Le jour se lève sur le quartier des Plaines. Il est encore tôt, à peine six heures. Le ciel est d'une beauté hors du commun, les oiseaux commencent à chanter comme chaque jour. Les habitants commencent leur journée de rêve alors que la nuit cauchemardesque de Kamilia n'a toujours pas pris fin.
Cela fait maintenant plusieurs heures qu'elle est à genoux au sol. Traumatisée, elle ne cesse de voir défiler en boucle les dernières heures.
"Jean! Restes avec moi! Jean"
"Mademoiselle Flyn, restez ici je vous en prie !"
"Non ! Jean !"
"Mademoiselle Flyn.. on s'occupe de lui.."
Les conversations passées refont surface alors que son corps refuse de bouger.
"Mademoiselle Flyn ! Mademoiselle Flyn! Kamilia !"
— Mademoiselle Flyn ? Demande un jeune homme en uniforme de gendarme, la sortant de ses pensées.
— Hein ? Répond-elle en levant la tête vers ce dernier.
— Vous pouvez vous levez ? Vous pouvez venir avec moi ?
Le gendarme n'obtient aucune réponse verbale. D'ailleurs, il n'obtient pas de réponse tout court car la demoiselle reste figée dans la même position sans même cligner des yeux.
— Mademoiselle Flyn, commence-t-il lentement en s'agenouillant à ses côtés. C'est difficile pour vous, je le sais, mais le meilleur moment de parler de ce qui est arrivé, c'est maintenant, à chaud. Alors, pouvez-vous me dire ce qui est arrivé ?
Pour la jeune femme, c'est très difficile. Elle est toujours sous le choc et n'arrive pas à s'exprimer. Les mots coincent. En face d'elle, l'homme reste compréhensif et n'insiste pas.
— Écoutez Kamilia, je vous laisse un moment pour vous remettre de vos émotions. Je vous laisse l'adresse du commissariat qui s'occupe de votre dossier. Nous attendons votre témoignage, mais nous devons commencer les recherches dès maintenant alors essayez de passer au plus vite.
Très vite, tout le monde part. La pièce à vivre se vide jusqu'à être occupée par une seule personne, sa principale résidente. Le silence règne. La jeune femme est immobile, toujours dans la même position depuis maintenant près de trois heures. Elle attend. Quoi, ça elle ne le sait pas, mais elle attend. Intérieurement, elle sait qu'elle doit se faire à l'idée : personne ne connait sa nouvelle adresse, alors elle ne peut pas s'attendre à voir arriver Levi ou Amy pour l'aider à se relever.
Désespérée, elle finit par envoyer un message et s'effondre complètement, se retrouvant allongée au sol tel un animal que l'on aurait abandonné.
Là, elle revoit toute sa vie devant elle et elle se demande : à quel moment ça a merdé ? Pourquoi se retrouve-t-elle au sol dans cet état ? Pourquoi son meilleur ami, pourquoi pas elle ? Pourquoi eux ? Les questions défilent en boucle dans sa tête durant ce qui lui semble être des jours, jusqu'à ce que quelqu'un lui sorte de sa boucle infernale.
— Kamilia ? Kami.. lia ? Oh mon Dieu ! S'exclame une voix féminine.
— Kam ! Putain ! Kam ?! Crie une voix masculine à son tour.
En levant les yeux pour la première fois depuis plus de six heures, Kamilia réalise dans quel état est sa maison. Malgré une séparation tumultueuse, elle reste rassurée lorsqu'elle voit en face d'elle deux individus qu'elle ne portait quasiment plus dans son cœur.
— Sarah ? Kieran ? Murmure la jeunette de façon à peine audible.
— Oh mon Dieu Kam ! Crie Sarah en la prenant dans ses bras. On est là ! Ça va aller !
— Oui, reprend Kieran. On est là.
La situation ne permet pas à nos trois jeunes adultes d'être gênés par leurs disputes, non. Elle est tellement grave et désespérée qu'à ce moment précis, la seule chose que Kieran et Sarah ont envie de faire, c'est d'être présents pour la demoiselle clairement en détresse.
Pendant que Kieran fait de son mieux pour nettoyer le verre brisé ainsi que tout le reste au sol, Sarah, elle, aide Kamilia à se laver et s'habiller.
— Tu sais où ils l'ont amené ? Demande la grande brune.
Kamilia hoche simplement la tête de gauche à droite en guise de réponse.
— Kam, tu dois aller au commissariat. Ils te diront où est Jean, et tu pourras aider dans l'enquête. On peux t'y amener.
Sarah voit clairement l'état catastrophique de son amie qui peut à peine ouvrir la bouche, mais essaie quand même de faire de son mieux pour que cette dernière parle. Après qu'elle ait habillé cette dernière, elle l'amène dans sa chambre et la fait s'allonger sur son lit. Lentement, elle caresse ses cheveux telle une maman qui voudrait faire dormir son enfant.
— Shht, murmure Sarah. On est là. Ça va aller.
Les minutes passent et le regard de Kamilia ne change pas. Au fond d'elle, tout ce qu'elle souhaite, c'est se réveiller et se rendre compte que tout cela n'est rien d'autre qu'un cauchemar.
— Kam, tu ne peux pas rester ici, c'est un carnage et en plus, c'est dangereux. Viens à la maison, propose la grande brune.
— Je... Peux... Peux pas, marmonne Kamilia pour la première fois de la journée.
— Si, votre chambre est restée telle qu'elle était, tu pourras rester autant que tu voudras. On s'occupe de votre loyer et de vos factures le temps que ça s'arrange, propose Kieran.
La jeune femme n'accepte pas mais elle ne refuse pas non plus. Elle s'assoit, toujours dans le même état, voyant ces deux individus pourtant redevenus de simples connaissances faire ses valises et les emmener. Lorsque tout est prêt, Sarah revient vers Kamilia, l'aidant à marcher comme si elle n'y était jamais arrivée de sa vie. Toutes les deux entrent dans la voiture de Kieran qui les attend déjà au volant.
Le trajet semble irréel pour Kamilia, tout comme le reste de la journée. Quelques dizaines de jours avant cela, elle vivait une relation presque parfaite avec un homme qui lui semblait être parfait. Elle avait également une belle sœur devenue comme sa propre sœur mais surtout, une amitié avec Jean digne de films. Aujourd'hui, rien de tout cela n'existe. Levi n'a toujours pas donné de nouvelles et Amy, elle, n'est probablement pas au courant de ce qu'il s'est passé.
Enfin arrivés sur place, Kamilia est assez heureuse de retrouver temporairement son ancienne grande habitation. Elle peine à marcher seule mais monte directement dans la pièce qui est restée sa chambre.
— Si tu as besoin de quoi que ce soit, on est là, dit Kieran en déposant les affaires de la jeunette dans la pièce.
Alors que ce dernier s'apprête à fermer la porte pour laisser de l'intimité à Kamilia, celle-ci semble chuchoter de manière à peine audible des mots à son ancien ami.
— Merci.
Ce dernier rouvre la porte, peu sûr de ce qu'il a entendu.
— Merci ? Répète-t-il sous forme de question.
— Merci pour tout.
Ces mots étant presque les seuls que Kamilia ait pu sortir de la journée, Kieran n'hésite pas une seconde et la prend dans ses bras.
— On est désolés que ça soit arrivé à des gens extraordinaires comme vous. Vous ne le méritez pas. Tout comme on ne vous méritait pas, s'excuse le jeune homme.
— Kieran... C'est pas de votre faute si on a pas la même façon de vivre et les mêmes moyens. Ça nous a séparé, c'est la vie, c'est comme ça. Merci d'avoir répondu présent malgré les conditions dans lesquelles nous nous étions quittés.
Ce moment, bien que court, fait tout de même du bien à nos jeunes redevenus amis. Sarah quant à elle, vient d'entendre toute la conversation et ne semble pas vouloir les déranger. Elle reste donc derrière la porte quand soudain, le portable de Kamilia vibre.
— Allô ? Dit la concernée en décrochant. Oui, c'est bien moi, comment va mon ami ? Dites-le moi s'il vous plaît !
Quelques secondes de silence s'installent alors que l'appel se termine. Kamilia lâche son portable et là, elle craque. Cependant, ce qui est étrange, c'est que dans ses larmes semble apparaître un léger sourire.
— Kam ? S'inquiète Kieran.
— Kam ! Alors ? Redemande Sarah en sortant de sa cachette.
La jeune femme essuie ses yeux et en les rouvrant, un sourire nerveux réapparaît sur son visage.
— Il est vivant, dit-elle avant de pleurer à nouveau toutes les larmes de son corps.
Jean est vivant. Aussi fragile que cette information puisse paraître, elle est tout ce dont la jeune femme avait besoin pour redonner une chance à la vie.
— Il est vivant... Il est vivant, répète-t-elle encore sous le choc.
— Ah oui ? Et il est où ? Dans quel hôpital ? Demande Sarah dans un élan d'espoir.
— L'hôpital de Bois Madame, c'est un hôpital privé. Ils m'ont dit que le mette dans le public serait trop dangereux, explique-t-elle.
— Alors on y va, ordonne Sarah.
Ni une ni deux, tous se dirigent vers la voiture en mettant le GPS vers le dit hôpital.
— C'est à une heure de route, annonce Kieran.
Sur le chemin, Kamilia s'effondre de fatigue. En se réveillant, elle se rend compte qu'ils sont déjà arrivés. Ouvrant les yeux, ils sortent de la voiture et se dirigent vers l'entrée.
— Bonjour, disent-ils en même temps à la dame à l'accueil.
— On est venus voir Jean Yena, continue Kamilia.
— Chambre deux cent quarante cinq, troisième étage, annonce la dame.
À peine sa phrase terminée, Kamilia court. Elle court si vite qu'elle en oublie sa propre douleur. Les numéros de chambres défilent sous ses yeux alors qu'elle sort à peine de l'ascenseur.
— Deux cent quarante-deux, deux cent quarante-trois, deux cent quarante-quatre, deux cent quarante... Cinq...
Devant la porte, elle respire un bon coup avant d'ouvrir de toutes ses forces.
— Jean ?! Elle s'écrie.
Un rayon de soleil vient illuminer sa vie lorsqu'elle voit sur le lit, son meilleur ami tourner la tête dans sa direction, un grand sourire scotché sur son visage. En une fraction de seconde, elle se retrouve sur le lit avec lui, le serrant de toutes ses forces dans ses bras.
— Jean... Jean... Répète la jeunette en pleurant de soulagement.
— Shht. Je suis là maintenant. Je... Suis...
La phrase de Jean semble s'arrêter avant de pouvoir être finie. Kamilia hausse la tête vers lui et là, son monde s'écroule à nouveau.
— Il... Il... elle bégaie tant elle est affolée. Il ne respire plus ! Appelez quelqu'un !
Les machines commençant à sonner font venir en quelques secondes à peine les médecins et infirmiers chargés de lui. Ils se préparent en moins de cinq secondes et là à nouveau, Kamilia revit le même drame.
— Faites sortir tout le monde, ordonne un médecin.
— On est en train de le perdre.
— Massage cardiaque.
La même scène, d'autres médecins, mais toujours la même spectatrice au premier rang. À nouveau, elle le perd sous ses yeux. Elle espère encore et encore. Elle ferme les yeux, baisse la tête et prie pour qu'il s'en sorte. Mais malheureusement, ses prières n'auront pas suffit.
— Oh non... Kam... marmonne Sarah en regardant ce qu'il se passe.
En levant la tête, ils peuvent entrevoir par la baie vitrée que les médecins ont tout arrêté. L'un d'entre eux se dirige vers la porte et sort, commençant à parler à nos jeunes amis.
— Mesdames, monsieur, je suis désolé. Nous n'avons rien pu faire de plus.
Pour là énième fois depuis la veille, Kamilia se retrouve à genoux au sol. À nouveau, elle n'entend plus rien. Tout autour d'elle semble flou. Elle peut juste entendre crier son prénom au loin, alors qu'elle a l'impression de mourir.
— Kamilia ? Kamilia !
Et là, elle ouvre les yeux.
— Kamilia ? Demande Sarah. Ça va ?
En regardant autour d'elle, elle se rend compte qu'elle est encore dans la voiture.
— On est désolés, il y a eu beaucoup d'embouteillages sur la route nationale, il y avait un accident. On est bientôt arrivés, explique la grande brune.
— Ça va ? T'as l'air toute pâle, constate Kieran.
— Oui ça... Va. Juste un cauchemar.
En prononçant cette phrase, Kamilia est mitigée. Elle est d'une part soulagée que cela n'ait été qu'un cauchemar, mais quelque part, elle craint le pire. Les quelques minutes restant dans la voiture la poussent à cogiter encore et encore. Puis, vient enfin le moment. Ils sortent de la voiture un à un puis, en attendant que Kieran paie pour la place de parking, les filles se dirigent ensemble vers le hall d'entrée.
— Ça va aller ma belle. D'accord ? Dit Sarah pour la rassurer.
Kamilia hoche la tête de haut en bas et trouve enfin le courage de demander des renseignements à l'accueil.
— Bon- Bonjour. Vous savez où se trouve Jean Yena, admis dans la nuit de hier à aujourd'hui ?
— Bonjour, je vérifie cela, répond la gentille dame. Alors monsieur Jean Yena se trouve dans la chambre deux cent douze au deuxième étage du bâtiment G. Suivez les panneaux qui se trouvent dans les couloirs.
— Merci madame. Bonne journée.
La distance qui sépare Kamilia se son meilleur ami diminue. Elle marche sans même savoir dans quel état elle va le trouver. L'ascenseur monte et en sortant, le décompte commence. Deux cent neuf. Deux cent dix. Deux cent onze et enfin...
— Deux cent douze, marmonne-t-elle en arrivant devant la porte.
Un moment de doute s'installe mais finalement, elle n'en peut plus d'attendre. En ouvrant la porte, elle entend la machine qui aide Jean à rester en vie. Le bruit de cette machine lui brise le cœur mais la chose lui faisant encore plus mal, c'est de voir son ami encore les yeux fermés.
— Bonjour mesdames, dit un homme qui semble être un infirmier, debout à côté du lit. Je peux vous aider ?
— C'est mon meilleur ami. Comment il va ? Demande Kamilia.
— Pour le moment son état est stable, mais il a perdu bien trop de sang. Voilà pourquoi il ne s'est toujours pas réveillé. Il lui faudra bien du temps pour pouvoir guérir, la balle a traversé son corps. Par chance, elle est ressortie mais elle a touché des org...
Là, Kamilia écoute attentivement, chaque mot qui sort de sa bouche et qui lui fait l'effet d'un coup de couteau à chaque fois. Elle comprend que son ami ne sera plus jamais le même au réveil et qu'il sera bien plus traumatisé qu'elle ne l'ait été après son agression.
— En tout cas, je vous laisse. On prendra bien soin de lui, dit-il pour rassurer les deux jeunes filles.
Sarah s'approche de Kamilia, lui faisant un câlin puis un bisou sur le front avant de s'éloigner.
— Je t'attend dehors avec Kieran, d'accord ? Elle lui indique gentiment.
— Merci pour tout, répond Kamilia.
Enfin, elle se retrouve seule avec son ami. Le voir dans un tel état lui déchire son petit cœur. Elle soulève sa couverture et constate le carnage. Un énorme pansement au ventre, un autre au niveau de son épaule.
La jeune femme pleure de soulagement mais à la fois aussi de haine, de rage et de dégoût. Mais ce qui lui fait bien plus mal, c'est qu'elle est seule pour traverser cette épreuve. Pas de Levi. Pas d'Amy. Pas de parents. Les personnes qui comptent le plus pour eux ne sont pas là.
"Rentrez, je pense rester ici quelques jours. Merci pour tout. Je vous tiens au courant."
Après avoir envoyé ce message à Kieran et Sarah, elle peut enfin fermer les yeux, assise sur le canapé dans la chambre d'hôpital de son ami. Elle ferme les yeux tout en sachant que lorsqu'il ouvrira les siens, plus rien ne sera jamais comme avant.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Coucou mes petits lecteurs adorés 🥰
Je suis presque à la fin de la réécriture et je dois avouer que je préfère ce format comparé à l'ancien, je trouve que ça fait vraiment livre papier 🥰
Les choses vont se corser pour notre chère Kamilia 😱 Alors, va-t-elle surmonter cette épreuve ? Va-t-elle craquer et finir par tout révéler à son ami ? D'ailleurs, réussira-t-il à s'en remettre ?
Bonne lecture mes loulous ❤️
VOUS LISEZ
You&Me ( Tome 1 ) : That's who I am
FanfictionDans un univers parallèle, Kamilia Flyn est une jeune femme étudiante vivant une petite vie tranquille avec son groupe d'amis. Sa vie bascule soudainement lorsqu'elle rencontre un jeune homme qui va changer sa vie. Très vite, ils vont se rapprocher...
