Le jour se lève alors que Kamilia est toujours dans ce petit canapé très confortable. L'espace de quelques heures son sommeil l'a aidé à penser à autre chose, et c'est un bruit inhabituel qui la réveille.
— Oh, bonjour mademoiselle, je ne voulais pas vous réveiller, s'excuse un infirmier.
— Je- J'ai- J'ai dormi ici ? S'étonne la jeunette qui a à peine compris qu'elle s'est bel et bien endormie ici.
— Nous n'avons pas voulu vous déranger, c'est un moment très difficile pour vous, explique-t-il.
— Merci beaucoup, c'est tellement bienveillant de votre part.
L'infirmier part et laisse la demoiselle au chevet du grand brun. Le midi, Sarah apporte des vêtements à la demoiselle. Le repas destiné à Jean est donné à Kamilia étant donné que celui-ci est toujours dans le coma. L'après-midi elle lui parle, elle le demande de revenir, avant de partir se doucher le soir, pleurant et espérant qu'il ouvre les yeux. Elle finit se rendormir près de son meilleur ami le soir même. Plusieurs journées similaires se suivent, faisant perdre la notion du temps à la jeune femme.
*Toc toc toc*
— Bonjour Kamilia, dit l'un des médecins, habitué à la voir depuis de nombreux jours.
— Bonjour docteur Diaz ! Répond-elle avec un peu plus d'enthousiasme que d'habitude.
— Je suis désolé de vous déranger, mais quelqu'un veut voir Jean. Je laisse cette personne entrer ?
— Bien sûr, avec une surveillance devant la porte cela dit. On ne sait jamais, exige la demoiselle.
— Vous lisez dans mes pensées, répond l'homme en ressortant.
La seconde suivante, des petits pas se font entendre et là, la stupéfaction est grande lorsque Kamilia voit entrer Amy.
— Amy ? S'étonne la jeune femme.
Instantanément, la petite brune lui saute dans les bras en pleurant.
— Oh mon Dieu, Kamilia... Qu'est ce qu'il s'est passé...
— Je n'en ai aucune idée, répond Kamilia en pleurant à son tour, soulagée d'avoir enfin quelqu'un à qui raconter leur terrible histoire.
— Hé... Ça va aller... Dis-moi tout...
Les minutes suivantes, Kamilia raconte en détail ce qu'il s'est passé cette nuit là, à peu près deux semaines auparavant. Elle pleure encore et encore et en face d'elle, Amy se rend compte qu'elle a du endurer ça toute seule.
— Je suis désolée de ne pas avoir été là. Avant l'accident, moi et Jean nous étions disputés, c'est pour ça que je n'ai pas pensé à quelque chose d'aussi grave quand je n'ai pas eu de nouvelles. Ce n'est qu'au bout de cinq jours que j'ai trouvé ça bizarre, alors j'ai fait mes recherches quand j'ai entendu parler de fusillade le même soir, explique Amy.
— Tes recherches ? Mais ils n'ont rien expliqué aux infos.
— Dans les infos, non. Mais on a notre propre réseau d'informations, tu sais ? Quand j'ai entendu la nouvelle, j'ai pensé que j'étais parano. Puis en voyant que toi-même ne répondait pas au téléphone, j'ai commencé à m'inquiéter.
— Levi sait que tu es là ? Demande Kamilia d'un ton un peu plus ferme.
— Il n'est toujours pas revenu. La dernière fois que j'ai eu de ses nouvelles, c'est la veille de votre accident. Sinon, plus rien.
— Je vois. Mais dis-moi, quelle était la cause de votre dispute, si ce n'est pas trop indiscret ? Demande la demoiselle, curieuse.
— Euh.. Je.. On va dire qu'on a été en désaccord sur certains points, elle bégaie en réponse à Kamilia.
— Amy, pas de mensonge. Je t'en supplie. J'ai déjà assez souffert comme ça pour que tu te mettes à me mentir.
Amy soupire un bon coup et finit par se rendre compte qu'elle devra tôt ou tard lâcher le morceau.
— Il a commencé à avoir des doutes sur nos activités. J'ai dû lui mentir et c'est parti plus loin que d'habitude. J'arrive toujours à détourner le sujet mais là, il a explosé, comme s'il savait que je mentais, comme s'il savait que j'allais lui mentir.
— Et tu penses qu'il est au courant ? Demande Kamilia un peu paniquée.
— Honnêtement, je ne sais pas. Mais il m'en voudra toute sa vie s'il se réveille, je le sais.
— J'ai peur Amy. Je l'aime tellement, j'espère qu'il comprendra qu'on lui a caché ça pour sa sécurité.
— Kam, t'en fais pas. Il t'aime à en mourir aussi, alors il fera la gueule quelques jours mais après, il te pardonnera, dit-elle pour rassurer son amie. Mais moi, il ne me pardonnera pas aussi facilement, alors je profite qu'il soit encore endormi pour le voir, car ce sera peut-être les dernières fois que je le verrai.
— Mais non, ne t'en fais pas. On va tous s'en sortir, ment-elle pour rassurer Amy à son tour.
Kamilia sait que Jean est quelqu'un d'honnête en ce qui concerne l'amitié. Elle sait que pour Amy, ça sera compliqué. Il a mûri mais n'aura aucun mal à se faire à l'idée d'une rupture. Mais en ce qui concerne Kamilia, c'est autre chose. Pourra-t-il pardonner à sa meilleure amie de lui avoir caché tout cela pendant tout ce temps ?
Les heures passent et Amy rentre enfin chez elle. Kamilia se retrouve encore une fois seule, espérant à nouveau que son ami se réveille. Elle lui parle encore et encore, en vain.
— T'as l'air tellement paisible. J'espère que tu fais de beaux rêves parce que moi, je ne fais que des cauchemars depuis que tu t'es endormi.
La jeune femme se positionne dans le canapé où elle a l'habitude de dormir depuis maintenant près de deux semaines, et commence à fermer les yeux tout en continuant à parler à Jean.
— Tu sais, j'ai jamais voulu te mentir. Je voulais juste te protéger mais si j'avais su, je te l'aurais dit depuis le début pour qu'on puisse traverser ça ensembles. Pfff. J'en peux plus, et Levi qui reste porté disparu, laisses tomber. Tu manques à Amy, tu sais ? Alors t'as intérêt à revenir vite.
En sortant cette phrase, une petite larme se met à couler sur la joue de la jeune femme.
— T'as intérêt à revenir vite parce que si je te perds, je perds tout. C'est mon univers tout entier qui s'écroulera.
Sur ces mots, elle s'endort à nouveau. Encore trois jours passent. Cela fait maintenant seize jours que Jean ne s'est pas encore réveillé. Son amie mène sa nouvelle et étrange vie dans l'hôpital, discutant avec tout le personnel et s'asseyant dans la grande cour pour prendre l'air. Elle s'apprête à monter à l'étage quand soudain, une silhouette familière traverse le couloir.
— Leï.. la ? Marmonne-t-elle en faisant demi-tour.
La concernée se retourne soudainement et reste bouche-bée face à cette inattendu rencontre.
— Kamilia ? S'étonne Leïla.
Voyant que la jeune femme s'approche d'elle en furie, elle fait un petit pas en arrière, craignant une nouvelle confrontation.
— Écoutes Kamilia, mon grand-père est malade, je suis venue ici pour le voir et non chercher les ennuis alors si tu-
— Leïla. Je m'en fous là, soupire Kamilia à son tour.
— Hein ? Quoi ?
— Je sais que je suis allée trop loin mais admets que toi aussi. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger Jean. Je m'en fous de ce que j'ai fait. Je m'en fous de tout. Seule sa sécurité m'importe, se confie la jeunette.
— Je suis confuse, je croyais que tu...
— Que je voulais utiliser Levi ou encore le faire tomber, pas vrai ? Questionne Kamilia en la coupant dans sa phrase.
Leïla ne répond que d'un léger signe positif de la tête avant que Kamilia ne reprenne.
— Je l'aime, Leïla. Vraiment. J'espère qu'il acceptera mon passé tel que j'ai accepté le sien parce que je l'aime éperdument.
La grande brune reste très agréablement surprise de la réaction de celle qu'elle pensait être une profiteuse à un certain moment, mais peut quand même voir la déception dans ses yeux lorsqu'elle prononce cette phrase.
— Mais ? Questionne Leïla.
Elle n'obtient pas de réponse, juste une jeune femme en face d'elle qui baisse la tête et commence à trembler.
— Kamilia, mais ?
— Je préfère te le montrer, lui dit finalement la demoiselle.
Les deux jeunes femmes montent jusqu'à arriver à la chambre deux cent douze. Kamilia ouvre la porte comme chaque jour depuis seize jours, laissant voir une dure réalité à son accompagnatrice.
— Mais... J'ai déjà vu cet homme... Ne me dis pas que c'est...
— Mon meilleur ami ? Si. C'est bien lui.
— Qu'est ce qu'il s'est passé ? Demande Leïla, dévastée par la situation de Kamilia.
— Les conséquences de mon amour pour Levi, répond-elle, un sourire narquois mais aussi nerveux à la fois.
— Comment ça ?
Kamilia entre, referme la porte et laisse s'installer son invitée. Peu à peu, elle raconte en détails tout ce qu'il s'est passé, en passant par les menaces de premier intrus de la soirée.
— Il m'a bien fait comprendre qu'il venait de la part de Kael Ackerman, que je devais faire attention lorsqu'il est en déplacement, que je suis seule.. Enfin bref. Toute une poignée de menaces.
— Kael... Il est toujours aussi horrible à ce que je vois.
— Horrible ? Reprend Kamilia en haussant le ton. Il m'a enlevé mon putain de meilleur ami, Leïla.
— Je sais. J'en suis désolée. Tout comme je m'excuse de t'avoir menacé alors qu'on fait tous des erreurs, j'en suis la première consciente.
— Je sais, répond Kamilia. Je suis désolée de t'avoir menacé. Je voulais juste protéger Jean mais à ce que je vois, je n'en suis même pas capable...
— Kamilia. Ce n'est pas de ta faute. Jamais tu n'aurais pu savoir que tout cela allait se produire.
— Si, Leïla. Tu me l'as dit le soir du bal, tu m'as prévenue. C'est moi qui ait préféré faire l'autruche. Enfin bref, voilà où j'en suis par amour pour Levi qui, soit dit en passant, ne m'a donné aucune nouvelle depuis plus de trois semaines. Quelle ironie quand on y pense.
Leïla se lève du fauteuil et prend directement Kamilia dans ses bras.
— Tout va s'arranger, dit-elle sans trop expliquer le fond de sa pensée.
Sans en dire plus, la grande brune se dirige vers la sortie, laissant Kamilia à nouveau seule.
— Pfff... Si seulement, soupire-t-elle.
À nouveau, la journée se termine et une autre reprend son cours. Lorsque la jeune femme ouvre légèrement les yeux, elle ne réalise pas ce qui est en train de ce passe juste devant elle.
— Bonjour mademoiselle, je peux vous aider ? Dit une voix masculine se trouvant dans la chambre.
Cette dernière encore à moitié endormie reste allongée sur son fauteuil relax, refermant les yeux et changeant légèrement de position.
— Non m'sieur. J'attends juste que mon ami se réveille et ensuite promis, je pars, répond-elle toujours les yeux fermés.
— Je vois. Et votre ami, il serait pas en train de vous parler par hasard ?
— Non, je ne vois pas comment, à moins qu'il ne parle dans son sommeil ou encore.. Hein ?
La seconde suivant son mot interrogatif, elle ouvre grand les yeux et c'est un bonheur inouï qui se peint tout à coup devant elle.
— Alors ma grande, je t'ai manqué ?
À peine la question du jeune homme prononcée, Kamilia fonce dans ses bras, pleurant toutes les larmes de son corps.
— Jean... Jean... T'es réveillé... Je t'aime tellement si tu savais... Je t'aime tellement... J'ai eu trop peur... J'ai...
— Je suis là maintenant. Je ne sais pas si je vais réussir à rester éveillé longtemps, je sens que mon corps se vide de son énergie peu à peu, mais je suis content que tu sois là à mes côtés, explique Jean calmement.
— Jean, répète Kamilia à nouveau, submergée par ses émotions.
— Je sais. Je t'aime aussi Kam. Plus que tout.
Quelques minutes de pur bonheur défilent aussi vite qu'un battement de cils, minutes où Kamilia profite de son ami avant qu'il ne s'endorme à nouveau. Lorsqu'elle constate que ce dernier s'est bel et bien rendormi, elle est enfin soulagée. Le sourire gravé sur son visage dans son sommeil est une source de bonheur pour la jeune femme.
— Tu t'es réveillé mais putain, j'ai pas envie de te laisser ici seul, murmure la jeunette à son ami endormi.
À contrecœur, elle se dirige vers la porte de la chambre, s'apprêtant à sortir. Elle prend son portable, compose un numéro et malheureusement, reste sans réponse.
— Salut Amy, c'est pour te prévenir que ton bien-aimé a ouvert les yeux. Je suis tellement heureuse. Demain matin, il va avoir de nombreux examens à faire alors tu pourras le voir dans l'après-midi, en tout cas, rappelles moi dès que tu...
Sa voix se coupe au moment où elle ouvre la porte. Son téléphone lui glisse des mains tellement le choc est violent. Elle ne s'y attendait pas. Elle reste sans voix. Ce n'est qu'en reprenant une grande inspiration qu'elle arrive à sortir de façon à peine audible, un petit mot.
— Je... Levi ? Elle bégaie tant elle est sous le choc.
En face d'elle, une silhouette inoubliable mais à la fois oubliée avec le temps, gravée dans son cœur mais à la fois refoulée par son être, cette silhouette qui lui fait tant d'effet depuis ces derniers mois se tient là, devant elle, après près d'un mois sans nouvelles. Le temps semble s'être arrêté. Alors que Kamilia ne sait pas quoi dire, Levi approche lentement et pose sa main tendrement sur la joue de la jeune femme.
— Je t'ai manqué ?
Sur cette question de Levi, l'ambiance se tend instantanément. Les retrouvailles risquent de ne pas se dérouler aussi bien que ce qu'il s'imaginait.
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You&Me ( Tome 1 ) : That's who I am
FanfictionDans un univers parallèle, Kamilia Flyn est une jeune femme étudiante vivant une petite vie tranquille avec son groupe d'amis. Sa vie bascule soudainement lorsqu'elle rencontre un jeune homme qui va changer sa vie. Très vite, ils vont se rapprocher...
