18 - Game of Life

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Titre :The Game Of Life

Genre : Side-story de Partners in Crime, songfic, deathfic

Rating : K+

Contexte : Lost Canvas

Personnages : Kardia (PDV), Dégel, mentions brèves de Rhadamanthe et Unity

Pairing : Pas vraiment

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The time has come

For me to talk to you

And I don't mean

To hurt your pride

Maintenant que le silence est tombé sur moi comme la nuit tombe sur le monde au crépuscule, j'ai envie de penser à toi. De te parler une dernière fois, comme on en avait l'habitude autrefois. À savoir, sans élever la voix - de toute façon je n'en ai plus la force.

J'ai toujours cru que tu ne m'aimais pas, Dégel du Verseau. J'avais comme l'impression qu'un mur se dressait entre nous deux. Que tu ne comprendrais jamais pourquoi je me battais et comment je le faisais. J'avais beau essayer d'attirer ton attention, d'engager une conversation, même lorsque tu étais là pour apaiser mes fièvres, tu ne disais rien d'autre que le strict nécessaire. À croire que notre amitié s'est construite sur des non-dits.

- Quoi ? Tout ça pour des bouquins ? Tout ce trajet pour arriver dans un trou paumé tout glacé, et tout ça pour qu'Athéna nous demande de garder des bouquins ? Rassure-moi, y'a autre chose derrière ? On va bien casser du surplis, hein ?!

- Cesse donc d'être idiot, Kardia. Ce ne sont pas que de simples livres. Ils détiennent en eux tout le savoir du monde.

Trop fier, trop froid, trop calme, trop sérieux, tu me donnais l'impression d'être inaccessible. J'avais presque envie de te... Oui, de te casser la figure. De te faire ravaler et tes lunettes, et ton orgueil. Mais je suis comme ça, je m'énerve pour rien. Et toi, tu es ce que tu es, et je t'aime bien comme ça, finalement.

Lorsque ton vieil ami s'est joint à nous, puis lorsqu'il a été tué, j'ai vu dans ton regard une fureur semblable à la mienne. De la passion animait tes pupilles améthyste. Et lorsque tu m'as laissé avec ma dernière proie, j'ai compris. J'ai compris qu'à ce moment-là précisément, tu as fini par m'accorder toute ta confiance. Car tu as réussi, sans même que je ne m'en aperçoive, à entrer dans mon monde et à le saisir. Rien que de me savoir assez haut dans ton estime pour obtenir ta confiance, ça me rend la chaleur qui peu à peu quittait mon cœur - mais celui-ci s'arrêtera inexorablement de battre. Mon cœur malade, qui me fait vivre et me tue en même temps.

In the game of life

We live and die

Another breath begins

C'est dingue, ce que la vie est faite de paradoxes... Tiens, regarde notre amitié par exemple. Tu incarnes le froid, l'absence d'émotions, la sagesse d'esprit, t'es le Chevalier le plus intelligent du Sanctuaire. Et moi, je n'étais qu'un feu ardent, brûlant de passion, qui ne demandait qu'à exploser et à tout emporter sur son passage - et pour la réflexion on repasserait plus tard. Et puis, il y aussi ce jeu auquel j'ai joué et auquel, je l'espère, tu continueras de participer encore longtemps. Ce jeu de la vie et de la mort, qui nous pousse à mourir pour la vie des autres, qui nous pousse à survivre pour la mort des autres. Quand je mourrai, quelqu'un d'autre naîtra. Même si ce soir le monde s'éteint pour moi, il s'allumera pour un nouveau-né, et il continuera d'exister pour tous ceux qui vivront encore, parce que cette guerre s'arrêtera avant que les lumières ne soient éteintes par Hadès. Extinction de mes feux d'un côté, naissance d'une flamme de l'espoir de l'autre. C'es drôle, non ? J'ai toujours vu ça comme un jeu amusant, et c'est entre autres pour ça que je souriais et que je déconnais tout le temps.

