Amnésie

Chapitre 11.

Je plonge mon regard dans celui de Lydia. Je ne comprends absolument pas ce qu'elle me dit et non plus pourquoi depuis un bon petit moment elle est aussi bizarre.

- Qui prononce mon nom ? je demande en regardant la télé.
- La télé, me répond-elle en la montrant du doigt.

Je jette un regard Stiles, il me fait de grands yeux et secoue la tête. Il ne semble pas comprendre ce qu'il se passe non plus.
Il sort son téléphone et compose un numéro. Il marmonne à l'intérieur du micro de façon à ce que l'on n'entende pas ce qu'il dise. Seulement, à la fin, il hausse le ton et s'agite, faisant les cent pas.

- Grouille toi ! Et demande à...

Bip...bip...bip. La personne semble avoir raccrochée. Il daigne me dire qui est cette personne. Je commence à perdre patience. Je hais ce qu'il m'arrive. Tout d'abord je sors d'un sommeil - auquel je n'ai même pas le souvenir de m'être endormie, on me dit que je suis amnésique, ensuite quand je pense trouver une stabilité dans ma vie il faut que j'hallucine, et enfin je me retrouve avec une fille, qui au passage est surement schizophrène, qui dit que la télé ne fait que de prononcer mon nom...

- Tu vois quelque chose dans la télé ? je demande soudain, une idée derrière la tête.
- Il est rare que je vois des images sur ce que j'entends... Cela est arrivé peu de fois, me répond-elle.

Mon idée retombe alors, je pensais que si elle voyait quelqu'un dans cet écran, elle aurait pu me le décrire. Je fixe l'écran pendant un bon moment et tout à coup j'aperçois comme un point blanc traverser celui-ci horizontalement de gauche à droite. Ce point se transforme en long trait horizontale qui se met à gondoler comme lorsqu'il y a une fréquence, un son. Seulement, je n'entends rien... Je tourne le regard vers Lydia qui semble concentré, une autre idée me vient.

- Lydia, tu peux essayer de répéter en même temps ce que la voix te dit ? je demande rapidement.

Elle hoche la tête. Je fixe l'écran et elle commence : "Kathleen !". Au moment où elle prononce mon nom le trait blanc gondole vers le haut et retombe lorsqu'elle arrête. "Kathleen !", pareil. Je lui dis de continuer, histoire d'être sûre que ce ne soit pas une erreur. Stiles a dû se ronger tous les ongles de ses mains jusqu'à la dernière miette. S'il pouvait ronger ceux de ses pieds, je suis sûre qu'il le ferait. Il n'avait cessé de nous poser des questions jusqu'à ce qu'il comprenne que nous ne faisions pas attention à lui. J'aime le faire patienter, que les rôles s'échangent. Tout à l'heure, je lui posais des questions et il ne me répondait pas, pourtant il n'était pas occupé. Maintenant c'est moi qui le fait, mais moi, je suis réellement occupée.

Nous ne voyons pas le temps passé. Stiles s'est assis sur le canapé derrière nous et a posé sa tête sur son coude qui repose sur l'accoudoir. Je sais qu'il est contrarié, mais je ne sais pas pour quelle raison j'aime ça, le contrarier, en fait juste quand il m'agace.

- Bon alors tu vas m'expliqu... la voix de Scott retentit.

Je suis absorbée par l'écran et Lydia semble aussi l'être. J'entends Stiles se lever d'un bon en sautant.

- Que se passe-t-il ici ? demande une voix grave, celle de Deaton.
- C'est bon Lydia, on arrête, je lui dis.

Elle arrête et je vois bien qu'elle essaye de faire abstraction de ce qu'elle entend. Elle me fait un petit sourire peu convaincant et va s'assoir sur le canapé les yeux dans le vide. Elle ne comprend surement pas pourquoi je lui ai demandé de faire ce qu'elle a fait.

- Ca fait dix minutes chrono qu'elles sont plantées devant cette écran de télévision, Lydia répète "Kathleen" et Kathleen... Bah elle fixe l'écran en disant à Lydia qu'elle doit continuer, explique Stiles. Plus psychopathe tu leurs ! Quoi que...
- Pourquoi faisiez-vous ça ? demande Deaton alors que je prends place à côté de Lydia.
- Elle dit entendre mon nom à travers la télé. Et il s'avère que j'ai encore vu quelque chose. Un point blanc qui est devenu un trait qui bougeait vers le haut, comme une sorte de fréquence, quelque chose qui mesure la puissance de la voix ou du bruit de quelque chose...
- Et donc, alors que tu entendais son nom Lydia, toi Kathleen tu voyais ce qui le diffusait ? demande Deaton l'air intrigué.
- Voilà.

Deaton s'approche de moi, touche ma joue de sa paume l'air admiratif, il met mes mains dans les siennes et les retourne de façon à ce qu'il puisse voir mes paumes. Stiles s'agite. Deaton murmure quelque chose dans sa barbe. J'aimerais vraiment savoir ce qu'il dit mais je n'ai pas le courage de lui poser la question.

- Oh, et y'a autre chose ! s'écrie Stiles. Vous voyez les griffures dans son cou ?
- Non, Stiles, il n'y a aucune griffure dans son cou, lui répond Scott, l'air désespéré.
- Attendez mais je vous assure qu'il y en a.

Il s'approche de moi, pousse lentement mes cheveux qui tombent sur le devant de mon cou et une sensation étrange me parcours. Je fais un pas en arrière, il ne semble pas le remarquer, il a l'air effrayé. Ce qui m'effraie, moi, c'est plutôt pour quelle raison me suis-je sentis bizarre lorsque qu'il a posé sa main sur moi ne serait-ce qu'une fraction de seconde. Cela doit être un de mes nouveaux trucs, ressentir des choses...