Confidences.

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— Je peux aller me doucher en attendant ? Demande Levi.
Kamilia hoche simplement la tête, ses larmes ayant enfin cessé de couler. Levi se lève, tenant les mains de la demoiselle pour l'aider à se lever elle aussi par la même occasion. À la seconde même où elle est enfin debout, elle le prend dans ses bras, le serrant de toutes ses forces.
— Merci, dit-elle, se sentant enfin en sécurité.
Elle n'obtient cependant pas de réponse, mais quelque chose qui vaut beaucoup mieux que des paroles. D'une main, Levi prend l'arrière de la tête de la jeune femme, la tirant vers lui et posant ses lèvres sur son front pour y laisser un doux baiser.
Enfin, il laisse à la jeunette enfin son intimité et part se doucher de son côté. Retirant son soutien-gorge et sa culotte, Kamilia ouvre le robinet d'eau chaude et se met dessous. L'eau coulant sur son corps à une température parfaite lui permet de décompresser. Cependant, la douleur de ses bleus commençant à grandir peu à peu, elle a du mal à bouger les articulations et est donc forcée de sortir de la douche sans avoir pu laver ses cheveux.
— Oh non, s'affole-t-elle en prenant son pyjama. Merde... Merde... Merde... C'est pas vrai...
Ne sachant pas quoi faire, la jeune femme saisit son téléphone portable et appelle la seule personne pouvant l'aider.
— Allô, Amy ? Elle commence dès que l'appel a démarré.
— Kam ? Ça va pas ? Panique Amy à l'autre bout du fil.
— J'ai.. J'ai un petit souci... Alors voilà, je prenais ma douche et en prenant mon dernier pyjama je me rend compte qu'il est troué.
— Troué ? Où ? 
— Au niveau des fesses. En plein milieu, elle avoue non sans une vague de gêne. Je fais quoi ? Je ne vais pas sortir de la salle de bain avec ça !
— Calmes toi ma belle. Dans le placard de droite il doit y avoir un short noir. Il est très moulant mais au moins tu pourras sortir de la salle de bain.
Kamilia commence à fouiller tout en restant en appel avec son amie.
— Attends une minute.. Ah, voilà ! Je l'ai trouvé ! Mercy Amy. 
— Si tu as besoin de quoi que ce soit, rappelles. Bonne nuit ma douce !
— Bonne nuit ma beauté, répond-elle à Amy avec un grand sourire.
Kamilia raccroche et enfile le short. Amy étant plus fine qu'elle, celui-ci la moule énormément, faisant ressortir un magnifique fessier. Elle enfile ensuite la brassière qui lui sert de haut et, après avoir mis ses pantoufles, elle se dirige vers la chambre de Levi.
— Levi ? Crie-t-elle en constatant que celle-ci est vide.
Elle s'avance peu à peu à l'intérieur de celle-ci et la découvre par la même occasion. Contrairement au reste de la maison, la chambre du jeune homme est simple. Il n'y a pas vraiment de décoration, pas de couleur en particulier, rien. Juste une chambre basique incroyablement bien rangée.
— Dis-donc, s'étonne Kamilia. Ce gars est un vrai maniac. 
— Non, j'aime juste que les choses soient propres, répond une voix masculine ferme sortant de la salle de bain et faisant sursauter la demoiselle. Désolé si je t'ai fait peur.
Kamilia se retourne et rougit immédiatement lorsqu'elle voit en face d'elle ce cher Levi torse nu, vêtu uniquement d'un jogging noir.
— Non, c'est rien. On va dire que je sursaute déjà pour rien de base mais là c'est pire, avoue-t-elle, tentant de cacher sa sensibilité au charme de celui-ci.
Le bel homme au corps parfaitement sculpté s'approche d'elle tout en enfilant un t-shirt noir tout simple en guise de pyjama.
— T'en aurais pas un pour moi par hasard ? Ajoute-t-elle, gênée.
