16. Le choix

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« Chaque choix que tu fais est le bon pour toi, m'avait-on dit. Mais j'ai su bien plus tard que l'on ne pouvait croire en personne. On m'avait raconté des mensonges : c'est pour ton bien, tu es le meilleur, on ne veut que ton bonheur. J'avais cru avec confiance, que les choix que j'avais faits étaient pour m'aider, pour mon bien-être. Mais ces décisions étaient devenues des sacrifices de ma part, de mes parts, pour des gens qui n'en valaient pas la peine.

C'était pour cela que ma notion de choix était peut-être faussée aux yeux des autres, mais moi je pense qu'elle était complètement réaliste. On me traitait d'égoïste, je n'en avais que faire. On m'insultait de meurtrier, pourquoi pas. De fouineur, Peut-être. Après tout ce qui les intéressait, c'était lesdites erreurs des autres, alors qu'ils n'en avaient que faire des leurs. Hypocrite ! leur disais-je. Assassin ! ripostaient-ils. MES préférences, MA vie n'avaient pas lieu d'être à leurs yeux, je n'étais qu'un pantin, un fou sans cervelle, mais quand je pointais leurs propres choix, ils m'accusaient de les mettre en danger... Alors je vivais pour moi, avec ces brimades, ces mensonges qui m'enfonçaient dans la solitude, mais au moins j'étais LIBRE. »

Récit d'un être brisé et libre, Recueil IV

***

Région de Lada, Ho'fäa, Monde inhumain,

Ce fut une nuit sans rêve pour tout le monde. C'était si calme que personne n'avait pris conscience que quelque chose se tramait en enfer. Assis dans de grandes chaises dans une salle mal éclairée aux allures gothiques, deux ombres bavardaient discrètement à la lumière de deux grands cierges. La première ombre avait une silhouette voluptueuse, un magnifique visage aux joues rondes, plusieurs tatouages de serpents se mouvaient sur sa peau. En face d'elle, un homme, les yeux gorgés de sommeil, enlaçait un énorme oreiller, de longs cheveux bouclés coulaient le long de ses yeux où deux poches noires se mêlaient à la peau blafarde de son teint. Il ne paraissait pas très beau pour ceux qui l'approchaient contrairement à son homologue, mais la pâleur de son visage donnait à cet homme un air éthéré. Leurs noms : Lilith et Hypnos. Une ombre apparut immédiatement aux côtés des frères et sœurs :

- Pourras-tu les accompagner ? On m'a demandé de faire quelque chose pour lui, chuchota-t-elle.

N'attendant pas la réponse de l'enchanteresse, la silhouette qui connaissait déjà sa réponse partit aussi calmement qu'elle était venue.

- Ma foi, cela va être intéressant, déclara Lilith à voix haute dans un état second. Hypnos en face d'elle approuva d'un léger son de gorge fatigué.

La sereine conversation se termina lorsque le corps de l'homme s'affaissa, Lilith soupira à la vue de son frère endormi et quitta la salle en le portant dans ses bras.

***

Caleb et Samaël attendaient depuis plusieurs minutes déjà l'arrivée de celui qui devait les accompagner, mais toujours aucune vue de l'archange. Clairement agacés par le retard de Mickaël, ils décidèrent alors de partir lorsqu'ils aperçurent une silhouette au loin. Quelle ne fut pas la surprise du démon quand il reconnut Lilith, maîtresse des serpents et enchanteresse de renom.

- Salut Maël, déclara Lilith lorsqu'elle fut près d'eux, ignorant volontairement l'humain.

- Pas ce surnom, soupira le général démon dépité à son interlocutrice. D'un coup d'œil, Samaël supplia presque l'enchanteresse de saluer Caleb. Ce qu'elle fit de mauvaise foi en roulant des yeux. Effectivement, la première impression des deux n'était rien de moins que très mauvaise. Pour Lilith, Caleb n'était qu'un nuisible qui s'était retrouvé sur leur chemin et pour Caleb sa méfiance avait érigé un mur si épais qu'il était impossible de ne pas voir ce que la démone pensait, une envie de faire disparaître un insecte d'un claquement de doigts. Ce fut dans cette atmosphère presque lourde et silencieuse que le voyage commença. Arrivés en kari à Tnète, la deuxième plus grande ville après Tyr dans la région de Lada, ils en louèrent une deuxième jusqu'à un bourg du nom de Kor. L'atmosphère ne s'était toujours pas déridée, la laissant pesante sans forcément que Caleb, Lilith ou Samaël ne change grand chose. Ils passèrent en un coup de vent dans une petite boutique qui vendait quelques vivres. Les seuls vêtements que Caleb avait pris étaient une simple tunique à manche longue et il avait laissé derrière lui son écharpe ayant peur d'avoir trop chaud lors de l'expédition. Ils suivirent les dires des habitants de la ville et arrivèrent à l'entrée du désert de Rymkal.

Le livre du Temps : les larmes de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant