Scélérat

27 - Je le connais

JANVIER 2018

J'ai fêté le Nouvel An avec les filles, Nour et quelques copines à elle. La soirée avait été calme, nous ne sommes pas sorties en boîte. Il faut dire que j'avais la tête ailleurs. L'échange avec Julien m'avait chamboulée. Je l'avais senti sincère mais je n'arrivais pas à ne plus lui en vouloir. Je ne voulais pas me faire avoir une deuxième fois. J'en ai parlé avec Sana et Olivia.

— T'es dure la vérité Romy. A commenté Sana.

— Dure ? Ai-je demandé. Pourquoi ?

— T'es plutôt bornée sur ce coup là. M'a fait remarquer Olivia. D'habitude t'es pas aussi rancunière.

— Vous êtes en train de me dire quoi là ? Ai-je demandé presque vexée. Que je devrais lui laisser passer et pardonner ?

— Mais non ! S'est exclamée Sana. Pas forcément. Mais j'sais pas, lui reparler quoi.

— Ça servirait à quoi ?

— En dehors de ce qui c'est passé entre vous, c'était ton pote avant. Vous vous entendiez bien, c'est dommage. A continué Sana.

— Ça peut pas être mon pote si j'ai la haine contre lui.

— Laisse tomber Sana, elle veut pas comprendre ce qu'on lui dit. A rétorqué Olivia en levant les yeux au ciel.

J'avais très bien compris où elles voulaient en venir. Mais je ne voulais pas leur donner raison. C'est vrai que j'étais moins rancunière d'habitude mais je voulais me protéger. Si je devais reparler à Julien, rester pote, ça lui laisserait la porte ouverte pour jouer. Et je ne voulais plus jouer avec lui. Je n'avais plus eu de nouvelles de lui depuis notre entrevue à l'hôpital. Je savais qu'il allait mieux, qu'il avait pu sortir mais qu'il avait dû annuler plusieurs de ses dates de concert.

J'ai de nouveau eu de ces nouvelles au milieu du mois de janvier. J'étais au bureau, il était tard, presque 20h30. J'étais en réunion avec Tonton et David sur des sujets importants liés au développement de l'activité des restaurants et sur d'autres projets qu'avaient en tête David. Mon téléphone a sonné une première fois. C'était Joëlle. Je n'ai pas répondu. Elle a rappelé. Je lui ai envoyé un texto pour savoir ce qu'elle voulait. Elle n'a rien répondu et a rappelé. Tonton m'a dit de décrocher. Je ne me suis pas fait prier.

— Allo ? Ai-je dit en sortant de la pièce.

— Allo Romy, a dit Joëlle la voix tremblante, désolée de te déranger mais Julien va pas bien.

— C'est-à-dire ? Me suis-je inquiétée. C'est ses poumons ?

— Non, non il est en train de péter un câble. Il a bu. Il m'a interdit d'appeler les gars. Je sais pas quoi faire. A-t-elle pleuré.

— Joëlle, t'es pas en danger ? Ai-je demandé bêtement.

— Non non bien sûr que non. S'est-elle empressée de répondre. Mais il est chez moi là, il est en colère, je sais pas comment le calmer. Il ne m'écoute pas. Je... Je suis paumée là.

— Je suis désolé Joëlle, ai-je dit, mais je vois pas comment je peux t'aider.

— Tu pourrais peut-être venir toi ? A-t-elle demandé avec une petite voix.