Chapitre 18. Obsession

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« Ô dieu de lumière puisse ton sang m'obtenir l'abondance promise,

Par ce serment, ma fraternité te revient

Ô dieu de trahison puisse ton sang me donner la violence dû,

Par ce crime, ma passion t'appartient

Ô dieu de sacrifice puisse ton sang m'accorder l'apaisement des maux jurés,

Par cette abnégation, mon être s'abandonne »

Cantique de Ludvaetyr, Lo, scribe de l'union royale de Palos.

***

Du sang, il lui fallait du sang ! Cette faim la taraudait comme une vieille amie et depuis si longtemps, que ce maudit soleil illuminait toujours la pièce censée avoir les rideaux tirés. La silhouette noire était particulièrement affamée. Il lui manquait toujours plus, surtout dans ces moments-là où elle ne pouvait qu'attendre son saint Graal. Si bien qu'elle en oublia de se poser les bonnes questions, qui était entré en ce lieu interdit ? D'un coup sec, les tentures émeraude tombèrent, plongeant la petite salle discrète, qui ne payait pas de mine, dans la pénombre coutumière. Sa soif se stoppa rien qu'à penser aux expériences de ce pleutre, si bien que la silhouette longiligne le fit mander. Ce sot ! Du sang, il lui fallait du sang, des litres et des litres et peut-être même deux ou trois âmes. Un sourire cruel se manifesta sur ses lèvres pleines. Qu'elle était impatiente !


***

Attablée, le dos voûté, une ombre à la musculature raide observait des fioles rondes remplies d'une substance inconnue. De ses doigts fins et noueux, la silhouette d'homme manipulait, d'un côté, des plantes séchées et de l'autre une cisaille tranchante armée de longues lames argentées. Le plan de travail était vieux, presque abîmé si ce n'était les coins torsadés en bois verni qui dévoilaient le contraire. À côté, des échantillons mystérieux, un petit promontoire en bois lui aussi, était surplombé d'un minuscule chaudron où bouillait des feuilles et une substance noire comme du quinquina. La pièce était sombre excepté l'espace du bureau où une grande lampe de table au pied ciselée l'éclairait de sa lumière. L'homme s'arrêta un instant, marmonna quelque chose avant de pester sur son travail qui avait brûlé. La matière bleue, contenue dans les flacons, commença à osciller comme si elle était vivante, faisant bouger le verre qui l'enveloppait. L'individu habillé de manière simple, si ce n'était le cercle d'or qui enserrait son front, réagit au quart de tour. Le claquement sec de sa main sur la chaise stoppa les tremblements de ces échantillons. Il baragouina des termes intelligibles de contrariété, se leva brusquement de son siège et se précipita en direction des étagères où il farfouilla. Avant de prendre un petit livret à la couverture noire. Il feuilleta promptement et posa son doigt sur un mot presque effacé tant il avait été touché, tripoté par le membre noueux.

- Qu'ai-je oublié, qu'ai-je oublié... répétait-il sans cesse.

Fébrile, il abandonna l'ouvrage, en saisit un deuxième puis un troisième, mais toujours rien. Lorsque tout à coup son sourcil tressauta. Fronçant sa glabelle, il réfléchit rapidement, puis il s'arrêta de manier le volume d'une couverture rouge cette fois-ci. Il le jeta d'ailleurs par terre avant de bouger au passage une escabelle. Puis il empoigna le dictionnaire tout en haut de l'étagère. Dans sa hâte, il faillit chuter de son rehausseur, mais se rattrapa vite à la barre en délaissant l'ouvrage qui tomba en un fouillis sur le sol. Exaspéré et avec une agilité tout autre de sa structure rachitique, il descendit rapidement de son perchoir. Ramassa l'épais bouquin et alla le poser sur la table où ses plantes et ses fioles l'attendaient. Ainsi que la mixture bouillie qu'il laissa refroidir en éteignant le gaz en dessous.

Heureux de son intelligence, l'homme chantonna des paroles sans queue ni tête avant de tourner les feuilles jusqu'au mot sang. Là, il apposa un signet puis à âme, où il fit exactement la même chose. Il retourna à la première page, prit son calepin et commença à noter :

- Le sang fait partie de toute vie humaine ou animale, il est indispensable à la survie

- Le sang a des propriétés curatives, rajeunissantes, et confère l'immortalité (à voir pour cette dernière), le sang des êtres impurs qui peuplent notre monde fait partie de cela.

- Ça, je le savais déjà, consentit-il pour lui-même.


- Le sang est lié à une divinité : Ludvaetyr (faire des recherches sur ce soi-disant Dieu)
-
Le sang ne fait aucune distinction avec l'âme
- Le sang contient un pouvoir surnaturel, pour le détenir des sacrifices sont nécessaires,

- Étrange... pensa l'homme. D'où vient... Il ricana puis soudainement il s'écria :

- Haha ! Ça... je sais. Âmes, petites âmes, chantonna-t-il d'un air cassé, ici ! s'exclama-t-il à haute voix, après avoir tourné et retourné des pages de l'encyclopédie. Avant de continuer à griffonner.

- Comme le sang, l'âme est séparable du corps (rien à déclarer)
-
L'âme et le sang sont indissociables.

- Si l'on mélange les deux, pensa-t-il, il faut que j'essaie haha !

Dans les recherches qu'il faisait depuis un certain temps maintenant le nom de Palos, Ludvaetyr et immortalité avaient été beaucoup vus. Dans un livre où la couverture tombait en morceaux, un paragraphe l'interpella plus que les autres : « Il existe une, le mot était effacé, dont il paraîtrait que le nardag serait une panacée. Chaque personne qui s'en délecte pourrait revenir à la vie sans aucuns sévices. Les anciennes histoires racontent que ces personnes seraient les descendants d'un Dieu, il resterait... » la section se stoppa net à cet endroit comme si quelqu'un avait voulu le supprimer.

L'homme rouspéta, ses recherches commençaient tout juste à devenir intéressantes. Tant pis pour l'instant, songea-t-il, remonté. Pris au dépourvu coupé en pleine réflexion par un appel de l'appareil de communication à côté de lui. D'un geste de la main impatient, il se leva, écouta attentivement, son visage ridé marqua l'étonnement par la suite. La bouche ouverte, l'insulte était sur le bout de la langue, avant qu'il ne claque la porte et quitta la pièce prestement en souriant de fascination.


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⏰ Dernière mise à jour : Jul 22 ⏰

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