"Nouveau" départ.

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Le lendemain arrive le moment de la thérapie. Comme d'habitude, Kamilia se lâche sans trop donner de détails alors que Jean est sorti pour laisser aux deux dames la possibilité de s'installer sur la terrasse pour discuter.
— Je suis désolée si je vous ai fait peur la dernière fois, Katherine. J'étais juste morte de trouille à cause de quelqu'un qui me menaçait, avoue-t-elle.
— Je vois. Et cette personne, elle te menace toujours ? 
— Non. Figurez-vous qu'elle est devenue une pièce maîtresse du puzzle de ma vie, si je peux dire ça comme cela. 
— Je comprend.
La thérapie est sur le point de prendre fin quand le téléphone de Kamilia se met à sonner. C'est Jean.
— Bizarre, murmure la jeunette.
— Il pense peut-être que c'est fini, suggère Katherine.
— C'est moi qui suis sensée l'appeler à la seconde où vous partez. C'est une urgence. Je dois répondre, je suis désolée.
Katherine reste très compréhensive et laisse à la jeune femme l'occasion de répondre.
— Allô ? 
— Kam, ça va ? Demande Jean de l'autre côté de l'appel, l'air paniqué.
— Oui, pourquoi ? 
— Je suis au volant, avec mon oreillette. Je suis en train de me faire suivre. 
— Quoi ?! S'affole la jeune femme. Par qui ? Comment ? 
— Je sortais de la ville quand j'ai remarqué une voiture, noire, énorme, vitres teintées qui était derrière moi. À chaque virage que je prend, elle est toujours derrière. Je me suis arrêté pour t'appeler et elle s'est arrêtée quelques mètres derrière moi. 
— Et pourquoi tu ne rentres pas ? Demande Kamilia désormais déboussolée.
— T'es folle ! Si j'ai déménagé c'est pas pour que qui que ce soit ne soit au courant de notre nouvelle adresse !
Sur le moment, Kamilia ne trouve pas étrange d'avoir entendu les mots qu'elle vient d'entendre. Mais elle aurait dû.
— Et comment tu comptes t'en sortir ? Demande la jeune femme inquiète.
— Aucune idée mais ne t'en fais pas, je trouverai une solution. Je te rappelle. 
— Non, att..
Et avant même que la jeune femme ne puisse finir sa phrase, son meilleur ami raccroche. Malgré les propositions de Katherine pour aider Kamilia à trouver une solution, cette dernière refuse. Elle ne veut même pas mêler Jean à toute cette histoire bizarre alors elle, encore moins. La petite dame décide donc de s'en aller, loin d'être sereine à l'idée de laisser sa patiente dans cet état.
La demoiselle, se retrouvant seule chez elle, fait les cent pas. Qu'est ce qu'elle doit faire ? Y aller, c'est une chose, mais contrairement à Jean, elle n'a pas son permis. Elle essaie de le rappeler, en vain. Une fois. Deux fois. Vingt fois. Aucune réponse. Elle s'inquiète beaucoup trop pour son ami et ferait tout pour lui alors elle prend sur elle et compose un autre numéro.
— Allô ? Ouais, non, c'est pas pour ça que je t'ai appelé. J'ai besoin d'un service. Je t'envoie l'adresse.
Au bout d'à peine dix minutes, une voiture se gare devant la propriété de la demoiselle. Elle sort immédiatement, referme le portail et monte dans la voiture en question.
— On va où ? Demande le chauffeur.
— Jean a des ennuis et t'es la seule personne qui m'est venue en tête. J'ai localisé son portable, il est en ville, dans la rue de la mairie, explique la jeune femme.
— Quelqu'un sait que je suis venu te chercher ? 
— Non, elle avoue à son chauffeur. Alors t'as intérêt à rester discret.
Le conducteur en question acquiesce simplement d'un signe de la tête et commence à conduire. Les minutes passent, le trajet semble interminable. Au bout de quinze minutes environ, ils arrivent enfin à l'endroit où le portable a été localisé.
— Attends.. Arrêtes toi là ! Crie la demoiselle.
— Quoi ? Pourquoi ? 
— Sa voiture, elle est là. 
— Putain me dis pas qu'il s'est barré en laissant son portable dans sa voiture ? S'inquiète le chauffeur de dernière minute.
— On dirait bien que si, répond Kamilia.
Cette dernière ferme les yeux lentement, prend une grande inspiration et fait marcher ses neurones.
— Alors on va la jouer comme dans les films, continue-t-elle d'un ton calme.
Son accompagnateur ne comprend pas. Elle prend son sweat à capuche, des lunettes de soleil et des chaussures à lui qu'elle a trouvé sur la banquette arrière et les enfile.
— Tu vas où, comme ça ? Demande le jeune homme.
— M'approcher un peu.
Il n'a même pas de temps de lui répondre que sa passagère descend de la voiture, presque déguisée et méconnaissable, se dirigeant vers la voiture de son ami. En avançant, elle voit son portable. A côté, elle voit au loin un mot.
— Putain j'arrive pas à le lire.. J'arrive pas à croire que je vais faire ça, marmonne-t-elle.
Discrètement, elle ouvre avec une technique apprise depuis longtemps la porte avant gauche du véhicule, prenant le mot et s'en allant en courant vers le véhicule l'ayant amenée.
— Alors ? Demande le conducteur alors que cette dernière entre en fermant la porte.
— Il savait que j'allais venir le chercher. Il a laissé ça.
"Je parcours les rues parallèles jusqu'à les avoir semé. Attends-moi près de L'INTERSECTION."
Quelle intersection ? Demande le jeune homme à ses côtés.
— Allons-y, je t'y amène.
Sans attendre une seconde de plus, ils se dirigent vers la dite intersection. Ils se garent un peu plus loin pour ne pas se faire repérer et là, un immense soulagement se fait ressentir lorsqu'elle aperçoit au loin la silhouette qu'elle espérait voir.
— Il est là, s'enthousiasme-t-elle. Je lui fais signe.
Malheureusement, la jeune femme n'a pas le temps de lui faire signe : une voiture noire aux vitres teintées s'arrête à peine, récupérant de force le jeune homme. Là, le monde de Kamilia s'écroule. L'espace d'une demi seconde, elle a envie d'hurler. Mais elle ne le fait pas. Elle se ressaisit.
— On suit cette voiture ! Maintenant ! Ordonne-t-elle.
De là, une course poursuite commence. Par chance, son conducteur avait un véhicule assez puissant alors il n'avait pas de mal à suivre la cadence des kidnappeurs. Le parcours est dense. À plusieurs reprises, quelques chocs se font ressentir dû à la vitesse à laquelle ils roulent. Mais Kamilia et son chauffeur sont prêts à tout risquer pour récupérer Jean.
Au bout de quelques kilomètres de course poursuite, le véhicule des kidnappeurs, pensant les avoir semé, s'arrête devant le portail d'une immense résidence. Ni une ni deux, nos deux jeunes gens se garent assez loin pour éviter de se faire repérer, restant en observation depuis la voiture.
— Regarde, la maison est immense. Ça m'étonnerait que quelqu'un fasse ça pour de l'argent, constate Kamilia.
— Viens, on se rapproche lentement, répond son accompagnateur.
Tous deux marchent le plus naturellement possible vers le portail qui se referme immédiatement après l'entrée du véhicule.
— Merde, le mur est vachement haut, se plaint Kamilia.
— Tsss. Parles pour toi, marmonne le jeune homme d'un ton moqueur.
Sans attendre une seconde de plus, il pose un genou à terre, faisant signe à la jeune femme pour qu'elle prenne appui sur lui. Cette dernière ne réfléchit même pas : elle pose son pied sur les mains du jeune homme et par la même mesure qu'elle prend appui pour se propulser, ce dernier lui donne un élan pour qu'elle puisse s'accrocher au haut du mur.
— Putain la maison est immense. Je ne vois rien, juste des hommes à chaque entrée, on dirait des gardes du corps, explique-t-elle.
— Tu sautes de l'autre côté et je te rejoins ? Demande-t-il à son tour.
— Ça marche.
En s'aidant de l'appui qu'elle avait auparavant, la demoiselle réussit à enjamber le mur et à passer son corps de l'autre côté. Pour rester discrète, elle lâche son poids dans les herbes où elle peut se cacher derrière de la haute verdure dans le jardin.
"La voie est libre." Envoie-t-elle à son chauffeur pour qu'il la rejoigne.
Lentement, Kamilia avance pour faire un premier repérage. Le rez-de-chaussée est entièrement entouré par une baie vitrée laissant voir l'intérieur de la maison mais malgré cela, elle ne voit que ces hommes tous vêtus de noir. Elle ne voit qu'eux quand soudain, elle peut apercevoir une silhouette familière.
— Jean, murmure-t-elle de plus en plus paniquée.
Tout à coup, son bras se fait saisir par une main poignante, laissant place à la terreur l'espace d'une seconde.
— Shht. C'est moi. 
— On est entrés chez des kidnappeurs par effraction putain, fais pas des choses comme ça ! Chuchote-t-elle au jeune homme.
Malgré la peur, ils continuent d'avancer au fur et à mesure qu'ils découvrent l'immensité de la cour. Enfin, une bouffée d'air frais envahit les poumons de la jeunette lorsqu'elle aperçoit clairement son ami assis au milieu d'une pièce.
— Il n'est même pas attaché, murmure-t-elle à elle-même. Tu penses que.. Ah-
Et boum.
En une fraction de seconde, la vision de la charmante demoiselle venue porter secours à son ami s'assombrit. Elle ne voit rien, n'entend pas grand chose et ne peux pas crier à cause de ce qui lui semble bien être un bâillon dans sa bouche.
Les minutes défilent et Kamilia peut sentir qu'elle se fait amener.
— Encore, se dit-elle. Pourquoi toujours moi ? Qu'est ce que j'ai fait pour mériter cela ?
Étonnamment, elle a à peine le temps d'essayer de répondre à ces questions lorsque quelqu'un vient la porter. Elle se sent être déposée sur une surface moelleuse, très confortable, elle se demande même quel genre d'individu malfaisant au point de la kidnapper pourrait se soucier de son confort.
— Chef, la fille est ici. On a le garçon aussi, entend-elle.
— Très bien. Fais-le venir ici, répond une voix non méconnue de cette dernière.
Le bâillon se fait retirer et dans la seconde qui suit, un petit mot sort de la bouche de la jeune femme tétanisée.
— Levi... 
Le bandeau se lève en même temps que ses mains se font détacher. Sa stupéfaction est d'autant plus grande lorsqu'en effet, devant elle, se trouve l'homme qui fait toujours chavirer son cœur.
— Putain Kam, qu'est ce que tu fous là ? Dit Levi d'un air moralisateur et étrangement calme.
— C'est plutôt à toi de me le dire, répond-elle d'un ton neutre, ne sachant pas comment réagir. Tu m'expliques pourquoi mon propre petit ami se permet de me kidnapper ?
— Je ne savais pas que c'était toi. En allant en ville avec Amy et Kayne, on a aperçu Jean. De loin, on a clairement pu voir qu'il était suivi, donc on a fait mine de le prendre par surprise pour le tirer d'affaire, explique le bel homme aux yeux gris.
La jeune femme hausse un sourcil d'un air arrogant, ne comprenant pas le rapport avec son kidnappings à elle.
— Ensuite, Kayne m'a signalé qu'on était à notre tour suivis par une magnifique voiture de course. On a donc déposé Jean dans la maison que tu as pu brièvement visiter et dès que vous avez baissé votre garde, certains de mes hommes vous ont attrapé, continue-t-il.
— Et c'était le seul moyen de me prendre à part ? Demande-t-elle, l'air agacée.
— Jusqu'ici, je ne savais pas que c'était toi. Je viens de le découvrir. Alors à toi de me dire, qu'est ce que tu fais ici ? Demande Levi à son tour.
— Pfff. J'étais en thérapie, tu sais, celles que tu as refusé que je continue, dit-elle pour le narguer. Il m'a appelé, m'a dit qu'il était suivi. J'ai donc débarqué en ville pour essayer de le sortir de là.
— Je suis passé chez toi pour qu'on s'explique et le propriétaire me dit que vous avez déménagé entre temps.
Un coup de stress envahit le cœur de la jeunette car elle comprend qu'elle va être confrontée à une discussion qu'elle aurait aimé remettre à une autre fois.
— Levi, j'ai tant de choses à te dire. Mais j'ai besoin de temps.
Le bel homme se lève, se dirige vers la porte et en l'ouvrant, quelqu'un s'y trouve. Cependant, cette personne étant devant Levi, elle se trouve hors du champ de vision de Kamilia qui ne peut donc pas la voir.
— Tant de choses à me dire, hein ? Dit-il dans un ton complètement différent, glacial et confus à la fois.
— Oui, on doit- 
— Alors expliques moi, Kam, reprend-il sans laisser Kamilia finir sa phrase, se décalant sur le côté pour laisser visible la porte d'entrée. Pourquoi la personne que tu as appelé pour t'aider, c'est Aaron ?
En un instant, l'atmosphère avait clairement changé. Une autre des cachotteries de Kamilia venait d'être exposée au grand jour.

You&Me ( Tome 1 ) : That's who I amOù les histoires vivent. Découvrez maintenant