7. La blessure

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18 novembre 1981
Londres

Si Sirius ne l'avait pas interrompu une seule fois – malgré sa très visible envie de le faire –, il n'était pas parvenu à réprimer les larmes qui dégoulinaient sur ses joues.

— Je suis tellement, tellement désolé, Remus, coassa-t-il, la gorge serrée. Je ne pensais pas... Je ne pensais pas que je t'avais blessé à ce point. Je pensais que tu nierais avec véhémence, que je serais rassuré et que ça irait. Je n'avais pas imaginé que tu puisses partir comme ça et ne plus donner de nouvelles... Je me suis même attendu à ce que tu m'accuses d'être le traître à mon tour !

Le lycanthrope eut un sourire las.

— Je n'ai jamais cru une seule seconde que tu pouvais être le traître, quoi qu'on m'en ait dit.

La culpabilité convulsa les traits de l'Animagus. D'un geste apaisant, Remus posa sa main sur la sienne.

— Merci de t'être excusé, dit-il simplement.

Ce contact, si facile, électrisa Sirius. Il aurait voulu envelopper sa main des siennes, l'attirer contre lui et l'embrasser, mais il était certain qu'il devait le laisser venir à lui, cette fois, et non l'inverse.

Lorsque ses pensées se détachèrent du contact physique, il se rendit compte avec horreur qu'il ne s'était effectivement jamais vraiment excusé jusqu'ici. Ses yeux gris rencontrèrent la douceur de l'ambre, et il eut toutes les peines du monde à soutenir ce regard sans fondre tout à fait en larmes.

— Je suis désolé, répéta-t-il d'une voix gutturale. J'aurais dû m'excuser bien avant. J'aurais dû commencer par ça.

Remus dodelina de la tête, mais ne le contredit pas pour autant. Il semblait amusé par le regard insistant de son compagnon sur leurs mains. Sirius s'éclaircit la gorge.

— Alors... Ce n'est pas du tout à cause de l'alliance que tu es parti ?

Remus sursauta, comme s'il l'avait brutalement aiguillonné. Il semblait confus, les sourcils froncés.

— Non... Non, ça n'a pas motivé mon départ. Même si, soupira-t-il, tant qu'à être parfaitement honnête, j'étais un peu soulagé de ne pas y être confronté d'une manière ou d'une autre.

— Soulagé parce que tu as peur des... conséquences sur moi, si j'ai bien compris ?

— Entre autres, murmura Lupin, les yeux dans le vague. Je te mentirais si je te disais que je n'avais pas peur du tout du regard des gens. Peut-être que... C'est un peu la façon dont je me pardonne ma propre lâcheté. En me convainquant que je fais ça par altruisme.

— Je ne pense pas que tu sois lâche, dit doucement Patmol en entrelaçant leurs doigts.

Sans brusquerie, Remus retira sa main, qu'il posa sagement sur son genou. S'il était blessé par ce geste, Sirius ne se trahit pas.

— Tu serais étonné, répondit posément Remus, le regard soudain voilé d'un nuage acide.

— Je ne pense pas, le contredit son ami en secouant la tête.

— Tu ignores ce que j'ai dû faire pour survivre. Tu n'aurais sans doute plus la même opinion de moi.

Il eut un rire froid, qui ne lui ressemblait pas.

— En réalité, c'est assez ironique, car si tu avais eu cette foi en moi avant que je parte, elle aurait sans doute été assez méritée. Mais maintenant...

Il écarta les bras en signe d'impuissance.

Sirius ne se laissa pas démonter, déterminé à lui prouver qu'il avait foi en lui et qu'il était prêt à tout pour retrouver son amour :

Juste une nuit || Harry Potter (Maraudeurs, wolfstar)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant