You&Me ( Tome 1 ) : That's who I am

Tout est bien qui finit mal.

Le soleil se couche, créant un beau dégradé de bleu et de orange qui vire vers le violet. Des couples se tiennent la main en observant ce beau spectacle, d'autres sont en pique-nique romantique, certains sont même en train de profiter du climat en famille... Cette beauté rend la fin de journée de chacun d'entre eux unique, et tout le monde prend cela comme une occasion d'apprécier la vie. Tout le monde, sauf cette jeune demoiselle au nom de Kamilia. Contrairement à toute cette petite population, elle est loin d'être en train de profiter de la vie : la sienne est littéralement devenue un enfer. Un enfer si douloureux que tous les mauvais souvenirs ne cessent de défiler.
« C'est fini Levi. » Sa rupture.
« Levi, je crois qu'on nous suit... » Ses courses poursuites dues à leur amour.
« Jean, tu ne peux pas m'abandonner ! Jean ! » Quand elle a vu son meilleur ami mourir.
« FOUS LE CAMP D'ICI ! » La dernière chose qu'elle ait pu entendre de la bouche de ce dernier.
Chaque souvenir défilant fait l'effet d'un coup de couteau à la demoiselle. Elle est allongée, dans son lit, se demandant ce qu'elle a fait pour mériter cela. Les larmes coulent, mais elle n'a pas de haut-le-cœur. Son regard est vide et aucun mot n'est sorti de sa bouche durant les six dernières heures malgré les tentatives de Sarah et Kieran. 
— Je suis plus sûr là, lâche-t-il à son amie alors qu'ils se trouvent en bas dans la cuisine.
— Tu rigoles ? On a pas fait tout ça pour rien ! S'énerve la brune. Non, on ne va pas s'arrêter là, on ira jusqu'au bout et on sera enfin libres.
— Tu serais prête à sacrifier la vie de quelqu'un pour sauver la tienne ?
— La nôtre, Kieran, rétorque-t-elle à son tour. Et puis, je ne sacrifie pas sa vie, elle n'en a plus. Je suis sûre qu'elle a envie de mourir au moment où l'on parle, alors ce qui va lui arriver n'y changera pas grand chose.
La jeune femme, souhaitant couper court à cette conversation, se retourne pour se rediriger vers la chambre de Kamilia. Lorsqu'elle arrive à la première marche et s'apprête à la monter, c'est une question à peine audible qui la freine.
— Quand est-ce que t'es devenue aussi... Sans cœur ?
Sarah reste sans voix face à cette question, sûrement car elle est en train de se la poser également. Elle est figée et ne semble pas vouloir se retourner, comme si elle ne voulait pas affronter la réalité.
— Tu parles comme si on avait le choix, Kieran. Mais tu oublies qu'on en a plus. Plus maintenant. Peut-être que ça te paraît cruel, mais cette petite vie luxueuse, comment tu crois qu'on se la paie, hein ?
Le jeune homme n'ose plus parler. Il lance simplement un regard de déception à son amie. Cette dernière se retourne, croisant le regard de son ami et lui adressant un sourire forcé. Kieran remarque qu'elle a les larmes aux yeux.
— T'en fais pas, Kier. Après ça, on pourra enfin tirer une croix sur toute cette histoire et en finir avec toute cette merde.
Après sa dernière réplique, Sarah monte voir Kamilia, un thé bien chaud en mains. Sa surprise est grande lorsqu'elle s'aperçoit en en entrant dans la chambre que Kamilia n'y est pas.
— Merde, se plaint-elle.
Et alors qu'elle s'imagine le pire mais surtout, qu'elle voit son avenir et sa liberté partir en fumée, elle entend crier dans la salle de bain. 
— Putain de Tiffany de merde ! Tu vas répondre oui !
Sarah s'approche de la pièce, mettant la main sur la poignée de la porte. Avec surprise, elle constate que la porte n'était pas verrouillée. Cette dernière s'ouvre sur une boule de furie s'énervant avec son portable. 
— Kam...
Mais elle n'a pas le temps de finir sa phrase que Kamilia s'emballe. Là, Sarah assiste à une conversation dont elle n'a qu'un écho, celui de la jeune femme en face d'elle.
— Putain mais enfin ! Qu'est ce que ça te coûte de répondre à ton putain de téléphone ? T'as foutu quoi avec le dossier de Jean, hein ?! Maman putain t'es la seule à avoir accès à ces dossiers et je croyais que tu les avais détruits ! Tu ne les as pas.. Attends, tu plaisantes j'espère ? Alors comment ils ont pu atterrir aux mains de l'université mais pas les miens ? 
Sarah s'approche, tentant de calmer son amie qui est en train d'exploser. Elle pose sa main sur le portable et au même moment, Kamilia le met en haut parleur et le pose sur la table.
— Kamilia ma puce-
— Ne m'appelles pas ma puce quand tu ne prends jamais la peine de prendre des putains de nouvelles de moi depuis des mois ! Des années, même !
La jeune femme tourne en rond, passant la main dans ses cheveux en les arrachant presque au passage.
— Dis-moi la vérité putain ! C'est toi qui a envoyé les dossiers de Jean oui ou non ?! Hurle-t-elle à sa mère.
— Kamilia, j'ai tout fait pour effacer toutes traces de toute cette histoire, et tu as déjà de la chance que j'ai réussi à ne pas faire fuiter ça aux infos, mais tu te doutes bien que le risque zéro n'existe pas, non ?
— Qu'est ce que tu veux dire par là ?
— Kami, ma chérie, marmonne sa mère. Après tout ce que j'ai fait pour vous sortir de la merde, après avoir mis ma carrière en jeu juste pour toi et lui, tu crois que j'aurais tout balancé ? Tu te rends compte que cela mettra un terme à ma carrière, pas vrai ?
La jeune femme ne répond pas de suite. Au lieu de cela, elle lâche un petit rire jaune, devenant presque folle. 
— Bien sûr que non, reprend Kamilia. Tu n'aurais jamais mis en danger ta carrière.
— Bien sûr que non, ma puce, la femme répète au téléphone.
— Évidemment que tu ne mettrais jamais ta carrière en jeu pour ta fille, continue-t-elle d'un ton sarcastique. Bien sûr que ta carrière a toujours été plus importante que ta propre fille. A quoi est ce que j'ai pensé en t'appelant ?
— Kami, non, ce n'est pas ce que je voulais di-
Mais la voix de la journaliste se coupe soudainement lorsque sa fille appuie sur la petite icône de téléphone rouge. La seconde suivante, Kamilia jette le portable de toutes ses forces et ce dernier finit dans le mur. Par chance, grâce à sa coque à haute protection contre les chocs, il n'en ressort qu'avec quelques égratignures, mais ce n'est pas ce qui importe la jeunette.
— Kamilia... Tu... Tu vas bien ? Demande Sarah en bégayant. 
La concernée se tourne vers son amie, les larmes coulant sans cesse et un sourire presque effrayant sur son visage.
— J'ai tout perdu. Mes amis, mon petit ami, et même mon meilleur ami. Ma vie vaut elle encore la peine d'être vécue ? elle demande à son tour à Sarah. J'avais tout. L'espace d'un instant, j'avais tout. Mais j'ai tout laissé filé entre mes doigts. Comment j'en suis arrivée à là ?
— Kam, ça va aller, dit Sarah.
Puis, en se rendant compte de la dernière phrase, elle reprend doucement :
— Attends, tu n'es plus avec Levi ?
— Non. Son train de vie est trop sur à supporter, je l'ai quitté. J'en avais marre de vivre avec quelqu'un qui me cache toujours tout et qui me ment sans arrêt.
À ce moment précis, Sarah pousse un soupir, désespérée. Kamilia se sent immédiatement comprise, mais ce qu'elle ignore, c'est que ce n'est pas sa situation qui fait du mal à Sarah.
— Tu sais quoi Kam, tu devrais te reposer. Tiens, je t'avais fait un thé. Va t'allonger et on en reparle demain quand tu te sentiras un peu mieux, d'accord ?
Kamilia acquiesce, se dirigeant vers sa chambre avec sa tasse de thé à la main. Elle en bois une gorgée, puis deux, puis s'allonge tranquillement. Au bout de quelques minutes, accompagnée de Sarah, elle recommence son monologue.
— Tu penses que je le mérite ?
— De quoi est ce que tu parles ? Demande-t-elle à Kamilia.
— Je veux dire, oui, j'ai fait de la merde dans le passé. Mais j'ai tout fait pour épargner Jean de cette merde. J'ai toujours tout fait pour le sauver et l'empêcher de sombrer, tout comme il m'a toujours empêché de sombrer. Alors pourquoi tout le monde s'est décidé à se retourner contre moi ? J'ai toujours essayé de faire le bien autour de moi, alors pourquoi ?
D'un coup, Kamilia s'assoit de nouveau et écarquille les yeux, comme si elle avait une révélation. 
— J'ai une idée. Sarah, donne-moi mon portable, s'il te plaît, demande-t-elle à celle qu'elle croit être son amie.
Cette dernière exécute l'ordre et lui tend le portable. Elle compose un numéro, puis l'appel. 
— Allô ? Non, c'est moi. On doit parler, retrouve-moi à la maison dans une heure.
Lorsqu'elle raccroche, Sarah arbore un air interrogateur.
— C'était qui ? Elle interroge Kamilia.
— Levi. Lui seul peut m'aider dans ce que je cherche, alors je dois lui parler.
Kamilia ne le remarque pas, mais l'expression sur le visage de Sarah change immédiatement. Tentant de cacher son stress, elle récupère le portable des mains de Kamilia, faisant glisser sa main dans les cheveux de cette dernière pour la faire s'allonger à nouveau. 
— Dors. Je te préviendrais quand il sera là, chuchote-t-elle à son amie encore submergée de larmes.
Kamilia s'exécute mais pas par choix : son corps est en train de lâcher. Tout ce qu'il y a autour d'elle devient flou. La voix de son amie devient de plus en plus éloignée et, au bout de quelques secondes, elle devient carrément inexistante. Tout devient noir et elle plonge dans un sommeil profond. 
— Putain, fais attention, le chef la veut vivante et en bon état ! S'énerve une voix rauque très proche de Kamilia.
Ses yeux peinent à s'ouvrir, comme si des aimants  poussaient ses paupières à rester collées. Elle les ouvres à peine une seconde, puis les referme. Chaque fraction de seconde où elle retrouve la vue, elle voit le paysage bouger. Elle n'est plus dans son lit et peine à le comprendre. Son corps bouge de gauche à droite et elle réalise qu'elle est dans un véhicule en mouvement. Plusieurs voix se font entendre, mais elle a encore du mal à entendre correctement.
— Mais, je... Je... Suis où ? Elle bégaie, sans rien comprendre.
— Chut, ma jolie. T'en fais pas. On s'occupera de toi lorsque le chef nous donnera la permission, répond une première voix masculine.
— Et ton roi ne reverra plus jamais sa reine.
Là, à nouveau, son corps cède sous le poids de la fatigue, de la douleur et de la tristesse. Et sans même comprendre pourquoi, elle se retrouve à nouveau plongée dans un cauchemar, le nouveau cauchemar qu'est sa vie. 

Tout devient noir, aussi noir que les mois qu'elle s'apprête à passer.