Scélérat

6 - La petite et le rappeur

JUIN 2016

Quelques jours après la soirée, Julien et ses collègues sont venus manger un soir au resto de Tonton. Olivia était malade. J'étais seule en salle et Tonton était en cuisine avec son apprentis. Je courais dans tous les sens et les gars s'amusaient à me demander plein de choses pour m'agacer.

— Romy on peut avoir du pain stp?

— Romy on peut avoir une bouteille ?

— Romy on peut avoir encore du pain ?

— Romy on peut avoir du parmesan stp ?

— Vous êtes sérieux ? Ai-je fini par m'énerver. Vous êtes en train de bouffer votre dessert !

Leurs éclats de rire m'ont finalement fait sourire et j'ai décidé de les ignorer le reste de leur repas. Ils ont essayé de m'appeler à plusieurs reprises mais face à mon indifférence, ils ont laissé tomber. A l'addition, ils se sont encore un peu moqués et je leur ai juste montré mon majeur en guise de réponse.

— Oh ça va ! A pouffé Le Big.

— Qui aime bien châtie bien non ? A ajouté Julien avec un clin d'œil.

— Ouais c'est ça. Ai-je répondu faussement vexée. Allez dehors ! Ai-je dit en montrant la porte.

Ils sont sortis en riant du restaurant. J'ai commencé à débarrasser leur table. Un téléphone avait été oublié. J'ai rapidement compris grâce au fond d'écran que c'était celui de Julien. Je me rappelle m'être dit que c'était vraiment pas malin de sa part et qu'il aurait pu tomber dans des mains beaucoup moins bien intentionnées que les miennes. J'ai prévenu Tonton qui a appelé le manager de Julien pour le prévenir.

— Romy, il va passer récupérer son téléphone d'ici une petite heure. Je dois absolument y aller, ça te dérange pas d'attendre ?

Il était déjà minuit bien tassé. J'ai acquiescé et Tonton est parti en me remerciant. Je pouvais bien être arrangeante parce qu'il l'était dès qu'il le pouvait avec nous. Ça me faisait plaisir de lui rendre service. Et je dois avouer qu'au fond de moi, même si j'essayais de refouler cette idée, je n'étais pas mécontente de voir Julien non plus.

J'ai terminé de ranger le restaurant en attendant et j'ai fermé les portes. Je me suis installée sur la terrasse. Une clope au bec, je profitais du calme et de la douceur de la nuit. Julien est arrivé un bon quart d'heure après.

— Ma sauveuse ! S'est-il exclamé en montant les marches de la terrasse.

Je me suis levée et je me suis approchée.

— Tenez Monsieur. Ai-je dit en lui tendant son téléphone.

— Merci, tu me sauves la vie !

— Ouais, tu as de la chance d'être tombé sur une fille aussi sympa que moi. Ai-je dit en blaguant.

— C'est clair ! A-t-il répondu en rangeant son téléphone dans sa poche et en sortant son paquet de cigarette. Comment je peux te remercier ?