Cry Me A River | jikook

𝟖

Habituellement, j'ai l'habitude de me réveiller à l'aube les lendemains de cuites. Je déambule à poil dans mon appartement et bois un cachet d'aspirine en regrettant mes choix de vie, comme si ça allait faire disparaître instantanément ma migraine et cette sensation de bouche pâteuse. Ensuite, pour me consoler, je commande un bon gros burger pour le manger devant un documentaire policier. Quoi de plus sinistre.

Sauf qu'en ouvrant les yeux, je me suis rendu compte que je n'étais ni chez moi, ni dans un hôtel. Je ne sens ni l'odeur des chocolats sous les oreillers comme à l'hôtel, ni le sommier grincer pour un rien comme chez moi.

Je me frotte les paupières en essayant de réfléchir correctement. Le réveille-matin sur la table de chevet affiche dix heures passées. Mes souvenirs reviennent petit à petit.

Le gala et la soirée.

Un léger sourire béat se forme sur mes lèvres. Tout le monde tombe dans le panneau. Et si Jeon Jungkook était gay lui aussi ? Essayait-il de se mentir à lui-même en couchant avec des femmes de droite à gauche ? Ça me fait doucement rire toutes ces spéculations. Coucher de droite à gauche c'est amusant, rien de plus. Je profite de la vie. Peu de personnes ont l'occasion d'être jeune, beau et riche, n'est-ce pas ?

Pour me rendre encore plus heureux, il faudrait en revanche que mes parents décident d'annuler ce mariage. Et si possible sans faire une énorme réunion de famille qui va m'humilier plus qu'autre chose.

Je replonge ma tête dans l'oreiller, il a un peu une odeur de fleurs. Je reste quelques secondes sans bouger avant de trouver la force de me lever. Merde, j'ai dormi tout habillé. J'ai horreur de ça.

J'enlève mes chaussettes, mon pantalon et ma chemise pour rester en boxer. Je n'ai pas d'autre choix que de rester comme ça, je n'ai pas d'habits de rechange. En me regardant dans le miroir, je remarque quelques photos accrochées sur l'armoire en face du lit. Ce sont des photos de Jimin, et d'autres gens que je ne connais pas. Le voir sourire aussi naturellement me fait un drôle d'effet, c'est bien différent de ce sourire qui fait de lui un être sournois. Sur l'une des photos, il est allongé sur le sable d'une plage avec une femme plus âgée qui elle cache son visage en souriant. Serait-ce sa sœur ? Sa mère ?

Bon, cela ne me regarde pas.

Je finis par sortir de la chambre et ouvre la porte vitrée vieillotte au bout du couloir. En rentrant dans le salon, je remarque que la télé est allumée sur la rediffusion d'un opéra, le volume très bas. La déco est un peu vide en faisant un peu le tour. En fait, tout l'appartement est pareil. Sans vie. Son boulot doit quand-même lui rapporter un paquet d'argent, pourquoi vivre dans l'austérité ?

Je m'arrête en voyant des billets sur la table basse, et en contournant le canapé, je sursaute en voyant Jimin emmitouflé dans une couverture jaune. Il dort profondément alors je préfère ne pas le réveiller. Je le regarde quelques secondes avant d'aller dans la cuisine. Mon ventre crie famine.

Son frigo est plus rempli que le mien, c'est déjà ça. Sans plus attendre je me mets aux fourneaux et prépare une soupe qui paraît simple aux premiers abords, mais qui m'aide à passer la gueule de bois. C'est un vieux remède de ma grand-mère.

Une fois terminé, je m'installe sur la petite table du salon pour engloutir tout ça. Et comme je ne suis pas un crevard, j'en ai laissé pour la crevette qui dort sur le canapé.

Je m'empare de la télécommande pour mettre les infos. Bien-sûr, ils parlent du gala et des lycéens et collégiens qui ont déjà commencé à déposer leurs dossiers de candidature pour l'année prochaine. Je n'ai pas encore regardé les réseaux sociaux, mais je suis certain qu'ils parlent de choses beaucoup plus intéressantes. De moi.