18 novembre 1981
LondresSi Sirius s'était senti mal durant le récit de son compagnon, il n'en montra rien. Il avait continué à caresser ses cheveux sans jamais trahir le tremblement de sa main ou son examen discret du crâne marqué du loup-garou. Remus avait beaucoup pleuré, s'était beaucoup excusé et autoflagellé ; il était difficile pour son amant de l'interrompre ou de réagir à cette histoire glaçante, qu'il s'imaginait très difficilement.
Il ne parvenait pas à mettre des images sur ces actions que Remus assurait avoir commises. Il n'arrivait ni à visualiser son visage déformé par la rage ni à illustrer cette attaque sauvage sous forme humaine.
Rétrospectivement, il s'en voulut d'avoir réagi aussi négativement à la vue de la morsure humaine infectée sur son épaule. Il avait probablement dû être très blessé par son expression horrifiée.
— Mais tu as regretté immédiatement, souligna Patmol avec douceur. Et tu n'as plus jamais recommencé.
— Ça ne suffit pas ! s'écria Remus en s'essuyant rageusement les yeux. Je n'aurais jamais dû...
— Tu n'étais pas toi-même, insista l'Animagus en embrassant sa tempe.
Surpris, il observa Lunard se dégager avec véhémence pour se redresser, le visage enfoui entre ses cuisses pâles et abîmées. C'était plus fort que lui, il devait se cacher. Il ne pensait pas mériter cette affection, cette absolution.
Un soupir franchit les lèvres de Sirius :
— Tu t'en veux suffisamment pour deux, Rem. Tu as dit toi-même que l'excitation générale et l'ambiance survoltée avaient fait céder quelque chose en toi. Et puis, c'était un jour de pleine lune, je suis sûr que tu n'aurais jamais fait ça dans un autre contexte.
— Je ne suis pas censé perdre le contrôle de moi-même sous ma forme humaine ! mugit-il, relevant la tête pour lui lancer un regard furieux. Tu imagines si c'était toi ? Ou James, Lily... Harry ?
— Je ne vois pas pourquoi tu nous attaquerais. Ce sale type t'avait poussé à bout, humilié publiquement, littéralement agressé au milieu d'une foule de lycanthropes hostiles ! Tu te pensais en sécurité affective au milieu de tes semblables. Tu pensais qu'ils ne te feraient jamais le même mal que des humains. Tu étais blessé, fou furieux... Enfin, Remus ! Je te rappelle que tu es particulièrement à fleur de peau avant une pleine lune.
— Et je te rappelle que quand toi tu es à fleur de peau, tu ne vas pas dévorer des gens !
— Mais tu n'as dévoré personne ! se récria Patmol, un ton un peu trop haut. D'accord, tu l'as mordu, c'était mal, mais...
— Je ne l'ai pas juste mordu, Sirius ! Je lui ai arraché un lambeau de peau ! Qui fait ça, à part les monstres ? Et si Lucian ne m'avait pas arrêté, Dieu seul sait ce que j'aurais été capable de faire ! Je ne veux plus jamais...
Son cri se perdit dans un hoquet, ses épaules à nouveau secouées de sanglots. Sa haine de lui-même était si palpable que Sirius en avait mal au cœur. Comment pouvait-il être au clair avec ses sentiments pour les autres quand il souffrait à ce point d'être lui-même ?
— J'ai une excellente adresse de psychomage.
Lupin sursauta, comme s'il lui avait pincé les côtes. Il lui jeta un regard troublé.
— Quoi ? coassa-t-il, reniflant.
Sirius étira un sourire grimaçant, un peu gêné d'avoir jeté un pavé dans la mare sans prévenir.
— La mère de James m'a donné cette adresse, quand j'avais seize ans. Je n'ai eu le courage d'aller la voir qu'il y a trois mois. C'est une excellente psychomage, très douce, très à l'écoute – et ce n'est pas un mur qui attend que tu vides ton sac. Elle est très renseignée sur les dernières avancées médicales, l'actualité sociale... Ça pourrait sans doute te faire du bien. En tout cas, à moi, ça m'a fait beaucoup de bien.
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Juste une nuit || Harry Potter (Maraudeurs, wolfstar)
FanfictionNovembre 1981. Les Potter ont survécu et goûtent à une vie sans menace de mort. Mais Sirius est désespéré : après avoir soupçonné Remus d'être le traître, il a fait voler en éclats leur relation. Parti à sa recherche pour essayer de recoller les mor...