Chapitre 48

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— Clé, il faut absolument que tu goûtes ça, m'exclamé-je en posant une bouteille de liqueur de café sur la table de la cuisine.

— Je m'attendais plutôt à ce que tu me rendes mes clefs, remarque Cléandre non sans jeter un regard perplexe à ma trouvaille. Et tu n'étais pas censé acheter des snacks et du coca ?

Victorieux, je farfouille dans mon sac cabas et brandis un sachet de cacahuètes, un de biscuits noisette et miel et un pack de six bouteilles en verre.

— Si, mais j'avais envie de flâner un peu dans les rayons, depuis le temps que j'ai pas pu ! Et quand j'ai vu les liqueurs, j'ai repensé à un truc que m'avait fait goûter Jared au jour de l'an. Une cucaracha, ça s'appelle. J'ai même acheté les pailles pour le boire pendant que ça flambe !

— Et t'as que ça dans ton sac ?

— Cache ta joie...

— C'est pas ça, mais je suis à peu près sûr qu'il faut de la téquila pour la cucaracha. Pour faire flamber, justement.

— Comment tu sais ça ?

— Je sors tous les vendredis avec mon cousin dans un bar karaoké, tu crois que tout le monde y boit du jus d'orange ?

Je me renfrogne, un brin vexé... et surtout obligé d'admettre qu'il a raison.

— Moi qui voulais te faire découvrir un truc... c'est raté. Non seulement tu connais, mais j'ai même pas ce qu'il faut !

Cléandre réfléchit. Il mordille la petite peau entre le pouce et l'index tandis que ce dernier tapote sur la joue. Je ne lui avais jamais vu ce tic, que je trouve aussitôt adorable !

— Pour la téquila, je crois bien que Gladys doit avoir des bouteilles dans un coin ! Elle aimait bien se prendre des apéros quand elle habitait encore ici... 

— Ca rattrape un peu.

Cléandre s'approche et attrape ma taille pour m'attirer à lui avant de quémander un baiser.

— Et si je te dis que je n'ai jamais goûté ce cocktail, ça rattrape totalement ?

Je l'embrasse avec fougue, trop heureux d'acquiescer. Et encore plus heureux de pouvoir le traîner derrière moi à la recherche de l'ingrédient manquant. 

Nous fouillons d'abord la cuisine. Un échec cuisant. Puis la salle à manger. Le salon. Chacune des chambres sans plus de succès. 

— Tu as encore mes clefs sur toi ? me demande soudain Cléandre.

Je lui montre le trousseau. Il s'en empare avant de m'entraîner à sa suite dans le couloir de l'immeuble. Le temps que mon amoureux appelle l'ascenseur, la porte a claqué derrière nous avant de cliqueter pour se verrouiller. 

— Tu m'emmènes où ? m'enquiers-je en entrant à sa suite dans la cabine.

— À la cave. C'est là que Gladys a collé tous mes vieux jouets, ça m'étonnerait pas que sa caisse d'alcool y ait fini aussi !

—  Tes vieux jouets ? Tu avais des jouets ?

— Figure-toi que j'ai été enfant aussi un jour, se moque-t-il. Il paraît même que j'ai été bébé à un moment, mais je suis sûr que c'est une légende.

Je ricane malgré moi, mais pas question de lui accorder cette petite victoire !

— T'es con. Je veux dire que ça me fait plaisir que tu me laisses rentrer dans ton intimité !

Il me jette un regard un brin lubrique avant de se mordre les lèvres.

— J'aurais peut-être dû formuler ça autrement, reprends-je avec un soupçon de rire dans la voix. Je voulais dire que ça me fait bizarre de t'imaginer enfant, en train de jouet avec des cubes ou des figurines ! Quand j'imagine le nombre de secrets cachés dans ta cave... ouais, ça aussi c'est bizarre, non ?

Indéchiffrable CléandreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant