Chapitre 18.

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Je plie à toute vitesse le papier et le plonge au fond de mon sac en regardant tout autour de moi, très anxieuse. Ca commence à me faire très peur. Au début, cette tâche noire n'était rien, mais au fur et à mesure qu'elle grandit, je ne peux m'empêcher de penser au pire.

- Un peu d'aide ? me demande une voix familière.

Je me retourne et vois Théophile. Il sourit, d'un sourire charmeur.

- Euh... Non ça va, je posais juste les livres dont je n'ai pas besoin.
- Je voulais dire, que... Je pouvais t'aider à trouver quelque chose, tu avais l'air perdue.

Il fronce les sourcils, puis hausse les épaules et me présente son bras pour que je vienne m'y accrocher. Il est si prévenant. C'est étrange ce geste amical alors que nous ne nous connaissons pas, mais ça me fait du bien. J'ai bien l'intention de me faire au moins un ami ici.
En marchant, nous discutons. Nous croisons même Stiles et sa bande sans que je n'y prête attention.

- Tu n'oublies pas que ce weekend tu viens chez moi hein ? me demande-t-il.
- Bien sûr, ça me fait plaisir.

La sonnerie retentit et j'ai cours de mathématiques. Théophile de science. Nous nous séparons en nous faisant des signes de salut.

- C'était qui ?! me demande Stiles en s'asseyant à la table juste devant moi.

Je lève les yeux au ciel.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ?
- Rien... Enfin... Vous aviez l'air très proches...
- C'est un ami, dis-je en souriant légèrement.

Ce qui est faux, enfin je crois. Mais avec Théophile, je n'ai pas trente six mille questions à me poser sur notre amitié. Avec Stiles c'est si compliqué, un coup nous sommes amis, et un autre il ne l'est plus... Stiles regarde son stylo et gigote. Puis il se retourne en marmonnant quelque chose qui ressemble en un "Ouais...".

J'essaie de me concentrer sur le cours mais je n'y arrive pas. Tout simplement parce que mon esprit est complètement concentré sur Stiles... Il a l'air très énervé. Je le sais, je le vois... Rien qu'à la façon qu'il a de rayer chaque petit mot sur sa feuille.

Mon dos me pique, j'ai froid et chaud à la fois. J'ai l'impression que des épines veulent me sortir du dos. Je veux que ça s'arrête. Je me lève vivement, plonge ma trousse et mon cahier dans mon sac et m'en vais en courant dans le couloir. Les toilettes, il me faut trouver les toilettes. Je dois avouer que la douleur me désoriente.

- Kathleen ! Tout vas bien ?
- Pas maintenant Stiles !

Je tend ma main vers lui en même temps que je lui dis cette phrase afin qu'il n'approche pas. Mais il approche. Mon cœur bat la chamade. J'ai mal, j'ai peur.

- N'approche pas.
- Pourquoi ?
- Je ne vais pas bien.
- Je m'en fiche. Je veux que tu me pardonne.

La douleur grandit encore plus. Je pense avoir compris comment augmentait ma tache : par mes émotions. Or, la présence de Stiles ne m'est pas de toute aide. Je ressens quelque chose pour lui.

Oh. Ok...

Je m'enfuis et sors du lycée. Je dois rentrer chez moi. Maintenant. Des mains m'attrapent. Je reconnais le parfum masculin de Stiles. Il m'agrippe fort. Il faudrait que je me débatte, mais je n'en ai pas envie.

- Laisse moi.
- Non, toi laisse moi me rattraper. On va chez Deaton et ensuite je t'emmènerai quelque part pour que tu acceptes mes excuses.

[...]

- Tu peux avaler.

J'ai l'esprit tout chamboulé. Deaton et moi avons beaucoup parlé. Pour lui, il n'y a rien de plus clair : je suis dans la ligne de mire de chasseurs... Il m'a expliqué qu'il pouvait effacer ma marque noire mais que ça me ferait faire de drôles de rêves. Je lui ai posé la question qui me trottait le plus dans la tête : pourquoi je ne faisais plus d'hallucinations. Il m'a répondu que c'était parce que j'étais bloquée. Que c'était sûrement dû à cause de la tâche mais il n'en était pas sûr.

Ce qui m'amène à maintenant. Je dois boire une sorte de jus grisâtre qui ressemble à de l'essence et qui a une odeur de bouilli moisie. Je pince mon nez, sous les regards de Deaton et Stiles. Stiles m'encourage avec des phrases bienveillantes. Je bois. À peine le remède entré dans ma bouche j'ai envie de tout recracher, mais je ne peux pas. Il faut faire partir cette marque.

