30 - Capitulation

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MARS 2018


J'étais adossée sur un des murs de la petite cour du restaurant. J'avais les mains sur les hanches et je respirais profondément. Je ne voulais pas craquer. Je ne voulais pas pleurer. Pas ce soir. J'ai poussé un long soupir et j'ai senti une présence dans cette cour. Il faisait sombre mais la nuit commençait à disparaître au profit du jour et je n'ai pas eu de mal à distinguer la silhouette de Julien avancer vers moi. Arrivé à ma hauteur, il s'est planté en face de moi et a posé sa main sur mon bras. Je regardais mes pieds, ne voulant pas que mon regard plein de larmes croise le sien.


 Ça va petit cœur ? A-t-il demandé doucement.

 Ne m'appelle pas comme ça. Ai-je lancé sans quitter le sol des yeux.

 Désolé. A-t-il dit calmement. Ça va ? A-t-il demandé une nouvelle fois en penchant la tête pour capter mon regard.

 Ouais ça va. Ai-je soupiré. J'avais juste besoin de prendre l'air.

 Je sais. A-t-il dit.


J'ai enfin relevé la tête et j'ai planté mon regard dans le sien. Il semblait peiné pour moi, une moue désolée était affichée sur son visage. Un long frisson m'a parcouru, j'étais sortie sans prendre ma veste et ma robe ne m'aidait pas à me réchauffer. Julien l'a remarqué et il a enlevé sa doudoune blanche pour me la donner. Je l'ai enfilé et je me suis effondrée. Je ne sais pas vraiment pourquoi c'est à cet instant précis que je n'ai plus réussi à contenir mes larmes mais c'est un fait, je me suis effondrée. Les larmes ont coulé le long de mes joues, de violents sanglots m'ont secoué et mes jambes avaient du mal à me tenir. La forteresse que j'avais érigée autour de mon cœur avait volé en éclat après quelques verres de Menthe Pastille et la simple évocation d'un piano m'avait fait sombrer.

Julien, devant mon torrent de larmes, a pris mes épaules et m'a attiré contre lui. Il a serré ses bras autour de moi et ma tête est venu se caler sur son torse. Il a posé sa tête sur le haut de mon crâne et j'ai senti sa main me frotter le dos. Il n'a rien dit, il était juste là. Je me sentais bête de craquer dans ses bras, moi qui avait tant voulu lui cacher mes faiblesses ces derniers mois. Mais en même temps, je n'aurais pas voulu que ce soit quelqu'un d'autre à sa place.

Après de longues minutes, j'ai repris mon souffle et j'ai cessé de pleurer. Je me suis écartée de Julien, en baissant la tête, un peu gênée par cette effusion de larmes. Ce n'était pas mon genre, du tout. Julien a replacé une de mes boucles blondes derrière mon oreille. Il a posé son pouce sur ma joue et a essuyé une larme qui n'avait encore fini de couler.


 Tu veux que je te ramène chez toi ? A-t-il demandé.


J'ai esquissé un sourire. Il ne perdait pas le nord.


 Je ne monte plus dans les voitures des gens bourrés ou défoncés. Ai-je déclaré.

 Je suis ni l'un ni l'autre. A-t-il dit avec une pointe de fierté dans la voix.

 Ah bon ? Ai-je demandé étonnée.

 J'ai arrêté la fumette. A-t-il dit toujours avec fierté. Et je voulais pas boire ce soir, je voulais pas être con.

 Putain, j'aurais du faire pareil. Ai-je dit en pouffant.

ScélératOù les histoires vivent. Découvrez maintenant