— De ? T-shirt ? Demande-t-il en levant un sourcil.
— Oui. Je me sens un peu trop.. Nue, admet Kamilia.
Sans répondre, Levi se dirige vers son placard et prend un t-shirt de marque, noir comme la majorité de ses vêtements. Il s'avance vers son invitée alors que celle-ci est intimidée par sa présence. S'arrêtant devant elle, il prend sa main gauche et pose le t-shirt dedans.
— T'as pas quelque chose de moins.. Cher ? Lui demande timidement la jeune femme. J'ai pas envie de l'abîmer.
Levi lâche un petit soupir, avant de secouer la tête de gauche à droite. Il reprend son vêtement des mains de Kamilia, le déplie et en un dixième de seconde, il passe la tête de celle-ci à travers l'ouverture correspondante.
— Qu'est ce que tu fais ? S'affole Kamilia.
Le jeune homme ne répond pas et comme s'il était face à un nourrisson que l'on doit habiller, il prend les bras de la jeune femme un a un, les passant de force dans les ouvertures du t-shirt.
— Je vois, continue la demoiselle avec un petit sourire au coin de la bouche.
Toujours silencieux, il recule son pied de quelques centimètres et fait un pas en arrière, de quoi intriguer Kamilia. Elle l'observe en train de reculer, hausser les épaules et ne comprend pas. Sans même avoir le temps de chercher à comprendre, il se penche et fonce sur elle tête baissée.
— Non non non Levi ne fais pas ça ! Crie-t-elle.
À son grand amusement, il ne l'écoute pas. Sa tête se retrouve au niveau des jambes de Kamilia, ses bras s'enroulent autour des jambes de celles-ci et en se relevant, elle se retrouve tête en bas.
— Levi ! Continue la jeunette complètement morte de rire. Arrêtes ! Qu'est ce que tu fous ? 
— J'en ai marre que tu te plaigne, il lui répond en se dirigeant vers son lit. Je t'épargne les "assieds-toi sur mon lit" que tu vas refuser et les "de quoi tu veux parler" où tu vas me dire que tu ne sais pas.
Levi la pose délicatement sur son lit tout drapé de noir et blanc.
— T'es bête, s'amuse-t-elle.
— Le plus important c'est que je te vois sourire.
Ces mots seuls suffirent à afficher un sourire enfin sincère et authentique sur le visage de cette jeune fille fraîchement traumatisée. Celle-ci s'assoit en positionnant des oreillers dans son dos encore rempli de bleus tandis que son hôte lui, s'apprête à s'assoir auprès d'elle.
— Alors, Kamilia. Étant donné que tu ne sais pas par quoi commencer, commence par le début.
— C'est à dire ? Demande-t-elle en levant un sourcil.
— J'ai cru comprendre que ta relation avec tes parents ne donne pas envie.
Un premier blanc s'installe. Kamilia respire, prend son courage à deux mains et décide enfin de parler.
— Mes parents travaillent comme journalistes, commence-t-elle. Ils voyagent. Tout le temps. Et puis un jour sur un simple oubli de pilule, me voici. Je crois que c'est déjà à partir de ce moment qu'ils ont commencé à me détester. 
— Te détester ? S'étonne Levi. Kamilia, tu n'as pas à t'en vouloir d'exister.
— Moi non, mais eux, oui. Ma mère avait toujours ses règles chaque mois alors évidemment, elle était loin de s'y attendre et a fait un déni de grossesse. Elle l'a appris à six mois. 
— Elle n'avait donc pas d'autre choix, soupire-t-il.
— Exactement. Si je suis là aujourd'hui c'est uniquement grâce à ce déni. À ma naissance, ils m'ont tout donné. J'ai toujours été nourrie correctement, traitée comme une princesse parce que oui, ils en avaient les moyens. Mais à quoi bon quand mes propres parents ne veulent pas de moi et me le font clairement comprendre ?
