Singulier - [Terminé]

Chapitre 7 - Iris

Sur ces mots, je pris la direction du couloir et rejoignis Steven. Je tournais à gauche  et avançais dans le couloir orange. Les portes bleues se succédèrent jusqu'à ce que j'arrive à la porte la plus éloignée : celle de la chambre de Steven.

Je toquais doucement deux coups, puis entrais. Steven me tournait le dos, regardant ses mains, le dos avachis.

-Tu viens encore m'humilier Haychen ou t'as eu ta dose ? cracha-t-il.

Je ne répondis pas. Il se retourna.

-Ah, c'est toi.

Lorsqu'il m'aperçut, il me tourna à nouveau le dos. J'essayais de ne pas le prendre pour moi. Je refermais la porte derrière moi, contournais le premier lit, puis m'assis dessus. Un silence s'étira entre nous. Je le laissais nous envelopper.

-J'ai appris pour ta maladie. Tu ne finiras pas en fauteuil roulant.

Un ricanement sarcastique s'échappa de sa bouche.

-Ah oui ? Qu'est-ce que t'en sais ? Tu me recraches ton cours de 1ère S ou ton diagnostique inné ?

-Tu as raison. Je n'en sais rien. Je n'ai même pas fais 1ère S. J'étais trop nulle pour ça.

Je pris une inspiration puis ajoutais, soupirant.

-Ce que je sais c'est que tu ne mérites pas ça. Qu'aucun de vous ne mérite ça. Hélio, Lucie, même Haychen ne mérite pas ça. Même si il faut l'avouer c'est un sacré con, celui-là!

Steven pouffa de rire.

-Ils ne méritent pas ça, affirma-t-il, le dos voûté.

-Non. Et toi non plus. S'il y a un traitement et qu'il est trop cher ...

-Il n'y a pas de traitement. Je vivrais en fauteuil roulant et je n'aurais que mes yeux d'encore valides pour voir mes muscles s'atrophier. Pas mal, comme vie, non ?

Face à mon silence, il ajouta, en colère.

-Un  garçon sur trois mille cinq cent. Et j'ai été touché par cette merde. Myopathie de Duchenne, quelle connerie ! Utiliser des mots compliqués pour enjoliver la réalité. L'espérance de vie est de trente ans. Quarante ans si t'as de la chance. Moi j'en ai dix-sept, je devrais déjà être en fauteuil roulant. Je suis chanceux, n'est-ce pas ? Peut-être devrais-je prendre un ticket de loto, qui sait ? 

 A vingt ans je commencerai à avoir besoin d'une assistance respiratoire, et tu connais la suite.

Mon cœur se serra. Pourquoi ce sont toujours les meilleures personnes qui sont le plus abîmées par la vie ?

-J'ai un gène, le DMD qui ne fonctionne pas ou pas comme il faudrait. C'est con parce que c'est le gène qui permet à mes cellules de créer la protéine dystrophine nécessaire pour  créer du muscle. Il n'y a pas de traitement. Les muscles se dégradent et tu n'as plus assez de forces pour porter ton propre poids.

Ses épaules s'affaissèrent et son visage s'assombrit. Prise par un élan de compassion, je me levais, m'approchais de son lit, et m'assis dessus, devant lui.

-On va trouver une solution. Il y a toujours une solution,.

Son regard se leva vers moi, et j'y vis son abattement, sa peur de mourir et son besoin d'être rassuré. J'ouvris mes bras et le fis basculer dans les miens. Ses muscles se crispèrent à mon contact, surpris. Puis, il s'apaisa, et posa sa tête sur mon bras.

-Tu sais Steven, Dieu envoie les pires épreuves à ses meilleurs soldats.

Je repris après un moment de silence :

-Et puis, si c'est ce qui t'inquiètes, être en fauteuil roulant ne t'empêchera pas de draguer des filles. Je suis sûre que ça ne les dérangera pas !

Steven pouffa de rire contre mon épaule.

-Et puis, si elles sont méchantes, t'auras qu'à leur rouler dessus, tu pars en roue libre.

Ses épaules se secouèrent d'un rire muet. Tout doucement, ses muscles se décrispèrent. Et nous restâmes comme ça, un long moment. Lui dans mes bras, moi caressant ses cheveux, le sourire aux lèvres. 

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Heyooo!

On se retrouve pour le chapitre 7 de Singulier, alors que pensez-vous de la relation Steven et Iris, et des orphelins ? 

J'ai hâte de vous poster la suite, elle arrive très bientôt, c'est promis. 

N'hésitez pas à me donner votre avis, je l'écouterais avec plaisir. 

A très vite, 

Lionagle