- Une dernier chose, les rêves que tu vas faire seront révélateur de ce que tu souhaites et ce dont tu as peur.

Je n'écoute pas Deaton, je tombe à la renverse. Au fur et à mesure que je tombe j'atterris sur un sol bétonné, il fait assez froid. Lorsque je me relève je vois Logan et Lucy - celle-ci est enceinte. Ils paraissent heureux. J'entends une voitures klaxonner. Je me rends alors compte que nous sommes en plein milieu d'une route sombre et cachés par le brouillard. Sans voiture, sans rien. Logan et Lucy ne se préoccupent de rien, je leur fait des signes car ma voix ne veut pas sortir.

La voiture avance de plus en plus vite, elle klaxonne toujours mais ne s'arrête pas. Je barre la route. Alors qu'elle n'est plus qu'à un millimètre de moi, elle ne me touche pas en continuant d'avancer, elle vient juste percuter Logan et Lucy. Ils crient. Je manque de défaillir. Mon cœur a lâché. Logan agonise lorsque je fais le tour de la voiture. Il y a du sang partout. Je n'ose pas regarder Lucy. Je pleure, je pleure. J'enlève ma chemise afin de la presser contre le torse de Logan. J'appelle à l'aide mais rien ne sort.

- Tu m'as déçu Kathleen. Tu as détruis ma vie, celle de Lucy et la tienne.

Je ferme les yeux en même temps que les siens se ferment aussi. Lorsque je les rouvre, Stiles est devant moi. Nous sommes devant un lac et il me sourie. C'est comme si tout était un rêve, rien ne s'était passé avec Lucy et Logan, et j'en suis soulagée.

- Je t'aime, me dit-il.
- Je t'aime.
- BON ! Trêve de sentiments : allons nous baigner.

Je fouille dans mon sac afin de prendre ma crème solaire. J'ai le sentiment d'être apaisée. C'est curieux. Très curieux. Je ne m'étais jamais sentis aussi en paix avec moi-même. J'ai toujours eu peur qu'il m'arrive quoi que ce soit...

- Kathleen regarde ! Je sais faire ça !

Je souris, Stiles a l'air si jeune en me parlant de cette manière ! Il plonge la tête dans l'eau et fait dépasser ses pieds, qu'il agite. Une silhouette noire se dessine et se rapproche de lui.

- STILES ! STILES ! STIIIIIIIIIIILES !

Je hurle à la mort. Je sais qui est cette silhouette. Je comprends tout. C'est la même personne que l'esprit qui nous avait hanté Lydia et moi il y a quelques mois lorsque nous étions chez elle. Cet esprit est... Le chef des chasseurs de voyantes. Je veux avancer mais je ne peux rien faire. Je hurle encore et encore.

Une mare de sang se créer et la douleur est énorme. Dans mon rêve avec Lucy et Logan j'avais ressentis une douleur et j'avais cru que c'était la pire de toute. Seulement : je me trompais. Il n'y a rien de pire que ce que je iOS en train de voir maintenant.

Mon cœur est déchiré en de toutes petites miettes, mais d'abord il est torturé. Je pleure, je hurle plus encore. Je me débat. La silhouette noire s'approche de moi et me murmure.

- En réalité, tu es déjà morte.

Cette phrase tourne en boucle dans ma tête alors que celle-ci me fait un mal de chien. Je sens la terre bouger autour de moi. Tout est blanc. Je ne sens rien sauf les larmes qui coulent sur mon visage. Il est mort. Il est mort...

- Si tu es là ouvre les yeux Kathleen.

Une voix encore flou me fait sursauter. Je suis dans le cabinet vétérinaire, dans un coin de la pièce, allongée sur le sol. Stiles a rongé tous ses ongles et me regarde fixement. Deaton a un énorme bouquin dans les mains. Je sens que j'ai pleuré.

J'ai soudain le sentiment confortable que tout n'était que rêves. Stiles est toujours vivant, bien qu'il ne soit pas mon petit ami - j'en rougi, j'espère qu'il n'a pas entendu le "Je t'aime".

- Qu'est-ce que tu as vu ? me demande Stiles, anxieux.
- Vous... Vous n'avez rien entendu ? je demande.
- Oh si... Tu n'as pas arrêté d'appeler Stiles en criant, pleurant et en cassant tout sur ton passage.

Je regarde autour de moi et vois que tout est cassé. C'est le résultat d'un monstre, pas moi.


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