Levi est très attentif. Malgré le fait qu'il soit en temps normal quelqu'un de froid, il fait tout son possible pour aider Kamilia dans sa reconstruction mentale alors il continue d'écouter tout ce qu'elle a à dire.
— En grandissant, je voyais les autres enfants faire des câlins à leurs parents. À l'école, j'entendais des "je t'aime mon bébé, à ce soir" alors que pour moi c'était "ce soir c'est le chauffeur qui te récupère, on ne sera pas là."
Les voyages des parents de le jeune femme n'ont cessé de croître. Plus ils avaient de l'influence, plus ils étaient demandés à l'échelle internationale, comme énormément d'autres journalistes. Kamilia a malheureusement grandi sans amour de ses parents, sans repères ou plutôt avec un seul repère : son meilleur ami Jean.
— Quand est-ce que tu as rencontré Jean ? Demande Levi, curieux.
— En primaire. J'ai eu cette impression d'entrée de jeu, comme s'il me complétait. Il a toujours été là pour moi et m'a aidé à faire face à la vie et il aura toujours cette place importante dans mon cœur, admet la jeunette en toute honnêteté.
— Tu as bien raison. Vu la façon dont il t'a toujours épaulé c'est bien normal qu'il soit une priorité dans ta vie, affirme-t-il en réponse à la jeune femme.
— Je sais. Enfin bref, parfois, quand il y avait des réunions obligatoires pour les parents, j'entendais les miens s'engueuler pour savoir qui allait sacrifier de son temps précieux pour faire son devoir de parent.
Les minutes défilent et les mots n'arrêtent plus. À chaque fois qu'elle parlait, son cœur devenait de plus en plus léger. Elle devait tout dire. Elle doit lâcher prise.
— Les parents de Jean, eux, m'ont un peu pris sous leur aile. Mais ce n'était pas mes parents alors je ne les voyais que très peu. J'ai toujours été en quête de l'amour de mes parents mais je crains que ce ne soit peine perdue. 
— Et aujourd'hui, comment ça se passe avec eux ? Questionne Levi.
— Ça fait déjà deux ans et demi que j'ai eu mon baccalauréat. Je l'ai eu le jour de mes dix-huit ans. Et lorsque je l'ai eu, ils m'ont tendu une carte dorée avec un code. Ils m'ont également donné les identifiants pour le compte concerné. Je les ai rangé. 
— Et comment tu as trouvé la colocation ? Demande-t-il.
— Par chance. On connaît Sarah et Kieran depuis près de cinq ans alors on a trouvé que c'était une bonne idée. 
— Je vois. Continues sur tes parents, je t'écoute. Comment s'est passé ton départ de chez eux ? Continue Levi, l'air intrigué.
— À leur départ pour l'université, tout le monde est accompagné d'un parent au moins. J'ai fait mon déménagement seule. Jean est le seul à m'avoir aidé, enfin, lui et ses parents. Depuis mon départ, plus de nouvelles de mes parents. J'ai beau avoir essayé de les contacter, rien n'y fait. J'ai essayé pour Noël, le nouvel an, Pâques, même pour la fête du travail où je sais qu'ils ne travaillent jamais.
Levi est de plus en plus choqué des propos que tient Kamilia. Au fur et à mesure qu'elle se livre à lui, il s'approche d'elle jusqu'au moment où il finit par prendre ses mains. La jeune femme est assez étonnée et surtout intimidée, mais elle continue. En dehors de ses paroles, un silence règne. C'est comme si autour d'eux, tout était vide. Comme s'il n'y avait rien d'autre qu'eux dans ce monde cruel. À ce moment précis, il n'y a que Kamilia et Levi. Tout le reste n'existe pas. Tout le reste n'existe plus.

You&Me ( Tome 1 ) : That's who I amOù les histoires vivent. Découvrez maintenant