MARS 2016
Les semaines ont passé. J'avais fini par expliquer à Olivia, avec qui je tissais une solide amitié, ce qui m'avait amenée à Marseille. Je savais qu'elle en parlerait à Tonton qui en parlerait à Papy mais ça ne me dérangeait pas. Julien, Ahmed et leurs amis venaient toujours au restaurant presque tous les jours. Julien me saluait maintenant, au même titre qu'Olivia. Honnêtement, à ce moment-là, il était le dernier de mes soucis. Qu'il me dise bonjour ou pas, qu'il me parle ou pas m'était franchement égal. Olivia beaucoup moins. Cela me faisait sourire quand je la voyais approcher de leur table en tremblant presque. Elle rougissait rapidement en leur présence. Un jour où ils étaient venus pour manger, Olivia apportait sur un plateau les boissons commandées. Je ne sais pas trop ce qui s'est passé, mais le plateau s'est renversé et une partie des boissons ont atterrit sur Ahmed. Tous ses amis se sont mis à rire, Ahmed pas vraiment. Olivia ne savait plus où se mettre et tentait tant bien que mal de rattraper ses bêtises. Je la regardais en souriant, amusée par la situation. Mon regard a croisé celui de Julien, il a haussé les épaules en souriant. J'ai fait une tête mi-désolée, mi-amusée. Lorsque lui et son groupe ont quitté le restaurant ce jour là, il était bien 15h et c'étaient les derniers clients. J'étais sur la terrasse en train de fumer une cigarette.
— Salut la petite ! A demain ! M'a lancé Ahmed en m'apercevant.
Je lui ai seulement fait un geste de la main pour le saluer à mon tour. Julien qui était devant s'est retourné pour regarder à qui parlait son ami. Il m'a lancé :
— C'est mal de se moquer de ses collègues !
Sa remarque et son accent m'ont fait sourire mais je n'ai rien répondu. Il m'a fait un signe de la main et a continué sa route.
Julien et moi avons vraiment parlé la première fois un matin. Je m'en souviens comme si c'était hier. Ma nuit avait été courte. Je me suis réveillée en plein milieu de la nuit, en sueur, après un rêve hanté par mon petit-ami décédé. Je pleurais et avais du mal à reprendre mon souffle. Après quelques instants, allongée dans mon lit les yeux grands ouverts, j'ai décidé de me lever et de sortir prendre l'air. Je me sentais oppressée et j'avais besoin de respirer. J'ai enfilé un jean trop grand pour moi, un vieux pull trop grand également et une doudoune. Nous étions au mois de mars et les températures à 3 heures du matin étaient basses. J'ai pris mes écouteurs et j'ai marché sans réellement de but. J'écoutais un vieil album de Supertramp et je pensais à mon papa. C'est son groupe préféré et leur musique m'a bercée toute mon enfance. J'étais nostalgique. Mes parents me manquaient, ma mère appelait tous les jours pour prendre des nouvelles et je le savais, pour se rassurer de me savoir toujours en vie. Mes sœurs m'envoyaient des messages régulièrement, elles m'en voulaient un peu d'être partie, de les avoir laissées. Mais elles comprenaient ma décision et espéraient qu'un jour je revienne. Mon père m'appelait moins mais je restais plus longtemps au téléphone avec lui. C'était le seul à vraiment comprendre et appréhender ce qu'il se passait dans ma tête. Discuter avec lui me permettait de mettre des mots sur ma souffrance et ma peine. Je n'avais donné aucune nouvelle à mes amis. J'avais reçu des tonnes de message me demandant où j'étais, ils avaient fini par savoir en interrogeant mes sœurs. Alors ils m'avaient demandé pourquoi j'étais partie, pourquoi je ne leur avais rien dit. Je n'avais pas pris la peine de répondre une nouvelle fois, n'arrivant pas trouver les mots pour leur expliquer. J'étais nostalgique de ma vie d'avant et je me demandais si j'avais pris la bonne décision de partir. Et puis son visage apparut dans mon esprit, je n'arrivais pas à le faire partir. Il était là, dans tous les lieux qu'on avait fréquenté: chez mes parents, chez ses parents, à la mer, dans notre bar habituel. Des larmes ont coulé subitement sur mes joues et j'ai su que j'avais bien fait de partir. Mais même si c'était le bon choix, ce n'était pas pour autant simple à accepter et digérer.
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Scélérat
FanfictionJe ne me suis jamais sentie aussi seule que ce jour-là. Tout était flou autour de moi, le sol se dérobait et mes jambes flanchaient. Mon monde s'écroulait. Je n'arrivais pas à voir quel pouvait être l'issue de ce cauchemar. Mais souvent le destin...