𝟏𝟐

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Lorsque je rentre à l'hôtel, j'observe longuement les deux flacons de parfum, allongé sur le lit. Je finis par prendre en photo l'un d'eux et poster la photo sur mon compte Instagram. Merde, qu'est-ce que je fous là ? Je la supprime aussi vite que je l'ai postée. Je ne dois pas m'attacher à ce genre de cadeaux, ou m'en réjouir. Sûrement pas.

Quand j'étais encore strip-teaseur, certains clients avaient l'habitude de m'offrir des cadeaux lors des séances privées. Un client en particulier m'offrait de petits cadeaux qui me touchaient particulièrement. Un pendentif, un repas ou une écharpe, rien de fou mais c'était suffisant pour me faire fondre.

Vous l'aurez compris, j'avais un cœur d'artichaut et je suis vite tombé amoureux. Pas besoin de préciser que ça s'est mal terminé. Je ne fais plus confiance à mon discernement lorsque je suis amoureux. À cette époque, j'aurais pu tomber amoureux d'un fou s'il s'était simplement adorable et serviable avec moi.

Je me lève du lit après avoir rêvassé quelques minutes et sors de la chambre pour aller me poser dans le salon. Avec son boulot, j'imagine que Jungkook va rentrer dans plusieurs heures. Je soupire et décide de regarder un film en utilisant son service de vidéos à la demande. Je trouve ça tellement con de payer pour voir des films ou écouter de la musique alors qu'il suffit de les télécharger sur le net ? Mais puisque c'est à disposition, je l'utilise.

Je finis par passer la journée à ne rien faire d'autre que glander. En même temps, y'a rien à faire. La zone est soit industrielle ou pleine de bourges ennuyeux. Le quartier de Hongdae me manque déjà.

Vers dix-neuf heures, je me redresse en entendant l'entrée de la suite s'ouvrir. Jungkook entre et retire ses chaussures qu'il laisse à l'entrée. Sa mâchoire est contractée et ses sourcils sont froncés, je ne l'avais jamais vu énervé avant.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande tandis qu'il me rejoint dans le salon.

- Mon frère est parti de la maison. Mon père vient de me le dire, il est furieux.

Il s'assoit sur le canapé et se décide enfin à me regarder, comme s'il avait honte. Le fait que Hoseok soit parti confirme mes pensées. Je me demande bien pourquoi ils sont inquiets, n'est-ce pas eux qui rappellent tous les jours à Hoseok à quel point c'est un intru dans leur famille ?

Je ne dis rien, mais je l'encourage silencieusement à continuer de me raconter.

- D'après les employés de maison il n'est plus là depuis mercredi, depuis notre dispute... Ils pensent qu'il a dû rassembler ses affaires durant la nuit, car il n'y a plus rien. Ma mère vient tout juste de s'en rendre compte, et on est samedi. Elle est en panique et mon père m'en veut... On n'arrive pas à le joindre et on n'a pas les coordonnées de son mec. Je ne sais même pas où il habite...

Il s'en arrache presque les cheveux, comme s'il se rendait enfin compte de la gravité de la situation. Je croise les bras en regardant ailleurs. S'il me demande mon aide, ça sera sans moi.

- ... Dis quelque chose, m'implore-t-il devant mon silence.

- Tu vois où votre mépris vous mène ? Vous êtes en train de le perdre, si ce n'est pas déjà fait.

- Pas la peine de remuer le couteau dans la plaie...

- Si. Je dois le faire. Pourquoi vous réagissez comme ça ? D'habitude vous vous en fichez de lui !

Il ne répond rien, restant bloqué, les joues légèrement rouges de honte, comme un enfant qu'on aurait surpris en train de voler.

Je prends mon téléphone et envoie un texto à Taehyung.

Cry Me A River | jikookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant