Chapitre 68

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J'ai l'impression de traverser la soirée au lieu de la vivre. Les mêmes pensées tournent et tournent encore dans ma tête. J'ai rompu avec Cléandre. J'ai vraiment par message. J'ai vraiment rompu avec Cléandre par message. Et cet idiot s'est contenté de me laisser en « vu ».

Malgré moi, je le cherche parmi les invités. C'est ridicule : il n'a rien à faire là. Il n'est ami avec aucun d'entre nous, encore moins avec notre reine de la soirée. Et pourtant, je ne peux m'empêcher de sonder le salon plongé dans une semi-pénombre, encore et encore. 

L'atmosphère n'a rien à voir avec la fête donnée par Sarah il y a quelques mois. Pas de musique trop forte. Peu de monde. Des grappes de trois à quatre personnes qui discutent. Quelques invités non prévus que Célia a accueillis à bras ouverts. Des copines à elles que nous ne connaissions pas. 

Bientôt, Gaspard s'isolera avec elle pour faire sa demande. En toute discrétion. Dans l'intimité. Rien que tous les deux. Alors que je digère encre ma rupture et que Jared n'a pas eu le courage de finaliser la sienne. Selon lui, il y a une chance qu'Ava ne mélange pas tout.

Moi, je me sens juste trahi. Il ne me devait rien, certes, mais sans lui, je n'aurais jamais envoyé ce message à Cléandre.

Je regrette... ou pas. Ou si ? Je sais pas !

Mon obstination à le chercher faiblit quand une des amies de Célia m'approche. Elle me complimente. Flirte. S'accroche à mon bras. Flirte encore. Au départ, je reste de marbre. Mon cœur écorché ne pense qu'à Cléandre. Et puis la rancœur l'envahit. L'amertume. La colère. Pourquoi devrais-je m'empêcher de m'amuser à cause de lui ? C'est mon ex désormais, même si la manière de rompre n'avait rien de classe.

Elle ne me plaît pas vraiment, ne m'attire pas plus que ça. Rien qui ne soit rédhibitoire pour un coup d'un soir, n'est-ce pas ? J'essaie en tout cas de m'en convaincre alors qu'elle m'enlace pour déposer un baiser sur mes lèvres. Elle m'attire ensuite vers l'entrée. Elle veut aller dans le jardin. Au calme. Pour aller plus loin. 

En ai-je envie ? Je ne sais pas. En tout cas, mon pénis réagit lorsqu'elle caresse mon entrejambe à travers mon jean. Alors qu'elle ouvre la porte, je la tire par le bras pour la coller au mur et l'embrasser à pleine bouche. Je colle mon corps au sien, elle frissonne de contentement. Ses doigts agiles déboutonnent mon jean. 

Nos langues ne se quittent plus. J'avais oublié à quel point ça peut être torride puisque Cléandre n'apprécie pas ce genre de baisers ! 

Nath, non ! Tu penses pas à lui ! T'es à l'anniv de Célia, avec une fille bien chaude, alors profite !

Oui, je vais profiter. D'un geste expert, elle s'empare de ma verge qui durcit en une poignée de secondes pendant que je tire un peu ses cheveux en arrière pour qu'elle me regarde.

— Hey... tu me sucerais ?

Elle cligne des yeux, esquisse un sourire salace.

— Comme ça ? Dans l'entrée ? Célia m'avait pas dit qu'elle avait un pote dépravé comme ça ! Ça me plaît. 

Sa langue glisse sur lèvres. Son regard pétille d'envie. 

 — On pourrait nous surprendre, susurre-t-elle encore.

— J'ai fait bien pire avec un public, rétorqué-je.

— Dépravé, rit-elle en m'enfilant un préservatif. Et après, tu me prendras dans tous les sens ?

— Évidemment ! 

Ses mains chaudes baissent mon pantalon et mon caleçon sur mes cuisses. Elle s'agenouille devant moi. Son souffle chaud caresse ma peau nue. Elle réduit la distance entre nous... et se fige quand des pas font crisser le gravier de l'allée. 

Indéchiffrable CléandreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant