24 - Seppuku

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Deuxième texte improvisé d'après le fan art en en-tête, plus long et plus complexe dans la syntaxe !

Bonne lecture !

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Hier soir, j'ai rêvé. Moi qui depuis des années suis privé de ce genre d'agrément à mon repos qui n'en est plus un, voilà que m'est apparue en songe une histoire que j'aimerais te raconter, toi qui ne peux m'entendre. Peut être me confier à toi est-ce seulement pour moi le moyen égoïste de m'exprimer et de m'aider à graver ce souvenir onirique dans mon esprit tourmenté, mais hélas, je n'ai plus que toi, mon amie. L'absurdité, ma plus grande confidente, matérialisée sous la forme d'une pierre lourde aux gravures que je ne puis lire sans que ne se comprime violemment mon cœur meurtri.

Ce rêve était si beau, si doux, si empli de bonheur, et ô combien grande est ma douleur depuis que je me suis éveillé et ai constaté avec le plus grand dépit que tout ceci n'était que fiction pure ! Cerveau malade, que je te hais ! Plus encore que la volonté des dieux qui pèse encore sur les frêles épaules des hommes !

Mon cher ami, j'ai rêvé que tel que je me tiens maintenant, j'étais parti me recueillir sur ce rocher vide de sens. Ce rocher qui abrite ce qui me fait désormais guise de cœur: un immense trou, béant. Ce rocher qui suggère un repos qui n'en est pas un. Ce rocher qui désigne le néant. J'étais donc agenouillé auprès de toi, ami rocher, et, voulant combler ce trou que j'ai moi-même creusé sur la terre et dans ma poitrine, j'entreprenais de déposer à tes pieds ma vie. Non pas pour me racheter, mais dans le vain espoir d'ôter le danger que je représente pour le reste du monde, et de montrer tels les grands guerriers d'une époque révolue que la faute commise était regrettée. Vêtu de noir, en deuil de moi-même, je me fichais la dague dorée qui a ébranlé et creusé la terre en pleine poitrine, sourire serein aux lèvres. Peut être mon esprit était-il alors animé par l'espoir désespéré de te rejoindre dans le néant de la mort. Viendrais-tu me chercher aux Enfers ?

Finalement, j'en viens à me demander, ô mon pauvre ami figé par les éléments et l'absence de vie, si ce rêve n'était pas un portrait peint de ma réalité. En effet, mon âme est morte depuis des années déjà, et tu sais à quel point je désire t'offrir ma vie en offrande sur l'autel de ces maudits dieux. Il ne me suffirait qu'à ôter également la vie à cette enveloppe charnelle qui nourrit mon esprit malveillant...

Après tout, mon bien-aimé Aiolos, du rêve à la réalité il n'y a qu'un trépas.

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Saladier d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant