚂𝙿𝙴̀𝚁𝙴 𝚀𝚄'𝙾𝙽 𝙿𝙾𝚄𝚁𝚁𝙰 𝚁𝙴𝙼𝙴𝚃𝚃𝚁𝙴 𝙲𝙰."

C'est le seul message que mes yeux arrivent à filtrer. Le rouge me monte aux joues, et c'est tout mon être me crie de lui céder.

Et puis merde ! Quitte à le regretter demain.

Je me redresse sur le bord de mon matelas et j'enfile à nouveau ma paire de Dr. Martens. J'attrape le veston qu'il m'a offert avant de courir vers la porte de ma chambre.

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J'ai marché une bonne trotte en imaginant tous les scénarios possibles, du meilleur au pire. J'ai même commencé à me convaincre que je pouvais avoir des sentiments pour lui et que ce n'était pas une mauvaise chose. J'étais déterminée à lui ouvrir mon cœur et à déballer tous les sentiments que je garde enfouis en moi.

Je pose un pied sur la première marche de son porche et tout mon courage s'effondre. Et si finalement, j'étais en train de faire la plus grosse erreur de ma vie ? Et si pour lui, toute cette relation ambiguë n'était qu'un jeu ?

Malgré tout, je continue mon chemin vers la porte d'entrée. Je frappe timidement deux petits coups avant que la silhouette d'Eva n'apparaisse dans l'embrasure, une cigarette entre les lèvres.

— Salut... Jace est là ? Je... voulais lui parler.

Elle s'écarte de la porte, m'invitant à entrer.

— Il est en haut, dans sa chambre. T'veux boire un truc ? me propose-t-elle.

— Non merci.

Après s'être retournée vers le salon et s'être installée sur le canapé, les pieds posés sur la table basse, Eva m'offre un sourire alors que je monte les escaliers en direction du couloir de l'étage.

Une porte est légèrement entrouverte, laissant échapper une mélodie de guitare. Bien que je sache que Jace en joue, je ne l'avais jamais entendu auparavant.

Je tâtonne jusqu'à la hauteur de la porte et scrute son visage à travers la petite brèche. Il est assis sur son lit, un médiator coincé entre ses lèvres et les cheveux complètement en bataille lui donnant un air naturel et décontracté. Je mentirais en disant que je suis insensible à son charme.