23 - La petite qui y avait cru

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AOÛT 2017


Les semaines qui ont suivi la naissance d'Omar n'ont pas été simples pour Sana. Ahmed avait clairement avoué qu'il n'était pas prêt à assumer son rôle de père, que sa priorité pour le moment c'était la musique. Sana l'avait très mal pris mais s'était résignée. Nous l'avons tous soutenue. Olivia lui a trouvé un appartement plus grand. Julien a insisté pour payer la différence de loyer entre son ancien appartement et le nouveau le temps qu'elle puisse financer elle-même. David et moi nous sommes engagés à lui trouver un boulot dès qu'elle serait prête. Pour le moment, elle se concentrait sur son bébé et son nouveau rôle de mère. Il lui allait si bien. J'étais toujours aussi gaga de mon filleul. J'avais du mal à réaliser. J'ai dû demander une quinzaine de fois à Sana si elle était sure de son choix, si elle était certaine de vouloir que ce soit moi la marraine. Jamais avant on ne m'avait fait autant confiance.


Julien allait mieux, en tout cas, j'en avais l'impression. Il avait repris à fond la musique. On se voyait surtout le soir quand il rentrait du studio, parfois très tard. Ma relation avec lui me plaisait bien. Même si on s'embrouillait encore à cause des sautes d'humeur de Julien, c'était malgré tout simple avec lui. C'était fluide. Je n'avais pas peur de lui parler de mes doutes, mes craintes. Il me rassurait quand il le pouvait. Il se livrait aussi, toujours avec une grande pudeur, mais je pouvais lire en lui comme dans un livre ouvert. Il savait que je savais ce qu'il pensait, ressentait. Nous refusions toujours de dire que nous étions un couple. Nos amis nous charriaient souvent avec ça. Sa mère aussi aurait aimé que nous soyons un peu plus clair sur ce qu'il y avait entre nous. Je prenais régulièrement le café avec elle au restaurant. Je la soupçonnait d'avoir un faible pour Tonton. C'était vraiment un femme incroyable. Plus j'apprenais à la connaître, plus je comprenais l'admiration qu'avait Julien pour elle. Elle me taquinait souvent pour essayer de gratter des informations sur Julien et moi. Je lui disais toujours:


 Joëlle, je ne vais rien te dire de plus que ce que t'a déjà dit Julien.


Cela la faisait rire. Je savais que Julien lui disait tout. Mais ça ne dérangeait pas. Moi, je n'avais rien dit à mes parents à propos de ma liaison avec Julien. Ni à mes sœurs. Ni à mes amis de Bretagne. J'avais des contacts plus réguliers avec eux par message ou téléphone même si j'avais l'impression qu'un fossé s'était creusé entre nous et que rien ne serait plus jamais comme avant. Mais ça ne me rendait pas si triste que ça car à Marseille, j'avais de nouveaux amis avec qui je me sentais très bien et qui ne me regardait pas sous le prisme d'un homme mort. Je rentrais à la fin du mois chez mes parents pour quelques jours, je me disais que j'allais peut-être parler de ma vie à Marseille et surtout de Julien à mes sœurs. J'aurais eu du mal à leur cacher ma relation avec lui.

J'en ai parlé un soir à Julien. Nous étions en train de nous battre dans son lit parce qu'il venait chauffer ma partie du lit. Nous aimons tous les deux que le lit soit frais quand nous allons dormir. Alors nous avions un jeu quand nous trainions avant de dormir: venir sur la partie de l'autre pour la chauffer et garder la sienne fraîche. Et ça finissait souvent en bagarre et avec mon côté du lit chaud et le sien frais. J'étais en train de le pousser de toutes forces en appuyant sur ses épaules pour qu'il retourne sur son côté du lit. Il a attrapé mes avant-bras et s'est mis à califourchon sur moi.


 On rigole moins là hein ? A-t-il dit d'un air victorieux alors que j'étais coincée sous lui.

 Bouge, allez ! Ai-je dit en essayant de défaire mes bras de ses mains.

 Qu'est-ce que t'essayes de faire là ? M'a-t-il rétorqué en riant.

ScélératOù les histoires vivent. Découvrez maintenant