épisode 2. rues bondées, têtes vides

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après une nuit passée sur le toit de son immeuble, June se rend à la soirée d'Anatole où elle y fait une rencontre assez particulière

mercredi - 19h37

June dévalait la rue, sans se soucier du risque énorme qu'elle avait de heurter de plein fouet un parfait inconnu qui risquait bien de peu apprécier ce contact abrupte.

Les feux lumineux des nombreuses voitures défilaient autour d'elle, tels une infinité de lucioles. Lucioles blanchâtres et agressives dont la rétine de la jeune femme se serait bien passée.

Sa journée de cours s'était attardée, la laissant plus épuisée que d'ordinaire.
Désormais ses pieds la menaient vers un endroit qu'elle même ne connaissait pas, d'une démarche titubante et bien trop rapide pour lui permettre de parvenir à bon port.

Elle s'immobilisa finalement lorsqu'elle arriva à l'orée d'un parc qu'elle détestait.
Elle aurait aimé avoir de multiples raisons, toutes plus poétiques les unes que les autres, pour renforcer l'image de poète torturée que certaines personnes pouvaient lui prêter, mais il n'en était rien.
June ne supportait simplement pas ce square, pour une raison obscure, qui lui échappait.
Elle doutait même d'y avoir un jour posé les pieds.

Ses mains se posèrent sur le portillon glacé, le faisant grincer tandis qu'elle le poussait doucement, d'un geste encore hésitant.
Mais avant qu'elle ne puisse poser une converse sur la terre ou sur les petits gravillons clairs composant le sol de l'espace vert, une voix claire retentit près d'elle.
Ce fut au prix d'une grande volonté qu'elle réprima tant bien que mal un sursaut, ce qui eut pour seul effet de faire rire aux éclats la nouvelle arrivante dont le visage solaire était illuminé par un sourire radieux dont June aurait été bien incapable.

— Excuse moi, mon but n'était pas de te faire peur.

— Eh bah t'as raté.

— Et je m'en excuse à nouveau.

Le sourire de son interlocutrice s'élargit encore plus, étonnant la jeune femme qui n'aurait pas cru que cela soit encore possible.
Ses yeux pétillaient d'une lueur malicieuse qui rappelait à June celle que les prunelles bleues de Karina abordaient juste avant qu'elle ne déblatère durant des heures sur un sujet qui ne passionnait qu'elle.

— Pourquoi tu viens me parler si soudainement, du coup ? l'interrogea June, ses paumes ne quittant pas la surface métallique qu'elle avait agrippé précédemment.

— T'es la meuf de la soirée, non ?

— Va falloir être un peu plus précise que cela, j'en ai bien peur.

L'inconnue qui n'en était en réalité pas vraiment, d'après ses dires, une rit durant quelques instants mais de manière si pure que June se demanda si elle n'était pas simplement en train de rêver.
Une personne aussi douce ne pouvait exister.

— Effectivement, ce n'était peut-être pas la meilleure formulation. Mais je n'ai rien trouvé d'autre.

June haussa simplement les épaules, ne trouvant rien à ajouter.
L'autre ne parut pas s'en formaliser, et reprit la parole une fois de plus :

— Si je te dis qu'il me semble qu'on a dansé brièvement ensemble, je doute que ça t'éclaire beaucoup.

— Et pourtant, si. Je sais qu'on ne dirait pas comme ça mais je danse rarement avec un nombre affolant de personnes. Surtout lorsque ce sont des inconnus. Sans vouloir te vexer.

La fameuse presque inconnue se présenta alors, jugeant peut-être que si elle ne le faisait pas, la conversation risquait de devenir quelque peu embarrassante.
June fit donc de même et en profita, par la même occasion pour lâcher le portique, bien que ces deux actions ne soient nullement corrélées.

ON NE S'AIMERA PAS CE SOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant