10. La tanière

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Je poste plus tôt aujourd'hui, c'est cadeau. :)
Bienvenue aux nouveaux lecteurs et lectrices, j'espère que cette suite vous plaira !
Il y a un peu plus de légèreté dans ce chapitre, Remus explore un tout nouveau monde (et n'y comprend pas grand-chose).


18 novembre 1981
Londres

Sirius avait bu les paroles de Remus sans l'interrompre une seule fois. Le récit de son errance et de sa transformation solitaire lui avait brisé le cœur, mais il s'était contenté d'écouter.

Il avait enfin des réponses. Et, surtout, il savait désormais que ses pires craintes n'étaient pas fondées. Le soir du 15 août, il avait tourné en rond comme un lion en cage chez les Potter, terrifié à l'idée que Remus serait seul, effrayé et que personne ne prendrait soin de lui à son réveil. S'il avait eu raison sur ces points, le lycanthrope avait cependant su faire avec sans se mettre en danger ni mettre en danger qui que ce soit. Il était très conscient que c'était notamment ce dernier point qui terrorisait son ex-amant. Il ne pourrait jamais se remettre d'avoir attaqué un être humain sous sa forme de loup. Patmol était soulagé qu'il ne porte pas un tel fardeau.

Cela étant, son histoire n'était pas terminée.

— Qu'est-ce que tu as fait pour récupérer la valise, alors ? s'enquit Sirius, comme Lupin demeurait silencieux, perdu dans ses pensées.

Ils s'étaient à nouveau attablés dans la salle à manger, après que l'Animagus eut aidé le loup-garou à se débarrasser des dernières traces de savon en s'accommodant de la pudique serviette passée autour des reins de Remus. Deux tasses de thé vides se trouvaient entre leurs mains, et le lycanthrope avait revêtu un pyjama prêté par Sirius (qui était en réalité l'un des pyjamas qu'il n'avait pas fourrés dans sa valise avant de partir).

— Après avoir repris mes esprits, je me suis dirigé tout droit vers leur camp, reprit le loup d'une voix lointaine. Sans surprise, je me suis fait accueillir comme il se doit...


3 septembre 1981
Yorkshire du Nord

La jambe encore très douloureuse et la gorge asséchée, Remus pénétra dans le campement d'un pas boiteux, mais décidé. Par précaution, il caressait sa baguette du bout des doigts ; il ne comptait cependant l'extirper de sa ceinture qu'en cas d'extrême nécessité, car il était conscient que ce recours magique lui vaudrait sans doute le mépris de ses congénères.

Malgré sa détermination, il ne put s'empêcher de jeter des regards curieux autour de lui. Larges tentes et caravanes s'étendaient de part et d'autre de la grande allée poussiéreuse qu'il parcourait ; par moments, sa mince silhouette disparaissait à l'ombre d'une grande tenture pourpre, suspendue d'une caravane à l'autre. Des braseros et des chaises pliantes émaillaient les flancs du chemin, et il nota à plusieurs reprises des mères enceintes jusqu'aux yeux qui jouaient avec toute une tribu d'enfants.

Lui qui avait toujours été persuadé qu'il n'aurait droit ni à l'amour ni à la paternité, ce spectacle le bouleversait. Cela le renvoya à sa vision tronquée de sa propre relation avec Sirius ; il savait qu'il était profondément amoureux, mais il n'avait jamais osé formuler cette relation comme un véritable couple, quelque chose de solide qui pouvait durer toute la vie et s'étaler avec bonheur à la face du monde. Sans doute était-ce pour cette raison qu'il fuyait toute forme d'officialisation, de peur d'échouer et de laisser les autres se gargariser de ce nouvel échec public.

Les faces émaciées et marquées qui le dévisageaient avec hostilité le tirèrent de ses réflexions. Ce fut comme un uppercut : aucun des membres de cette communauté n'avait plus de quarante ans, et les quadragénaires se comptaient sur les doigts d'une main. Tous semblaient prématurément vieillis, leurs cheveux striés de gris, de blanc, leurs visages ridés avant l'heure.

Juste une nuit || Harry Potter (Maraudeurs, wolfstar)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant