18 septembre 1981
Yorkshire du NordLes jours suivants, la vie au camp était ralentie. Chacun se remettait tranquillement de sa transformation, mais c'était étonnamment facile. Remus était stupéfait. Il n'avait agressé ni mordu personne, les enfants avaient passé une nuit tranquille, et ses souvenirs de la nuit étaient très positifs. Ils avaient essentiellement couru, écumant la forêt à la recherche de proies humaines – en vain. Les animaux qu'ils croisaient allumaient une étincelle d'humanité en eux, et la meute n'avait connu aucun combat, seulement quelques jeux un peu brutaux.
Le réveil en pleine forêt, intégralement nu, n'avait pas été des plus agréables, mais malgré sa faiblesse générale et la nausée qui le tenaillait, il n'était pas blessé. Ils étaient rentrés au camp dans les rires et le froid matinal, se précipitant dans les habitations de fortune pour s'envelopper de vêtements chauds et de couvertures. Aucun loup n'avait montré le bout de son nez avant le lendemain matin, où le quotidien avait peu à peu repris son cours, quoique tranquillement.
Mais pour Remus, le retour à la caravane de Lucian n'avait pas été de tout repos. Son protecteur refusait de lui adresser la parole. Il fallut encore que quelques jours s'écoulent avant qu'il n'explose un soir, alors que Remus avait passé la journée auprès de Marley.
— Tu es le plus idiot, le plus borné, le plus inconsidéré loup que j'aie jamais rencontré, tempêtait Lucian, ses yeux lançant des éclairs furieux tandis que Remus se ratatinait un peu plus à chaque allée et venue de son protecteur. Tu n'as donc aucune jugeote, aucun amour propre ? Tu es la risée de la meute !
— Je suis désolé, bafouilla Remus, la tête basse.
— C'est pour toi que tu devrais être désolé ! Oh, par la lune et tous les saints du monde...
Il leva les bras au plafond de sa caravane, comme pour prendre les dieux à témoin qu'il avait fait tout ce qui était en son pouvoir.
— Je suis sidéré. Tu n'avais qu'une seule chose à faire ! Réclamer sa protection et te taire, bordel de merde ! Je vais finir par croire que tu tires un plaisir tordu de l'humiliation qu'on te fait subir. Ça te plaît, de voir Marley ronronner de plaisir à chaque fois qu'il te demande de le masser, de le coiffer, de le laver ?
Lucian poussa une exclamation écœurée, alors que Remus sentait ses joues chauffer à blanc.
— Je n'en tire aucun plaisir, grommela-t-il, humilié.
En réalité, ce n'était pas si désagréable. Sa bonne volonté avait rendu Marley tout à fait fréquentable – il pouvait même se montrer charmant, quand il le voulait. Et... À vrai dire, Remus s'était surpris plus d'une fois à apprécier leur conversation. Sous ses dehors revêches, Marley était cultivé et taquin. Il jouait peut-être les maîtres tyranniques en public, mais loin des regards, il était beaucoup plus affable.
— Alors, mets fin à cette mascarade ! Sa blessure guérit très bien, tu n'as touché aucun muscle, aucun tendon, il n'a pas de séquelle... Tu as payé ta dette. Fais-le rapidement, ou je t'assure que le mépris de la meute sera permanent.
Remus sortit de la caravane complètement découragé, un baquet d'eau chauffée par magie entre les bras. Il s'était jeté à corps perdu dans sa punition publique, espérant éponger sa culpabilité et redevenir un homme à ses propres yeux ; mais le seul résultat, c'était le dédain de ses semblables. Mina, Robin et Shae l'évitaient comme la peste, et même Liam et Erin ne lui adressaient plus la parole. Seul Lucian lui aboyait quelques mots avant d'éteindre les chandelles, le soir, mais en public, il était seul et isolé.
Les amis de Marley l'ignoraient superbement, comme un elfe de maison perdu au milieu d'un manoir de Sang-Pur.
Finalement, la seule personne avec qui il discutait, ces derniers temps, c'était Marley. Comble de l'ironie.
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Juste une nuit || Harry Potter (Maraudeurs, wolfstar)
FanfictionNovembre 1981. Les Potter ont survécu et goûtent à une vie sans menace de mort. Mais Sirius est désespéré : après avoir soupçonné Remus d'être le traître, il a fait voler en éclats leur relation. Parti à sa recherche pour essayer de recoller les mor...