Another chance to win the fight

From the moment that you hit the ground

In the game of life

Allez, va, Dégel. Maintenant que ma carapace dorée a heurté ce sol glacé qui sera ma dernière demeure, une nouvelle chance de gagner cette bataille est entre tes mains. Je te devais bien ça, après tout. Après toutes les fois où tu m'as sauvé d'une mort certaine, il fallait bien que je te rende la pareille. J'ai beau être un pourri, j'ai un sens de l'honneur. Mais c'est surtout parce que maintenant, c'est clair pour moi comme la glace que tu produis : tu es mon meilleur ami, et je ne pouvais pas, face à la Wyverne, te laisser te faire tuer et te voir échouer ta mission.

You're born to hunt

And never run away

And then you're hunted

By the prey

Nous les Chevaliers d'Athéna, on a pas vraiment le choix. On a une destinée à suivre. La mienne aura été celle d'un assassin du Sanctuaire qui n'aura jamais fui devant la mort et qui n'aura jamais eu peur de la donner à ses proies. J'ai été choisi pour être le Scorpion, et j'ai injecté mon venin sur tout ce qui, à mes yeux comme à ceux d'Athéna, ne valait pas la peine d'exister. J'ai traqué le mal, et je l'ai vaincu par le mal. Et aujourd'hui, j'ai enfin trouvé la proie qu'il me fallait. Une proie qui a fait de moi sa proie. Une proie pour laquelle j'ai dû donner ma vie, une proie qui a enflammé ce bon vieux cœur plein de cosmos. Et tu sais quoi, Dégel ? Si mon cœur a pu s'enflammer aussi bien, c'est certes grâce à ce Rhadamanthe dont je salue le zèle, mais c'est en partie grâce à toi aussi. Je t'en serai éternellement reconnaissant.

In the game of life

The strong survive

We're on a one-way street

We gotta make it out alive

And never let 'em drag us down

Je me rappelle de ces bribes de conversations que l'on avait lorsque l'on était enfants. On savait très bien que notre histoire était tracée, tu pouvais même la lire dans les étoiles - je t'ai jamais vraiment cru jusqu'à aujourd'hui. On savait très bien que cette guerre sainte n'épargnerait que les plus forts d'entre nous. Toi, tu étais persuadé que l'on irait jusqu'au bout, qu'aucun spectre n'aurait notre peau. Et moi, je pensais même que l'on triompherait de cette guerre main dans la main, en tandem parfait.

- Quoi ? Une guerre ? Genre avec des batailles et tout ? Et on va y participer ?!

- Tout le Sanctuaire y participera.

- Et tu crois que l'on se battra tous les deux ?

- Arrête de faire l'idiot, Kardia. Tu vois bien que c'est logique, non ? Si tout le Sanctuaire se bat, nous serons forcément tous les deux présents.

Malheureusement, mon ami, je n'ai pas été assez fort aux yeux des dieux. Mais ça ne fait rien, j'ai pu vivre exactement comme je le voulais, alors je n'ai aucun regret. À part peut être celui de te laisser, sans avoir honoré cette promesse-là, sans savoir si tu t'en sors de ton côté. Mais bon, c'est pas mon genre de me prendre la tête. Moi aussi, j'ai confiance en toi. Alors ça ne peut qu'aller.

Preuve que ça ne peut qu'aller : je n'ai même pas mal quand je sens la vie me quitter ! La douleur, ma passion, ben ça part avec. Je regarde une dernière fois le ciel sombre, et cherche tant bien que mal la constellation du Scorpion, et Antarès. Je me réjouis de savoir que demain, le jour se lèvera, et que d'autres verront ces étoiles - notamment toi qui les lis. Tu sais quoi, Dégel ? Antarès brillera encore plus demain. Parce que je l'aurais rejointe. Demain, je serai une lumière, et je te guiderai. Je suis sûr que de là-haut on a une super vue sur la Terre. Je pourrai te surveiller comme ça. Oui, ça me plaît bien, cette idée. Je vais jouer à un nouveau jeu. J'ai déjà hâte. En plus, mon corps ne sera plus là pour m'embêter. Tête de mule comme je suis, me voilà qui m'élance une nouvelle fois sans réfléchir vers l'aventure. À un de ces quatre, mon pote.

Here comes the morning

It's time to play

The game of life

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Saladier d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant