Cry Me A River | jikook

𝟐𝟎

Jungkook entre dans le salon après avoir entendu les cris de madame, habillé d'un costume noir bien cintré avec une chemise blanche et des mocassins vernis. Il a retiré ses piercings, ça lui donne un air beaucoup plus mignon... Il croise les bras contre son torse en contournant le canapé pour faire face à Yoojung. Moi, je reste en retrait à l'extrémité du canapé, Hoseok nous épie sûrement depuis la cuisine.

- Qu'est-ce que tu fais chez moi ? lui demande-t-il d'une voix ferme.

- Je suis venue te montrer ça. Regarde !

Elle pose le magazine sur la table pour qu'il le voit bien. Jungkook soupire longuement, peu affecté par la photo en couverture. Je profite du moment pour prendre le magazine et le feuilleter. Il y a plusieurs photos de moi me rendant ici, de nous à Incheon et ce jour où l'on a fait semblant de s'embrasser dans le parking. Si le plan était toujours d'actualité, j'aurais sûrement sauté de joie, car cela signifierait qu'on aurait réussi. Je souris bêtement en voyant une photo du jour où il m'a acheté ce parfum Chanel.

On devrait se refaire une sortie comme ça.

- Je vais tout nier à la conférence de presse de ton père Yoojung, je me préparais à y aller justement, dit Jungkook. À quoi ça sert de venir te donner en spectacle ici ? Il est à peine onze heures passées.

- Tu penses que simplement nier va calmer le jeu ?

- Tu semblais bien d'accord la dernière fois. Va te plaindre auprès de nos parents.

- Tu crois que mon avis compte ? C'est moi qui suis enceinte et qui est obligée de me transformer miraculeusement en femme exemplaire, qui accepte tout. Je perds ma liberté et tu fais comme si tu étais la victime.

- Fallait y penser avant de piéger Jungkook, dis-je. Si tu avais autant soif de liberté tu serais la première à te battre pour que ce mariage n'ait pas lieu ! Tu n'as rien de sincère, je le sais.

Elle ne me répond pas et m'arrache le magazine des mains pour ensuite le coincer sous son bras. Jungkook tique, agacé par son comportement. Il regarde sa main sur laquelle trône la bague de fiançailles transmise dans sa famille depuis des générations. C'est un énorme bijou en or entouré de petits saphirs anciens, très beau je l'avoue, mais qui n'a plus aucun sens maintenant. Il ne nous a pas porté chance.

- Ce n'est pas une histoire de victime ou de coupable, on a tous des torts, finit-il par dire.

- Que vont-ils penser en voyant que tu nies tout en bloc alors que les preuves sont là ?

- Cela ne me regarde pas.

- ... Est-ce qu'il vit ici ? demande-t-elle en me regardant avec dédain.

- Cela ne te regarde pas !

- Jungkook-

- Tu as dit pouvoir faire d'énormes concessions. Et bien, c'est lui la concession.

Nous le regardons avec de grands yeux tandis qu'il reste stoïque, les mains plongées dans ses poches. Il vient pratiquement de lui montrer que c'est moi qu'il aime, que ce n'était pas pour jouer. Que je suis la concession à laquelle elle va devoir s'habituer.

Yoojung tire sur la jupe rose de son tailleur, j'ai quand même de la peine pour elle. C'est évident qu'elle aime Jungkook, et qu'elle est quelque part satisfaite de porter son enfant.

Ne sachant pas comment réagir, je tourne la tête sur le côté pour cacher le fait que je rougis et frotte nerveusement mes mains sur mes genoux.

- ... Maintenant que tout est clair, allons ensemble à la conférence, dit-elle en se levant. Mon père doit sûrement déjà être en route.