Le malheur des un fait le bonheur des autres

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Mes poings serrés sur le couvre lit que j'occupe, je ferme les yeux lorsqu'on extrait le tube de ma gorge et respire bruyamment en essayant de ne pas penser à ses quinze centimètres qu'on a enfoncé dans ma trachée. Pense positif Daryl, pense positif; je songe à Isa et ces flash de notre futur enfant, un petit garçon... Mon Daniel.

— Voilà, on a fini de vous embêter monsieur. Vous pouvez à nouveau respirer tout seul.

— Merci, répondis-je avec une voix qui n'est pas la mienne.

J'écarquille les yeux sur le médecin.

— Ne vous en faites pas pour ça, les effets se seront estompés d'ici la fin de la journée.

Je hoche la tête et tente de palper ma gorge avec mes doigts mais des anneaux métalliques solidement attachés aux barreaux de mon lit m'en empêchent.

— C'est vraiment nécessaire ?

— Je vous demande pardon ?

— Les menottes, c'est vraiment nécessaire ?

— Ce n'est pas à moi d'en référer monsieur Ortega, répond le médecin en s'éloignant vers la sortie.

Je le suis du regard lorsqu'il franchi le seuil de la porte et s'arrête auprès de Matt et Auriane qui boivent ses bonnes paroles.

— Connard ouais, marmonné-je dans ma barbe.

Mes yeux roulent des lèvres du médecin au visage souriant de mon frère qui le prends aussitôt dans ses bras et lui serre la main chaleureusement en déblatérant quelque chose d'inaudible pour moi. Je détourne mon regard et croise les prunelles d'Auriane qui agite sa petite main dans les airs et lui rends l'appareil du mieux que je peux sous mes liens. C'est quand même dingue ça, j'échappe à la mort pour quoi ? Pour tomber entre les mains des flics... Si ce n'est pas le comble ça !

Je sors de mes lamentations quand on frappe trois coups légers contre la porte.

— Salut frangin, dit Matt en passant sa tête dans l'ouverture. Comment tu te sens ? Me demande-t-il en entrant, sa femme à sa suite.

— Comme un lion en cage, répondis-je avec exaspération.

— On va te sortir de cette situation au plus vite Daryl, d'accord ? clame Auriane. On va te trouver le meilleur avocat de la ville et plaider ta cause.

— Tu parles d'une cause... grogne Matt.

Je vois Auriane lui mettre un petit coup de coude dans les côtes et faire la grimace.

— De quoi je suis accusé exactement ? Demandé-je avant de poursuivre. Acte terrorisme, violation de propriété, agression sur agent ?

— Y a un peu de tout ça oui, avoue-t-elle.

— Ça va me couter dans les combien, trente ans, la perpétuité ?

Je les vois qui déglutissent en se jetant un regard.

— C'est bien ce que je pensais... Marmonné-je.

— On trouvera le moyen d'alléger ta peine, me reprend Matt. Après tout, tu n'as tué personne.

Encore heureux que j'ai tué personne, pensais-je tout bas.

— Oui, il faut rester positif, déclare Auriane en esquivant un faible sourire.

La sonnerie d'un téléphone met fin à ce moment de gêne qui prenait place dans la pièce.

— Excusez-moi, c'est le mien, dit-elle en tirant le smartphone de son sac.

Elle jette un regard sur son écran et lève son index pour demander une minute avant de s'éclipser dans le couloir et disparaître définitivement de notre vue. Je me racle la gorge et me redresse sur ma couchette en fixant mon frère avec insistance.

Le Passé Reste Présent - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant