Remus avait abandonné le corps de Marley derrière lui. Il ne disposait que de très peu de temps avant sa transformation. La sueur dégoulinait sur ses tempes et ses larmes s'étaient taries alors qu'il titubait dans l'obscurité, s'éloignant le plus vite possible du cadavre.
Autrement, il savait qu'il le dévorerait.
L'horreur de la situation avait anesthésié ses sens et ses émotions. Il avançait mécaniquement, porté par la seule volonté de trouver un endroit où passer sa nuit. Le reste, il verrait à l'aube.
Avec un peu de chance, il s'en prendrait tellement à son corps déjà abîmé qu'il ne survivrait pas au réveil.
Il tomba à plusieurs reprises, à bout de force, mais il trouva chaque fois la détermination de se relever. Enfin, il gagna un village isolé. Il fractura la porte d'une maison qui semblait désertée pour la nuit, s'y enferma à double tour et leva des boucliers pour s'empêcher de s'échapper. Ces simples précautions le vidèrent de son énergie, et il s'effondra sur le sol avant même le début de sa transformation. Il n'avait même plus la force de se déshabiller.
Elle serait moche, celle-là.
Dans un état de semi-conscience, il sut qu'il hurlait. Tremblant convulsivement, il sentait son cœur battre si fort et si vite qu'il semblait vouloir sortir de sa poitrine. Son crâne brûlait, ses os poussaient des craquements sinistres, ses dents lui faisaient mal à en crever... Sa colonne se tordit en lui coupant le souffle, l'obligeant à se mettre à quatre pattes en hoquetant. Son coccyx perça la peau fine pour s'étirer, lui arrachant un gémissement sanglotant.
Ensuite, il ne se rappelait plus très bien. La douleur l'avait peut-être fait sombrer.
Lorsqu'il se réveilla, recroquevillé dans le salon complètement dévasté, il se sentit fiévreux. Cela arrivait lors de ses mauvaises nuits. Et c'était une très, très mauvaise nuit. Il se rendormit presque aussitôt, nauséeux de fatigue.
Du temps passa. Combien de temps, précisément, il l'ignorait.
Un rayon de soleil filtra par un vélux, le faisant frissonner.
Lève-toi.
Ou il pourrait rester ici, et attendre que quelqu'un vienne pour lui. Un rire rauque, éraillé, jaillit de sa poitrine douloureuse alors qu'il songeait à la tête que tireraient les Moldus qui le trouveraient.
Lève-toi, Lupin.
Il lui fallut une heure supplémentaire pour parvenir à se lever sans vomir aussitôt. Il avait de nouvelles brûlures sur les flancs et les bras, mais ce n'était pas si terrible. Il avait connu pire. L'avantage d'une maison de Moldus habitée, c'était qu'il y avait suffisamment de choses à détruire pour que le loup passe d'abord sa rage dessus avant de se jeter sur les boucliers.
Il s'effondra dans le canapé éventré pour reprendre son souffle, complètement nu. Ouvrant un œil voilé, il constata qu'il avait complètement piétiné la télévision et réduit en charpie les meubles. Les Moldus auraient une sacrée surprise à leur retour de vacances.
Dans un gémissement, il s'arracha au canapé, en profitant pour retirer des plumes enfoncées dans ses cuisses et son dos. Dommage pour les moelleux oreillers en plumes d'oie... La démarche traînante, il se dirigea vers la cuisine. Dans le peu de lucidité qu'il lui restait avant sa transformation, il avait barricadé l'accès aux autres pièces. Et il s'en félicitait.
Il décida de prendre un bol de corn flakes avec du lait – du lait, c'était fou, ça. Depuis quand n'avait-il pas bu de lait ? Assis sur une chaise, toujours nu, il mangeait pensivement sa trouvaille dans un bol, les yeux parcourant les placards qui l'entouraient. C'était une sacrée cuisine. Et il mourait de faim.
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Juste une nuit || Harry Potter (Maraudeurs, wolfstar)
FanfictionNovembre 1981. Les Potter ont survécu et goûtent à une vie sans menace de mort. Mais Sirius est désespéré : après avoir soupçonné Remus d'être le traître, il a fait voler en éclats leur relation. Parti à sa recherche pour essayer de recoller les mor...