lundi - 03h45
Ses mains dépassant à peine du gilet affreux dans lequel elle s'était enveloppée pour se protéger un peu de la fraicheur matinale, June porta une nouvelle fois sa cigarette rougeoyante à ses lèvres gercées.
Elle cracha sa fumée par le nez, observant les volutes qui venaient de se former, puis recommença puisqu'après tout, c'était bien la seule chose qu'elle pouvait faire, qu'elle savait faire.Sous ses pieds, la ville s'étendait, parsemée de petits points de lumière que la jeune femme observait en silence puisque de toute manière elle n'avait personne à qui parler.
Elle aurait pu transporter Mistigri jusqu'ici, le tirant par la peau du cou et esquivant ses petits coups de pattes haineux étant donné que cet idiot de chat n'avait toujours pas compris que June n'était pas un individu malfaisant qui voulait le torturer durant de longues heures mais bel et bien sa maitresse.Et après, qu'est-ce la présence d'un chat qui passait ses journées affalé sous la table basse, à craindre que le pot de fleurs pourtant vide ne lui tombe sur le crâne, aurait pu lui apporter ?
Des miaulements si laids qu'ils rappelaient plus le croassement d'un corbeau qu'autre chose.
Et June détestait les corbeaux.La jeune femme écrasa le reste de son bâton de nicotine contre le toit, observant la cendre s'étaler contre la surface verdâtre.
Elle avança la main vers sa poche, espérant y trouver son paquet de cigarettes, avant qu'elle se souvienne qu'elle avait pris la dernière avant de monter ici et qu'elle n'avait d'ailleurs plus assez pour s'en repayer un nouveau.
Sauf si elle souhaiter passer le reste de la semaine à boire de l'eau en guise de repas.Alors, à défaut de trouver de quoi fumer pour occuper les trois heures suivantes qui auraient dû être consacrées à son sommeil plutôt qu'à l'observation de l'univers de la nuit, June tendit la main vers son cellulaire puis plaça son doigt sur le capteur permettant de le déverrouiller.
Comme toujours, ses notifications avaient été envahies par des dizaines de messages auxquels elle ne répondrait que lorsqu'elle serait clouée sur son siège d'amphithéâtre, le regard flou et désespéré.Parmi eux, un message cependant attira son attention.
Un doux message provenant d'un contact nommé "LH".
Sans une once de regrets, elle balaya la notification, espérant qu'elle ne cliquerait pas dessus par erreur plus tard.Cinq heures approchant, des bâillements tirant sa mâchoire, June se décida enfin à faire chemin inverse pour retourner dans sa petite chambre.
C'est sans surprise qu'elle trouva Mistigri blotti à son poste favori, dans une position qui paraissait guère confortable mais qui devait sans doute l'être, sans quoi l'animal, aussi stupide était-il, ne l'aurait pas adoptée.Elle ne le réveilla pas et se traina à pas lents et peu gracieux vers sa chambre qui n'était en réalité occupée que par un matelas, placé sur un maigre sommier afin d'éviter qu'il ne pourrisse, et ainsi lui éviter d'avoir à en racheter un, puisque c'était tout de même une dépense conséquente.
Sans prendre la peine de retirer son gilet élimé, envoyant simplement valdinguer ses converses vertes contre le mur, espérant fortement que cela ne laisserait pas une trace immonde contre la peinture, June se laissa lourdement tomber sur son lit.
Elle déposa son téléphone sur la petite valise en mauvais état qui lui tenait lieu de table de nuit et brancha le chargeur pour éviter de se retrouver en rade au moment où elle en aurait le plus besoin.Puis, elle se laissa enfin tomber dans les bras de Morphée, même si ce n'était que pour quelques heures.
Elle doutait que ce serait un sommeil réparateur, mais c'était toujours mieux que rien et jusqu'à là, ça avait plutôt bien marché.
Du moins si on omettait les profonds cernes qui marquaient ses yeux et la quantité imposante de caféine que la jeune femme était forcée d'absorber si elle ne voulait pas s'effondrer.
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ON NE S'AIMERA PAS CE SOIR
General FictionJUNE, MILADA, ANDĚL, ESZTER, LASZLO et PALOMA ; pour eux comme pour d'autres, la vie n'est pas toujours tendre et les tracas du quotidien sont nombreux allant du simple soucis concernant les cours aux plus gros drames familiaux, les laissant parfois...