Le grand jour

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J'éteins le téléviseur qui diffuse un portrait détaillé du fugitif le plus recherché de New York et traine des pieds en montant à l'étage. Les jours et les nuits courent au ralenti depuis que Daryl et Isa ont quittés le pays, cinq semaines se sont seulement écoulés, cinq ! Et pourtant j'ai l'impression que des mois entiers ont défilés. Comme chaque soir depuis que nous ne sommes plus que quatre dans cette immense maison, je me réfugie dans la chambre des petits pour les prendre dans mes bras et caresser le présent que leur parrain leur à laissé avant son départ, une gourmette qu'il aurait dû leur remettre au moment du baptême.

_ Coucou princesse, dis-je par dessus son berceau.

Je prends Mila dans mes bras et m'installe dans le fauteuil pour lui donner la dernière tétée de sa journée.

Je fais jouer la fine maille qui encercle sa petite menotte sous ma pulpe et effleure l'inscription gravée dans l'or au même moment ou ses paumes chaudes viennent se nicher sur mes épaules.

_ Bonsoir mes princesses, murmure-t-il en butinant mon cou.

_ Bonsoir mon amour.

_ Tu as passé une bonne journée ?

_ Dans l'ensemble oui s'il on fait abstraction de certaines mésaventures.

_ Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

_ Mila a griffé Juan dans le visage parce qu'elle ne voulait pas rester dans le parc pendant que je travaillais.

_ Ou ça ? Demande-t-il en allant jusqu'au lit de Juan.

_ En dessous de l'oeil, lui expliqué-je. Mais ce n'est rien de très grave.

_ Cette petite a déjà du caractère.

_ Oui, répondis-je en caressant son petit nez. Et toi, s'était comment ta journée ?

_ Éreintent... partage-t-il en se tournant vers nous.

_ Tu veux en parler ?

_ Non, je ne préfère pas t'embêter avec ça, ce que je veux c'est prendre une douche et aller me coucher, je suis claqué.

Je ne sais même pas pourquoi je continue de lui poser cette question quand nous nous retrouvons en fin de journée alors que je connais déjà sa réponse... C'est perpétuellement la même chose depuis des semaines.

_ D'accord.

_ Tu me rejoins quand t'as fini avec les petits ?

_ Hum, hum...

_ À tout à l'heure.

Ma poitrine s'abaisse violement lorsque je suis à nouveau seule avec les enfants. Je plonge mes yeux dans ceux qui m'observent par dessus mon sein.

_ Il te manque à toi aussi, pas vrai ?

Un hoquet vient séparer sa petite bouche de ma chair.

_ Doucement, princesse.

Je la love contre moi et tapote son petit dos en faisant jouer le rocking chair d'avant en arrière pour lui faire son rot quand mes yeux s'arrêtent sur le magnifique mobilier qu'il tenait à nous offrir pour la naissance de ses neveux, un faible sourire se dessine au coin de mes lèvres lorsque je cache mes iris sous mes paupières et repense à ce soir là. Une multitude de frissons viennent lécher mon épine dorsale quand je ressens sa présence à mes côtés. Je lâche prise sur la réalité qui m'entoure et laisse mon subconscient me transporter dans ce délicieux tourbillons de souvenirs...


A cet instant, de l'autre côté de l'Atlantique...

Je ferme l'ordinateur portable depuis lequel je gère les affaires familiales au Nord de la France et retranscrit les chiffres dans le petit carnet prévu à cet effet, une règle que je ne peux transgresser si je ne veux pas me mettre Pablo à dos. Je sais que vous pensiez que j'en aurait fini avec tout ça, mais non, je ne suis pas sorti du circuit et je le dois à Auriane. Elle a longuement négocier un accord avec son père pour que je prenne la main sur ses sous-traitants et fournisse la drogue sur l'autre continent. C'est un des moyens qu'elle a mise en place pour que je ne me sente pas totalement déconnecté de ma vie passée et je dois bien l'avouer, pour moi c'est le deal parfait ! Je peux continuer à œuvrer dans l'ombre des autorités américaines tandis que Pablo gère les capitaux qui fructifient sur mon ancien territoire, enfin de compte nous n'avons procédé qu'à un simple échange de business. Et pourtant je ne me sens pas pleinement satisfait de cette situation, je ne veux pas dire par là que ma Mustang ou bien même mes biens mobiliers me manquent, non, ce qu'il me manque c'est l'essentiel, eux... Je pose mes yeux sur le cadre photo qui trône au pied de la lampe de bureau et observe les visages souriant qui nous entourent Isa et moi. Une quinte passe la barrière de mes lèvres lorsque je me remémore ce jour, notre premier portrait de famille en l'honneur de leur naissance. Je musarder sur la petite Mila dans les bras de sa mère et me souvient qu'il avait fallut la changer à trois reprises avant de pouvoir immortaliser ce moment. Dorénavant c'est la seule chose qu'il me reste d'eux, des souvenirs et ces quelques photos que Matt m'envoie par voie postale quand il en à le temps. J'aurais tellement aimé pouvoir rester à leurs côtés et voir grandir les enfants de mes propres yeux...

Le Passé Reste Présent - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant