6. Réunion au sommet

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« Les saisons passent aussi vite que la confiance se fane. »

Maxime Ahèsienne

***

En entendant ce ton froid provenant d'Adonaï, Caleb avait l'impression d'être redevenu enfant lorsque ses parents l'appelaient quand ils avaient décrétés qu'il avait fait une connerie. Étant adulte depuis un certain moment maintenant, se retrouver actuellement devant, certes une personne de plusieurs milliers d'années et un dieu par excellence, à se faire réprimander n'était pas ce dont Caleb raffolait le plus. Et la seule méthode qu'il avait en tête était de ne pas parler, de regarder ailleurs et d'attendre que la divinité interrompe ses diatribes.

Celui-ci stoppa ses remontrances quand il vit que Caleb visiblement agacé ne l'écoutait d'aucune oreille. Obtenant enfin le silence de Sa Très Bavarde Déité, Caleb qui avait réussi à se calmer commença à raconter la disparition d'Eheil et l'étrange salle dans laquelle il était tombé. Il sauta la partie où il s'était senti regardé et de ses pensées gênantes qu'il avait eu avant que le dieu n'arrive dans la salle. Le démiurge au visage juvénile le regarda un moment, sans faire de commentaire, pensant de faire quelque recherches plus tard. Mais avant :

— Bon c'est pas pour rien mais suis moi Caleb. IL ne faut pas les faire attendre. finit-il avant de s'engouffrer dans l'ouverture par laquelle il était entré.

— De qui ? demanda Caleb à Mickaël qui était venu et qui était resté à côté sans dire mot.

Il répondit d'un un air qui se voulait mystérieux :

— Tu verras petit faye.

Puis il partit laissant Caleb avec cette singulière réponse aux mots plus que douteux. Il suivit l'archange essayant de ne pas broncher par le petit nom dont il était affublé et laissèrent derrière eux les trois anges et leurs rires. Ce passage les avait directement amenés dans une autre pièce beaucoup plus grande. Quatre piliers en marbre blanc étaient disposés aux extrémités de celle-ci.

Si l'on regardait avec attention on pouvait voir une monumentale bibliothèque ajustée remplies d'imposants ouvrages et encyclopédies. Il y avait plus d'une vingtaine de portes non closes d'où l'on pouvait observer de chaque côtés des colonnettes d'angle sculptées de fleurs et de fruits. Enlevant son regard de ces immenses meubles, il se retourna vers le grand bureau qui se trouvait en face d'une titanesque porte en bois rouge gravée de grandes feuilles de saël*, symbole de paix et de sagesse.

Le bureau était encombré de livres grands ouverts d'où dépassaient plusieurs pages manuscrites. Quelques-unes de ces feuilles voletaient tout autour du meuble qui se déposèrent sur le sol en un fouillis. Derrière le fauteuil en cuir se trouvait une grande et magnifique baie vitrée d'où on pouvait discerner un paysage apaisant d'un parc orné d'une dizaine d'arbres aux troncs imposants et aux feuilles chatoyantes. Une douce brise faisait balancer l'herbe grasse du sol. Ajouté à cela un ciel bleu céruléen au soleil brillant qui de ses rayons, effleurait un bassin rempli d'une eau limpide formant plusieurs nuances d'azur que l'on pouvait observer dans un kaléidoscope.

Bouche bée devant ce céleste paysage ressemblant à une peinture, Caleb n'entendit pas la porte s'ouvrir. Ce n'est que lorsque celle-ci claqua qu'il se retourna surpris. L'homme qui était entré avait de longs cheveux noirs attachés en queue de cheval. L'extrémité de sa chevelure était ornée de plusieurs mèches orange ce qui donnait l'impression que celles-ci bougeaient comme les flammes d'un feu. Ses yeux étaient noirs comme du charbon et si l'on regardait bien on pouvait apercevoir quelques reflets rouges. Il avait une longue balafre s'étendant sur toute sa joue gauche. Celle-ci durcissait son regard sans pour autant le défigurer. Ce qui changea son regard froid en un beaucoup plus doux quand cet homme rencontra le visage enfantin d'Adonaï assis sur le bureau au milieu de feuilles. On pouvait percevoir alors un discret sourire fleurir sur ses lèvres. Portant un long manteau noir à large capuche l'homme qui se trouvait être Mâra salua ledit dieu d'une voix posée.

Le livre du Temps : les larmes de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant