après des réconciliations avec Karina, June a pu préparer un discours à déclamer à Milada, même si cela signifie la perdre totalement
mercredi - 14h55
June reposa immédiatement le paquet de pâtes, ayant l'amère impression de se trouver dans un épisode de Bref sauf que cette situation n'avait rien de comique.
La crise d'angoisse était bien plus proche que le fou rire, ce qui la poussa à glisser sur le carrelage du supermarché, tout en délicatesse et, elle l'espérait, avec toute la discrétion dont elle était capable.Heureusement, madame Hekler n'avait pas semblé remarquer l'agitation qui s'était manifestée de l'autre côté du rayon, manquant de peu sa propre fille.
Cependant, June, guère rassurée par cette proximité soudaine et inopinée avec sa génitrice qui, semblait il, la suivant tant qu'elle faisait ses courses dans son quartier, s'enfuit jusqu'aux caisses.
Et tant pis si sa liste n'était qu'à moitié complétée, elle aurait d'autres occasions pour le faire.
Fuir sa mère, par contre, c'était un tout ou rien à l'issue pouvant s'avérer tragique, gâchant tous ses efforts depuis le mois dernier, lorsqu'elle l'avait sortie de sa vie.Sa fin d'après-midi s'annonçait déjà bien assez chargée en émotions pour qu'elle ne tente une confrontation avec sa génitrice.
Après bien des tentatives infructueuses, June avait enfin préparé un discours qu'elle espérait pertinent.
Même si elle se doutait que toutes ses belles formules seraient amplement gâchées par le stress, comme lors d'une épreuve de bac.mercredi - 17h10
June relut pour la quatrième fois le message d'encouragements que Karina lui avait envoyés quelques jours plus tôt.
Un message adorable, qu'elle avait rédigé avec la participation d'Anatole, d'où les quelques smileys ridicules ici et là, comme il le faisait tant.Pour ne pas être en retard et donc ne pas commencer son rendez-vous par une déception, June avait fait exprès d'indiquer à son amie un horaire un peu décalé de celui auquel elle s'était rendue au café.
Solution un peu bancale, mais au moins le rendez-vous ne coulerait pas dès le départ.Elle tapota ses doigts contre la surface de la table en métal, regrettant immédiatement du fait de la haute chaleur que le matériau avait emmagasinée durant toute cette belle journée de juillet.
Peut-être devrait-elle demander à être placée en intérieur, sous les ventilateurs, quitte à ce que ses cheveux soient envoyés de tous côtés, la rendant un poil ridicule.
Mais cela voudrait dire qu'elle ne pourrait pas s'allumer de cigarette, ce qui lui était pratiquement impossible. Déjà en temps normal, elle avait grand mal à se passer de nicotine alors dans des conditions pareilles, c'était peine perdue.D'ailleurs, puisqu'il lui restait encore un peu de temps avant que son amie n'arrive, elle s'en alluma une et laissa sa fumée l'envelopper, comme si cela pouvait véritablement l'aider à éclaircir ses pensées.
— Tiens June, en avance et de loin, quelle belle surprise !
La voix de Milada s'était élevée au creux de son oreille, aussi douce qu'une brise de printemps. June se composa bien vite un air affable, tentant d'effacer toute trace de nervosité, pour ne pas l'inquiéter.
— Et toi, toujours aussi ponctuelle, c'est remarquable !
Elles échangèrent un sourire complice, le temps que Milada s'installe sur son siège, grimaçant lorsque ses cuisses entrèrent en contact avec la même matière que celle de leur table.
— Pas très adapté pour l'été, cet endroit.
— Je me faisais exactement la même réflexion avant que tu n'arrives, confia June, écrasant son mégot dans le cendrier à sa disposition, ne souhaitant pas importuner sa camarade avec sa fumée tout le long de leur - probablement longue - discussion.
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ON NE S'AIMERA PAS CE SOIR
Fiction généraleJUNE, MILADA, ANDĚL, ESZTER, LASZLO et PALOMA ; pour eux comme pour d'autres, la vie n'est pas toujours tendre et les tracas du quotidien sont nombreux allant du simple soucis concernant les cours aux plus gros drames familiaux, les laissant parfois...