Chapitre 20

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J'avais ce chapitre en tête, c'est un ajout par rapport à la v1 : inédit pour tout le monde ! Il fallait que je l'écrive, je ne pouvais pas attendre :x
Je n'ai pas pu attendre pour publier non plus :p

(PS : n'hésitez pas à venir découvrir l'éveil des Trolls, disponible sur ce même compte !)


– Il faut qu'on parle. 

Sans douceur, je m'installe aux côtés de la jolie brune avec la ferme intention de l'interroger. Je dois savoir si Cléandre a menti à ma mère ou non. Et s'il n'a pas menti, je compte bien mettre ses secrets à nu avant de me lancer dans quoi que ce soit avec lui, n'en déplaise à ma mère. Ma personnalité m'empêcherait d'être heureux avec un homme trop mystérieux. 

Mes béquilles dévalent l'escalier de l'amphithéâtre. Peu importe ; le visage de Sarah focalise mon attention. Les traits défaits, les yeux rougis, le maquillage mal appliqué et les cheveux en bataille. Je l'ai assez observée pour reconnaître quand elle ne va pas bien. Aujourd'hui : elle ne va pas bien. Je me sens soudain un peu piteux. Nul besoin de lui parler pour avoir la réponse à ma question : son bel amoureux a bien rompu avec elle. 

– Nathéo... tu es bien la dernière personne à qui j'ai envie de parler aujourd'hui.

– Pourquoi donc ?

Un soupir lui échappe. Ses doigts glissent dans ses cheveux dans une tentative infructueuse de les discipliner.

– Je n'ai quasiment pas dormi, j'ai cherché des solutions, je n'en ai pas trouvé. 

Face à mon air aussi idiot qu'interrogatif, elle poursuit :

– Cléandre m'a quitté pour toi, je pensais qu'il te l'aurait dit. Que vous l'auriez fêté, même !

– J'avais rompu av... pardon ? Comment ça pour toi ?

– Tu veux vraiment qu'on parle de ça ? Tu trouves pas ça un peu... déplacé ?

Ma bouche s'ouvre, puis se ferme : elle a raison. Je suis un être ignoble. Je fais primer mon besoin de me rassurer sur son bien-être. Alors, je bredouille des excuses, je lui promets de la laisser tranquille et de chercher mes réponses seul. Elle soupire encore avant de m'ébouriffer les cheveux, presque avec tendresse. Puis, sans prévenir, elle range ses affaires, se lève du banc, fait de même avec les miennes puis me demande de me lever. Je lui obéis, sans un mot. Mes mains attrapent les béquilles qu'elle a ramassées. Quand elle m'invite à la suivre hors de l'amphithéâtre, je la suis sans savoir pourquoi. Nous marchons en silence dans les couloirs, sortons de la faculté pour aller nous installer à un café situé en face du bâtiment Lettres. 

Pendant que nous attendons — elle un thé à la bergamote, moi un café — je lui fais part de mon incompréhension : pourquoi me traîner ici si elle trouve mon comportement déplacé ? Si elle m'estime responsable de sa rupture ? Va-t-elle me hurler dessus ? Elle me rassure aussitôt : elle ne m'en veut pas. Elle savait depuis le début que leur relation ne menait nulle part, que les intérêts de Cléandre se dirigeaient vers les garçons. Elle a préféré ne rien dire, s'installer dans cette confortable routine. Après tout, Cléandre s'est toujours montré gentleman avec elle. Elle a fini par tomber amoureuse, lui non. Elle n'a jamais eu le courage de rompre. Au fond, elle gardait l'espoir de devenir numéro un dans son cœur. 

Cette fille m'impressionne : elle a su tenir pendant presque un an une relation qui m'a rendu fou en quelques semaines.

 Une serveuse au sourire figé dépose notre commande avant de disparaître dans le café. Des milliers de questions me brûlent les lèvres. Après avoir avalé une longue gorgée de liquide tiédasse, je me décide pour l'une d'elles :

Indéchiffrable CléandreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant